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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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réaction exaspérée, visible de tous, à Oman, lorsqu’il a appris l’arrivée de Habache sur le sol français.
    Raymond Barre ? Jacques Delors ? Qui va arriver à Matignon après les cantonales ? Elle hésite : elle redoute, je le vois bien, beaucoup plus Barre que Delors.
     
    Après avoir longtemps condamné le communisme sous toutes ses formes, Marie-France Garaud, tailleur noir Chanel, chignon strict, éclatante, stigmatise aujourd’hui l’Allemagne et le traité de Maastricht. Elle travaille elle-même, avec René de Lacharrière, à un livre collectif sur l’Europe, ou plutôt nettement contre.
    23 mars
    Hier, élections régionales 19  : PS autour des 20 %, comme prévu. Le RPR et l’UDF sont largement devant, sans toutefois faire un score historique. L’événement est la double émergence du Front national et des Verts 20 .
    Au premier tour des cantonales, concomitant à l’unique tour des régionales, la défaite de la gauche est encore plus rude.
    Et surgit donc, ou plutôt resurgit, le problème du changement de mode de scrutin. Les projections de la Sofres montrent à quel point le système majoritaire favorise désormais l’opposition, et comme la représentation proportionnelle favorise... l’ingouvernable !
    Le jeu se resserre pour Mitterrand, lequel ne dit rien, ce soir. Peut-être ne tirera-t-il aucune leçon de cet échec, qu’il pressentait, du PS. Si leçon il y a, le renouvellement du gouvernement me semble s’imposer : de Jospin à Joxe, de Bianco à Guigou en passant par Édith Cresson elle-même, les ministres sont tous en mauvaise posture aux cantonales.
     
    Le moral est à zéro du côté du pouvoir. Mais aussi, je m’en aperçois, du côté de l’opposition. Je rencontre Alain Juppé dans le salon de maquillage : il a dû renoncer à ce qu’il désirait, en ce moment, le plus violemment au monde : la présidence de la région Île-de-France. Explication : le RPR et l’UDF n’ont pas obtenu assez de sièges, des négociations seront donc nécessaires avec tout ce que l’opposition compte de divers droite ou de modérés. Chirac juge que le secrétairegénéral du RPR n’est pas bien placé pour conduire les tractations avec les élus régionaux, qu’il ne peut surtout pas se permettre de se faire battre. Voilà pourquoi il a demandé le retrait de sa candidature à la présidence de l’Île-de-France, et a avancé la candidature de Michel Giraud 21 .
    Alain Juppé en paraît très affecté. En bon soldat, il est tout de même venu sur le plateau de TF1, la mort dans l’âme, dire que la décision avait été douloureuse à prendre, certes, mais qu’il l’avait prise tout seul.
    23 mars
    De l’autre côté de l’échiquier politique, à gauche, l’atmosphère est trouble, faite de lamentations et de trahisons. L’heure, pour le second tour des cantonales, n’est pas à la mobilisation contre l’adversité ou les adversaires ; elle est au contraire à un règlement de comptes généralisé. Chacun y va de son petit mot assassin pour liquider l’autre.
    Bérégovoy se plaint : « C’est notre amie Édith Cresson qui nous a amenés là ! » – comme s’il ne savait pas que la dégringolade avait commencé bien avant. Il faut dire qu’elle n’a rien arrangé.
    Le Président n’a cessé, en regardant la soirée électorale, dimanche – Jack Lang me le dit –, de s’irriter contre le Parti socialiste.
    Strauss-Kahn demande à passer à l’antenne, puisque Lionel Jospin, en difficulté en Haute-Garonne, n’est pas en mesure de le faire.
    Au soir du premier tour des cantonales et du tour unique des régionales, Édith Cresson, sur TF1, a lancé avec entrain des appels à l’unité de tous et au caractère de chacun.
    Pourtant, Jean-Louis Chambon 22 , que j’appelle pour savoir si elle sera présente aussi sur le plateau pour le second tour, me répond d’une phrase sibylline : « Je ne suis pas sûr qu’après le deuxième tour des cantonales, le débat ne soit pas d’une autre nature ! »
    Autrement dit, après les cantonales, elle devra peut-être s’en aller...
     
    Interrogation, dans le milieu politique, sur l’avenir de Le Pen. François Léotard quitte le plateau lundi soir après un débat avecJuppé et Lang. Il me fait part, dans les couloirs, de sa certitude : Le Pen a fait 14 % des voix dans un scrutin où il avait le plus de chances de draîner tous les mécontentements.
    « C’est clair, dit Léotard, il

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