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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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un document faux, donc, mais qui n’a pu être établi qu’officiellement. Pourquoi le lui a-t-on fait sur mesure, ce passeport, de quels services émane-t-il ? L’a-t-on donné à Chalier parce qu’il pouvait faire tomber beaucoup de monde, y compris du côté de l’actuelle majorité ? Parce qu’il savait quelque chose qui devait rester caché à propos du fonctionnement du ministère Nucci ? Ou bien encore parce que, comme disent d’autres, il était franc-maçon, et, à ce titre, bénéficiait de je ne sais quelle impunité ? Parce qu’en période de cohabitation, il aurait été mal venu et mal interprété de poursuivre un ministre sortant, appartenant à l’équipe socialiste ? Chirac n’en dira mot 12 .

    13 février
    Décidément, la vie politique se déroule à la télévision. Il y a quelques années, je m’en souviens très bien, il suffisait de traîner ses guêtres à l’Assemblée nationale pour recueillir toutes les confidences souhaitées, interroger le héros du jour ou débattre longuement de la une du Monde .
    Aujourd’hui, « L’heure de vérité 13  » est devenue plus importanteque la tribune ou les coulisses du Palais-Bourbon. C’est là que Giscard, l’invité de cette semaine, a créé la surprise. Comment ? En proposant un référendum sur la réduction à cinq ans du mandat présidentiel. Il sait bien, le malin, qu’il divise profondément la majorité : Raymond Barre a dit depuis longtemps son hostilité à l’idée de dépecer la V e  République ; il juge qu’un mandat de sept ans est nécessaire pour qu’un président ait une légitimité d’un autre ordre que celle des députés. Michel Debré n’a jamais fait mystère de son attachement au septennat. La position de Jacques Chirac est nuancée. Sur le fond, il me l’a dit un jour, il n’est pas hostile à une réduction du mandat présidentiel, il trouve simplement que cette idée n’est pas opportune aujourd’hui.
    En avançant son idée à la télévision, Giscard avait dans l’œil un plaisir inouï : celui de troubler le jeu, celui de prendre date, celui d’empoisonner tout le monde. Je ne sais qui me disait l’autre jour que Giscard n’avait plus qu’un seul pouvoir : celui de nuisance.

    19 février
    Scène marrante, hier, au dernier Conseil des ministres. Passant du coq à l’âne, imposant le cours de ses réflexions aux ministres de la cohabitation, François Mitterrand balade son auditoire avec jubilation. Aujourd’hui, il a commencé par exprimer publiquement son profond désaccord sur le projet de loi proposé par le gouvernement sur la Nouvelle-Calédonie. Puis, sans reprendre souffle – et sans laisser les autres respirer –, il a enchaîné par un brillant exposé sur son arbre préféré, le hêtre. Ceux qui pratiquent un peu François Mitterrand savent que ce genre de tirade sur la végétation est habituel chez lui. Le hic , c’est que les ministres de la cohabitation ne le connaissent pas : ils ont été surpris, médusés, stupéfaits par l’art avec lequel le chef de l’État les a baladés de la Nouvelle-Calédonie à la forêt du Morvan.
    Mitterrand l’a raconté en riant à ses proches à l’Élysée qui me l’ont raconté à leur tour. Il exultait en en faisant le récit.
     
    Giscard, en revanche, a dû moins rire lors de la réunion du bureau de l’UDF, hier soir. Tout le monde lui est tombé dessus à propos de sa trouvaille sur la réduction du mandat présidentiel. « Pourquoi diable ne l’avez-vous pas fait pendant que vous étiez à l’Élysée ? » s’est exclamé Max Lejeune. « Parce que, à l’égard de mes partenaires du RPR, je n’avais pas alors la légitimité nécessaire pour faire passer une telle réforme », lui a répondu Giscard, pincé.
     
    Du nouveau aussi sur les Français et la cohabitation. Ils lui étaient favorables il y a neuf mois. Aujourd’hui, changement : 53 % d’entre eux, selon le sondage BVA- Paris Match de cette semaine, la condamnent. Le seul à en être vraiment satisfait, c’est une fois de plus Raymond Barre. Sylvie Dumait, sa fidèle assistante, me raconte que, de façon assez présomptueuse, mais assez drôlement, il cite l’Évangile : « Lui, dit-il [parlant de lui comme les évangélistes parlent de Jésus], passant son chemin, passait au milieu d’eux ! » Il est bien le seul aujourd’hui à trouver la route quand tous les chemins semblent ne mener nulle

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