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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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s’emporte : « Au poste où vousêtes, je ne peux pas vous empêcher de faire cela. Mais ne m’en parlez plus jamais ! »
    Il n’en a plus jamais reparlé.
     
    Pendant que j’écris ces lignes, arrive, tandis que tombe la liste des présidents de région élus, la stupéfiante nouvelle : Jean-Pierre Soisson en Bourgogne et Jean-Marie Rausch en Lorraine ont été élus. Ahurissant : l’arithmétique montre qu’ils n’ont pu l’être qu’avec l’apport des voix du Front national. Pour deux ministres dits d’« ouverture », la chose ne manque pas de sel !
    Rausch plaide le premier : non, il n’a pas eu les voix du FN. Au contraire, le FN local avait appelé à voter pour Gérard Longuet. L’annonce a fait fuir, dixit Rausch, les élus UDF, qui, quittant Longuet, ont préféré voter pour lui, Rausch. Passe pour cette explication, appuyée par les élus du FN qui jurent eux-mêmes n’avoir pas voté Rausch.
    Pour Jean-Pierre Soisson, dans la région Bourgogne, l’affaire est impayable : il ne s’est présenté qu’au troisième tour, prenant la place du socialiste André Billardon. Dominique Perben, RPR, n’a pas perdu une seule voix entre le deuxième et le troisième tour de scrutin. Au troisième tour, Jean-Pierre Soisson réunit l’ensemble des voix socialistes, verts, gauche modérée, etc. plus deux voix ! D’où peuvent venir ces deux voix ? De deux élus du Front national. Soisson nie les faits : il fait valoir qu’il est tout à fait possible que deux électeurs de Perben aient voté pour lui, Soisson, au troisième tour, et que deux élus du FN aient voté Perben dans le même temps et sans se concerter.
    Difficile à croire !
    Une première fois, vers 19 heures, Édith Cresson demande que « partout où subsiste un doute, il soit procédé à un nouveau vote ».
    Soisson s’accroche d’autant plus qu’il sent la gauche condamnée et le gouvernement sur sa fin. Il dit qu’« il y va de son honneur ».
    28 mars
    Édith Cresson a mis fin à la polémique avec Soisson : elle l’a débarqué du gouvernement. Elle voulait faire la même chose avec Rausch : c’est Mitterrand qui l’en a empêchée. Il est vrai qu’en Lorraine, les choses sont moins claires.
    Lundi 30 mars
    Lendemain d’élections (second tour des cantonales) pénible. La gauche se lève avec la gueule de bois. Mitterrand est, paraît-il, accablé. Hier soir, dimanche, au moment où, vers 20 heures, Jean Poperen quitte l’Élysée où il est venu prendre ses consignes pour s’en aller faire un tour dans les médias, il demande à Mitterrand s’il doit revenir après son passage sur les écrans.
    « Non, lui répond Mitterrand, j’ai une réunion de famille. »
    Un instant, Poperen – c’est lui qui me le confie, ce matin – pense que Mitterrand va consulter Danielle et Christine 25 sur une éventuelle démission ! Mais il n’a pas retenu longtemps cette éventualité...
    Ce matin, il a rencontré Édith Cresson et celle-ci ne lui a pas caché que son propre départ était imminent. Qui la remplacerait ? Hier, on parlait de Jack Lang ; aujourd’hui, ce serait plutôt Bérégovoy qui tiendrait la corde. En tout cas, les choses ne se passeront pas dans l’après-midi, plutôt demain dans la matinée.
    Béré est donc le favori. Quant à Lang, c’est Jean-Louis Chambon qui colporte l’histoire, et la rumeur de son arrivée à Matignon court toujours.
    Pendant ce temps-là, pas de président élu dans la région Nord ni en Haute-Normandie.
    31 mars
    La soirée de lundi à mardi a été le point culminant de la débâcle. En Haute-Normandie, Antoine Rufenacht a finalement été élu contre Fabius avec les suffrages des élus du Front national, qu’il a immédiatement récusés. Ce qui donnait, dans le décompte final, abstraction faite des voix des élus du Front, égalité absolue entre Fabius et lui.
    Rufenacht a alors fait valoir le bénéfice de l’âge. Le voici donc président de Haute-Normandie. Laurent Fabius apparaît devant les caméras, tout de suite après la désignation de son adversaire, blanc comme un linge, les yeux cernés, pour contester l’élection. Il demande un nouveau vote que lui refuse Rufenacht.
     
    Cette nuit, la comédie a continué dans le Nord. Face à la volonté des communistes de se maintenir, Michel Delebarre a choisi de se retirer pour la candidate des Verts, une Verte bon teint, verte jusqu’au bout des ongles, militante depuis des

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