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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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alentours de 5 % des voix, Le Pen de 12 à 15 %, ce qui, additionné, représente dans les 20 % des voix. Restent 30 % à se partager à droite. « Moins de 30 %, conclut-il, ce n’est pas un bon score. S’il y a au surplus deux listes, l’éparpillement des voix à droite sera encore pire. »
    Calcul de Carcassonne pour la gauche : « La droite plus le Front national : 52 à 54 % des voix. Les autres listes totalisent 15 % des suffrages. Reste 35 % pour le PS et le PC. En deçà de 20 %, Rocard aura échoué. »
    17 février
    Déjeuner à l’Élysée avec le général Guignon. Sur l’ultimatum serbe 15 , Guignon dit des choses très intéressantes. D’abord, les plans de l’artillerie serbe dont disposent les alliés sont bons, mais peuvent être dépassés en une nuit. « Pendant la guerre du Golfe, raconte-t-il, Saddam Hussein ne s’est pas donné beaucoup de mal pour camouflerses scuds : il les a placés sous les ponts des autoroutes. Eh bien, pas un seul SCUD n’a été détruit par un avion allié ! »
    Secundo : il y aura de la casse chez nous, car les Serbes sont en mesure d’abattre des avions de l’OTAN : « Je me souviens, raconte-t-il, des premiers raids aériens en Irak, et de la tête qu’ont fait les pilotes lorsqu’ils ont vu, au retour, leurs avions criblés d’impacts de balles ! Donc, si les Serbes attaquent nos avions – et ils en ont la possibilité, car ils ont gardé toutes leurs armes d’artillerie lourde –, je peux vous garantir qu’ils feront des dégâts ! » Conséquence : les pilotes auront la réaction qu’ils ont eue en Irak ; ils monteront à plus haute altitude, et leurs frappes seront moins précises.
    Tertio : les Serbes peuvent se livrer, à terre, à des représailles contre les forces de l’ONU. Et celles-ci sont dix fois inférieures en nombre à ce qu’il faudrait pour mener une opération de ce genre. « Nous sommes un là où il faudrait être dix. Il faudrait décupler nos effectifs, ce dont personne ne veut assumer la responsabilité. »
    « Dites-vous bien, explique-t-il, que, pour mener ce genre de combats, guerre civile et autres affrontements de rue, lorsque les Anglais envoient des militaires pour six mois, ils isolent leurs troupes quatre mois avant leur départ afin de les mettre en condition. Et, après leurs périodes d’engagement de six mois, ils les font décompresser quatre mois encore avant de les renvoyer à leur base d’origine. C’est dire la lenteur de la rotation de troupes ! »
    Conclusion du général : lorsque Giscard dit, à l’occasion d’un déjeuner-débat de la Revue des Deux Mondes , que « la frappe militaire est facile », qu’il « n’y a pas d’armée serbe », mais « simplement des brigands dans les montagnes », il se trompe lourdement !
     
    Après ces considérations du général Guignon, un peu plus tard au cours du déjeuner, le gros conseiller qui, à l’Élysée, suit les problèmes de la pêche revient sur le fort mouvement des marins-pêcheurs qui a éclaté la semaine dernière. Il révèle qu’une semaine avant que le conflit éclate, Mitterrand et lui ont rencontré dans un port de Bretagne les représentants des marins-pêcheurs. Ils ne l’ont pas ébruité de peur que la presse ou la majorité ne fassent reproche au Président d’avoir attisé le débat. Selon lui, l’erreur de Balladur a été de donner rendez-vous aux marins-pêcheurs à Rennes en leur laissant un délai de trois jours : « Cela leur a donné le temps de s’organiser sérieusement. À partir de là, les choses devenaient immaîtrisables. » Ce sont des commandos rassemblant quelque neuf cents personnes qui ontorganisé l’émeute de Rennes. « Car c’était bien une émeute, une révolte d’une violence inouïe : les neuf cents casseurs n’étaient pas dans la manifestation, ils agissaient parallèlement à elle ; c’est cela qui a fait leur efficacité. »
    Ce récit me laisse sans voix : pourquoi Mitterrand est-il allé rencontrer les marins-pêcheurs au moment – un peu avant ou un peu après – de l’échec de leur concertation avec Balladur ? Il n’y est certes pas allé pour son plaisir personnel ! Dans l’idée d’apaiser le conflit ? Alors, il aurait fallu le faire savoir. Non, il y est allé plus probablement pour montrer que Balladur et lui, en matière sociale, ça n’était pas pareil. Pour se différencier de son Premier ministre. Il ne peut

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