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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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mois, nous étions tous inhibés par la cote de Balladur. Aujourd’hui, nous nous remettons à intéresser nos électeurs. Il y a un an, personne ne reprenait nos arguments, personne ne les entendait même. Aujourd’hui, nous recommençons à être écoutés. »
    3 mai
    Glavany péchait par excès d’optimisme. Je suis bien incapable de dire ce qui se passera à la présidentielle dans un an, mais je vois ce qui se passe pour les européennes de juin prochain. Je ne sais pas bien quel jeu joue l’Élysée.
    D’un côté, Mitterrand s’étonne – il a réuni ses principaux collaborateurs pour le leur dire – qu’on puisse prétendre qu’il « sabote » la liste Rocard 28 . Il célèbre le premier anniversaire de la mort de Bérégovoy, à Nevers, avec Michel Rocard à ses côtés. C’est Mitterrand lui-même qui a insisté pour poser avec lui devant les photographes.
    De l’autre, Bernard Tapie, dont la liste est toute fraîche, est reçu à l’Élysée. Mitterrand trouve absurde la décision de Michel Rocard d’accorder sur la liste européenne du PS autant de places aux femmes qu’aux hommes dans une liste qu’on baptise à l’Élysée du nom de « mille-feuille ». Et puis, surtout, les principaux protagonistes de la liste Tapie racontent dans tout Paris, en s’en vantant, qu’ils ont été désignés par l’Élysée pour y figurer.
    Deux fers au feu, comme toujours, Mitterrand ? Ou un pot de fer Tapie pour abattre le pot de terre Rocard ?
    5 mai
    Pas écrit cette semaine sur le fait que Chirac et Giscard sont tombés d’accord sur la tête de leur liste commune aux européennes : ce sera Dominique Baudis, qui présente le triple avantage d’être maire d’une grande ville, Toulouse, de connaître par cœur l’usage de la télévision, puisqu’il y a été présentateur pendant des années, et surtout de ne pas risquer de concurrencer Chirac, ni même – après tout, pourquoi pas ? – Giscard à la présidentielle.
    Les calculs présidentiels ne sont jamais loin, pour les uns comme pour les autres : Jacques Chirac a accepté que la tête de liste et son numéro 2 soient UDF. Pourquoi ? Parce que, s’il se présente en 1995, il aura besoin des électeurs UDF au second tour. Et qu’il veut pouvoir les enlever à Édouard Balladur, qui, dans les sondages, a leurs faveurs.
    Même jour
    Je pose à Tony Dreyfus la question qui me turlupine : quelles certitudes ont les rocardiens du double jeu de Mitterrand vis-à-vis de Tapie ? Ne sont-ce là que des racontars, ou bien ont-ils des preuves des coups bas élyséens ?
    Mon interlocuteur m’assure que les soupçons rocardiens sont au contraire tout à fait fondés, que la liste Tapie a été constituée sous le contrôle de Michel Charasse, dans son bureau, au premier étage côté droit de l’Élysée. Que Rocard en est certain. D’ailleurs, il me le dit, les choses en sont à un point tel qu’il est allé lui-même, il y a quelques jours, rendre visite à Michel Charasse pour tenter de mettre les choses au point 29 . Il a plaidé auprès de son interlocuteur que l’appui de Mitterrand à Rocard était une chose indispensable, qu’attendait le PS. Sa phrase exacte a été d’appeler Mitterrand à une « solidarité nécessaire » avec le candidat socialiste à la future présidentielle. Qu’est-ce que cela sous-entend, une « solidarité nécessaire » ?
    Cela veut dire que si Mitterrand faisait battre Rocard, s’il contribuait à installer un candidat de droite à l’Élysée en 1995, il porterait une lourde responsabilité devant l’Histoire. Et devant nos concitoyens.
    Résultat : la démarche a l’air d’avoir fait son effet, puisque, dès le lendemain, Charasse et Bennassayag ont fait le déplacement au QG de Rocard pour l’assurer du soutien présidentiel dans la campagne européenne. Dont acte...
    9 mai
    Je ne l’ai appris qu’aujourd’hui : il semblerait que Charles Pasqua ait mis sa démission dans la balance, avant-hier, au cours d’une séance de travail à huis clos avec Édouard Balladur et Nicolas Sarkozy, pour soutenir sa loi sur l’aménagement du territoire. Nicolas Sarkozy était l’un des plus hostiles à la réforme Pasqua, d’autant plus qu’il tient les cordons de la bourse et que l’ambition de Pasqua était grande. Eh bien, Pasqua ne s’est pas dégonflé : il a menacé de quitter le gouvernement. Sa décision avait l’air sincère, d’où l’arbitrage deBalladur en

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