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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Prime de 5 000 francs pour ceux qui se débarrassent de leur vieille voiture, allègements de l’impôt sur le revenu poursuivis l’année prochaine, remise à plus tard des économies sur la Sécurité sociale, pas de baisse du livret A : tout baigne ! Le sang et les larmes, ce sera pour la prochaine fois...
    3 février
    Flash sur Pierre Méhaignerie 9 . Il a décidé, ce que n’a jamais fait aucun garde des Sceaux avant lui, de laisser faire le juge Van Ruymbeke, lequel est en train d’enquêter sur le financement du Parti républicain, l’une des composantes – comme le CDS qu’il préside – de l’UDF. On s’aperçoit à cette occasion que les « affaires » ne connaissent pas de trêve. Quand le PS était au pouvoir, les foudres judiciaires s’abattaient sur lui. Aujourd’hui, le RPR et l’UDF sont aux commandes et c’est à leur tour de recevoir les juges.
    Il a bien du courage, Pierre Méhaignerie, derrière ce qui peut passer, quand on ne le connaît pas beaucoup, comme moi, pour de l’indolence, voire de l’indifférence. Les dirigeants de l’UDF sont stupéfaits, et furieux de son attitude. Quoi, un garde des Sceaux qui accepte l’indépendance de la Justice, qui ne s’oppose pas à une enquête diligentée contre un parti dont il a été – est toujours – un dirigeant ? Où va-t-on, je vous le demande !
    Le trésorier du PR devra donc s’expliquer sur l’origine des 30 millions de francs remis en liquide sur les différents comptes bancaires du PR, sans oublier une commission de 4 millions de francs en marge de je sais quel accord avec Pont-à-Mousson. Il me semble que tout le monde devrait féliciter Méhaignerie d’avoir pris cette décision. Chez ses amis de la majorité, on lui ferait plutôt la tête... Comme quoi, malgré l’expression toute faite, un centriste n’est pas forcément un « ventre mou »... Je ne suis pas sûre qu’on lui en sache gré dans les milieux politiques.
    4 février
    Coup de tonnerre là où ne l’attendait pas : les marins-pêcheurs entrent en rébellion contre le gouvernement. Quand je dis « rébellion », je veux dire que la violence a été extrême dans les rues de Rennes. Personne, en tout cas pas à Matignon, ne s’attendait à ce que les choses dégénèrent aussi vite, d’autant moins que Balladur avait fixé rendez-vous dans la semaine aux meneurs pour une négociation sereine. La méthode Balladur, ça n’est donc pas pour les marins-pêcheurs.
    5 et 6 février
    Les Assises de la transformation sociale ont eu lieu ce dimanche à la Maison de la Chimie. Elles s’inscrivent à la toute première place dans la stratégie de Michel Rocard pour la présidentielle de 1995. Ils’agit aujourd’hui de fédérer la gauche, de redonner non seulement le moral, mais aussi un contenu idéologique aux grands perdants de 1993.
    Ce n’est pas par hasard ni par commodité que leur organisation a été confiée à Lionel Jospin 10 dont c’est le retour dans les instances dirigeantes du PS. Lionel Jospin incarne la gauche du parti. Il a au surplus la conviction qu’il faut trouver à la gauche d’autres partenaires que les communistes : ainsi les Verts, plus modernes, les organisations situées plus à gauche, comme la Ligue communiste révolutionnaire, sans oublier les mouvements féministes et autres associations revendicatives.
    De ce point de vue, Jospin s’est démené : les Assises sont une réussite. Venus d’horizons différents, ils sont arrivés tôt, le dimanche matin, pour participer aux débats dans une salle nue que la table centrale, recouverte de gris, paraît assombrir davantage encore. Je croise Claude Poperen, communiste, frère de Jean, un peu égaré dans cette sorte de kermesse de la gauche qui doit le changer des congrès communistes ; Olivier Stirn, très à l’aise ; André Lajoinie, qui s’irrite en entendant l’un des orateurs parler de l’union politique de l’Europe. D’autres encore apparaissent par vagues successives en fin de matinée : le radical François Doubin 11  ; Harlem Désir 12  ; Henri Emmanuelli fait son apparition vers 11 heures, suivi de Louis Mermaz et de Jean Guidoni 13 , proche de Chevènement. Enfin, Michel Rocard apparaît à 11 h 30 et s’assied modestement dans un coin de la salle.
    Les Assises sont réussies puisque tous les courants de la gauche sont là, des communistes jusqu’aux radicaux.
    Les orateurs se succèdent à la tribune. Beaucoup de

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