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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ne soient pas du tout liées. Du moins le sont-elles dans la chronologie. Au surplus, si Mitterrand était contraint de renoncer au pouvoir, ou s’il disparaissait brutalement, ce que n’exclut pas le milieu politique, Édouard Balladur serait largement favori avec la cote de popularité qui est la sienne ; il aurait la légitimité la plus grande pour passer tout naturellement de Matignon à l’Élysée.
    En tout cas, à Lille, il y avait foule, pendant la visite du CHU. Pierre Mauroy, qui était là comme premier magistrat de la ville, m’a dit qu’il avait, feignant la surprise, posé la question à Chirac, hier : « Comment se fait-il qu’il y ait autant de monde ? – Devinez ! » lui a répondu Chirac, goguenard.
    4-5-6 novembre
    Congrès radical du Bourget. La salle est bleue et jaune. Derrière l’estrade, une affiche majestueuse : « Demain la gauche », y lit-on pour que tout le monde sache de quel côté penche le Parti radical. Lequel parti a pourtant choisi de profiter de ce congrès pour ôterle G du MRG et s’appeler Mouvement des radicaux, et non plus Mouvement des radicaux de gauche. Volonté politique ou médiatique ? Jean-Michel Baylet 52 était hostile à ce changement de nom, mais il a fini par l’accepter. Le mot « gauche » a donc changé de place : il est sur l’estrade, mais ne qualifie plus les radicaux.
    Dimanche matin, Jean-Michel Baylet préside. Bernard Tapie est finalement présent depuis 11 heures du matin. Il n’a pas voulu assister à toutes les journées du congrès, seulement à la dernière matinée. Sans doute faut-il voir là la trace d’un désaccord avec Jean-François Hory 53 , mais lequel ? Je le cerne mal : Hory serait partisan d’une candidature Tapie à la présidentielle ; Tapie, lui, ne le souhaiterait pas ou plus. Il craint sans doute d’obtenir moins de 10 % à la présidentielle. D’autant, expliquent certains des radicaux qui lui conseillent la prudence, que si Jacques Delors se décide, il peut recoller autour de lui toutes les nuances de la gauche, radicaux compris. Dans le cas où Tapie ne serait pas présent dans la campagne, Hory envisagerait de se présenter : cela, en revanche, aurait de quoi surprendre, car les chances de Hory et du Mouvement des radicaux seraient alors équivalentes à zéro.
    Dans la salle, de très nombreux observateurs socialistes – Maurice Bennassayag, Claude Bartolone... – suivent de près les travaux du congrès de ces radicaux qui ne sont plus « de gauche ». Autant l’Élysée, donc Mitterrand, souhaitait que Tapie fasse acte de candidature aux européennes, autant il lui demande d’être prudent et d’attendre encore pour la présidentielle.
    7 novembre
    Ce matin, Patrick Devedjian a jugé que la candidature de Chirac était un non-événement : « C’est surtout, a-t-il ajouté, une manière de refuser les primaires dont on voit bien qu’elles l’inquiétaient. » Même volonté de minimiser les choses chez Charles Pasqua : « Il y a déjà un premier candidat, me dit-il ; je ne doute pas qu’il y en ait d’autres. » Façon de ramener la candidature de Chirac à celle d’une candidature à la candidature.
    Dans la presse, Raymond Barre trouve encore mieux pour la ramener en dessous du niveau de la mer : « Il y a déjà six candidats, dit-il, cela en fait un de plus. »
    La presse reste dans l’ensemble sceptique : face à Balladur, pour la plupart des éditorialistes, Chirac ne fait plus le poids.
    Hier, le mot « primaires » était sur les lèvres de tous les adversaires de Chirac. Aujourd’hui, Balladur, en déplacement à Pau, a affirmé encore que « s’il est possible d’organiser des primaires en janvier pour choisir un candidat d’union de la majorité, il faut le faire ». Il continue de penser que Chirac se retirera ou se retirerait si des primaires organisées à la va-vite avaient lieu. Je suis convaincue que non. Comment ne l’est-on pas également du côté de Balladur ?
    J’appelle au Figaro Paul Guilbert qui a été, parmi tous les journalistes, le premier dans la confidence. Je lui demande son avis sur les chances de Chirac. Lui, sans surprise, y croit. Il voit Balladur plonger dès qu’il sera candidat, et Jacques Chirac monter, au contraire, dans les sondages qui portent aujourd’hui Balladur aux sommets. Il est un des seuls à penser cela. Moi, j’ai depuis longtemps le sentiment que Jacques Chirac a une force vitale, une force

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