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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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D’abord ressouder les socialistes, ce qui a été fait au congrès du Bourget, l’année dernière. Réveiller la gauche : c’était le sens des Assises de la transformation. Tout cela pour « donner des ailes » à sa future campagne présidentielle.
    Pour Rocard, ces Assises n’étaient donc qu’une étape. « Importante, me dit Carcassonne, parce qu’il y a six mois encore, ces gens-là se crachaient à la figure. » Une simple étape, néanmoins : la mobilisation doit suivre, avec des comités de pilotage, des séminaires, des rencontres, partout en France, sur des questions concrètes comme l’école publique, par exemple, ou la présence du social dans la politique. Cela, autour de Rocard, contrairement à ce qui s’est passé au cours des Assises de la transformation qui n’ont pas été faites pourl’adouber, mais pour réunir les différentes composantes de la gauche, le temps d’une journée.
    Je ne trouve pas Carcassonne très optimiste sur les différentes élections qui doivent avoir lieu dans l’année : « Les cantonales, m’explique-t-il, seront particulièrement ardues. Car les chiffres obtenus par la gauche en 1988 étaient très élevés. La comparaison avec ceux que nous obtiendrons en mars 1994 sera donc d’autant plus ingrate. Nous sommes certes sortis du purgatoire, ajoute-t-il, la chute est enrayée, mais nous sommes encore très loin des marches du paradis. »
    Son analyse est que Balladur n’est pas sur le déclin et ne le sera pas avant le mois de septembre. « Pour le reste, les Français sont malins. Ils nous ont “jetés” en 1993, parce que nous nous sommes mal conduits. Mais cela ne les conduit pas pour autant à penser que la gauche est foutue. »
    Nous parlons des européennes qui seront, à n’en pas douter, l’épreuve de vérité pour Michel Rocard au printemps prochain. Bernard Tapie est décidé à se présenter, quoi qu’il arrive. Bernard Kouchner se tâte. « Il a un capital de départ, certes. Il n’est pas dit que, dans la compétition, le jour du scrutin, il progresse beaucoup : il part à 8 %, il risque d’arriver à 5. Ce n’est pas le cas de Le Pen qui part avec un petit capital, certes, mais qu’il peut faire fructifier, car il a derrière lui un parti et des militants. »
    Je lui demande ses pronostics sur ces européennes. Il imagine un total droite (RPR-UDF-FN) de 51 à 53 %, un total gauche (PS-PC) en deçà de 35 %, et 15 % pour les autres petites listes. Il hésite, puis finit par me livrer sa prévision pour le PS : Rocard se fixe le chiffre de 20 %. « Au-dessous, c’est un échec. Au-dessus, c’est le bonheur. » Et après ? « Cela dépend du score. Si nous atteignons l’objectif des 20 %, la feuille de route est claire : l’élection de 1995. »
    Et si cet objectif n’est pas atteint ? Pas de réponse à cette question démobilisatrice. On verra alors ce qui se passera.
    À propos des thèmes de la campagne, fait important : il prend le contrepied absolu de l’Europe telle que l’a voulue Mitterrand. « Toute la politique européenne que Mitterrand a conduite, m’explique-t-il, a été l’alignement sur les pays les plus libéraux des Douze. Chaque pas en avant de la Communauté était payé par une renonciation à des thèmes socialistes et même sociaux-démocrates. Il nous faut maintenant dire qu’une autre Europe est possible. »
    Reste la présidentielle au bout des dix-huit mois qui viennent. Que Chirac soit seul candidat à droite ou que Balladur et lui soient en même temps candidats de la droite, pour Carcassonne cela ne change pas grand-chose : « La droite a toujours été divisée ; mettons que nous gagnerions deux points au premier tour en cas de division. »
    Martine Aubry, numéro 2 sur la liste européenne ? « Cela ne dépend que d’elle, à condition qu’elle se relooke un peu sur l’Europe où, pour beaucoup de Français, elle incarne Maastricht, qui n’est pas la nouvelle Europe que nous voulons construire. »
    Et Jack Lang, qui amorce une remontée en flèche : ira-t-il jusqu’aux européennes, envisage-t-il la présidentielle ? Carcassonne lève les bras au ciel. « Quousque non ascendet » , dit-il, fataliste et rigolard à la fois.
    16 février
    Deux mots pour comparer les pronostics de Bazire à ceux de Carcassonne. Chacun aborde les choses à sa manière en commençant par son propre camp.
    Calcul de Bazire : la liste Chasse et Pêche obtiendra aux

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