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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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politique, aussi, une détermination sans égale. Je n’arrive pas à penser que tout cela puisse se traduire par un « non-événement 54  ».
    La même réaction d’incrédulité générale a prévalu, hier soir, après le passage de Jacques Chirac à « 7 sur 7 ». Chirac y paraît moins agressé par les caméras, qu’il n’aime guère d’habitude, plus souriant aussi. « Ne craignez-vous pas qu’on dise : “Encore Chirac” ? » lui demande Anne Sinclair. La réponse de Chirac est enjouée : « J’espère que l’on va dire : “Enfin Chirac !” »
    Sur le fond, ses arguments sont ceux qu’il développe depuis maintenant plusieurs mois : la situation de la France nécessite des changements, la politique des « petits pas » chère au Premier ministre est inefficace, la lutte contre le chômage doit être prioritaire, le pays a besoin d’un deuxième souffle. Ces thèmes-là ne rencontrent pas davantage d’écho.
    8 novembre
    Où l’on retrouve Charles Millon...
    Il vient de déclarer à mon micro de RTL sa propre candidature à l’élection présidentielle. En réalité, la nouvelle ne sera connue que demain, car, exceptionnellement, l’émission, pour des raisons d’emploi du temps de Millon, a été enregistrée aujourd’hui en fin d’après-midi. Quand j’écris : l’émission, je devrais plutôt écrire les émissions, car nous avons recommencé plusieurs fois l’enregistrement.
    Millon a eu beaucoup de mal à finir le premier enregistrement, de sept minutes à peu près, comme chaque matin sur RTL. Sa voix, enrouée par l’émotion, était à peine audible. Il était visiblement submergé d’angoisse à l’idée de se déclarer candidat, comme ces « grands » dont il sait bien ne pas faire partie.
    À peine l’interview était-elle « dans la boîte », à 20 h 10, qu’on m’apporte, alors que nous étions encore dans le studio, une dépêche de l’AFP : elle fait état d’une déclaration de Léotard plaidant, au JT de France 2, pour une candidature unique. Ce qui condamne l’initiative de Millon. Je ne sais pas si Léotard se doutait de quelque chose ; en tout cas, Charles Millon demande à recommencer son enregistrement, qui, forcément, est dépassé par ce nouvel appel à Balladur.
    À la deuxième prise, Millon est bien meilleur qu’à la première. Il maintient, malgré Léotard, sa candidature. Sa voix ne tremble plus, son émotion est maîtrisée. Je lui demande s’il a tenu Chirac au courant de son initiative. Il m’assure que non, qu’il ne l’a appelé au téléphone que quelques minutes avant cette émission, et qu’il n’est pas parvenu à le joindre. Je n’en crois rien. D’autant qu’il m’a raconté lui-même, avant d’entrer dans le studio, que Jacques Chirac l’avait prévenu, lui, cinq jours avant son entretien à La Voix du Nord . Je vois mal Chirac prévenant Millon, et Millon ne pas prévenir Chirac...
    Personne ne croit autour de moi que Charles Millon ira jusqu’à la candidature en 1995. Moi, je suis tentée de penser de même ; toutefois, le fait qu’il ait été si ému, hier, me laisse supposer qu’il s’est peut-être mis à croire qu’il accomplissait, hier, un pas irréparable. Deux hypothèses, donc :
    Ou bien il « chauffe la place » pour un autre candidat UDF. Qui cela ? Giscard ? Barre ? Quelle place leur serait réservée entre Chirac et Balladur ? La portion congrue.
    Ou bien – deuxième hypothèse –, justement parce que Giscard etBarre n’ont aucune chance et qu’ils le savent, ils ont demandé à Millon de jouer les kamikazes.
    13 novembre
    Je prends ici le temps de résumer ce qui s’est passé ces trois derniers jours, depuis que, le 10, Philippe Séguin a fait défection à Chirac au moment précis où celui-ci s’apprêtait à lancer sa campagne dans une de ces grandes kermesses dont le RPR a le secret, sur la pelouse de Reuilly, le 11. Ce qui est inattendu, c’est que c’est par une lettre signée conjointement par Pasqua et lui qu’il a annoncé sa défection au nom de ceux qui refusent la cassure du RPR. Il ne pouvait ignorer que, pour Chirac, c’est un double coup de couteau dans le dos.
    Intronisation : c’est l’idée qui a opposé Chirac à Séguin. Chirac a-t-il voulu demander aux membres du RPR leur investiture, comme il l’a laissé croire à « 7 sur 7 » ? A-t-il voulu seulement faire approuver sa candidature par les « compagnons » ? Il a

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