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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de la conjonction, nouvelle, à l’occasion des petits déjeuners de la majorité, entre Chirac et Giscard : « Ils ne sont d’accord sur rien, mais ils sont tous deux hostiles à une candidature Balladur. C’est leur seul point de réelle concordance. »
    18-19-20 novembre
    Congrès du Parti socialiste à Liévin. Symbole : François Mitterrand vient pour la dernière fois adresser un salut aux congressistes. Il est avec le maire et quelques fidèles compagnons sur la place de l’Église, et non dans la salle même du congrès, et leur dit en guise de prologue : « Je vous souhaite un beau congrès. À l’équipe qui va être désignée de maintenir son unité pour la victoire qui sera celle de vos, de nos idées [...], la victoire des classes et des forces socialistes dont vous êtes les interprètes et qui, sans vous, seraient abandonnées. »
    Dernier message de Mitterrand au Parti. Émouvant parce qu’il est là, familier et lointain à la fois, comme lorsqu’il n’était pas encore président de la République, entouré par la petite troupe qui ne craint plus son départ du pouvoir, mais sa mort prochaine. Personne ne le dit, mais pas un qui ne l’ait en tête.
     
    Lorsque je pénètre dans la salle, assez sinistre, où se tient le congrès, c’est pour entendre Laurent Fabius parler d’un « redémarrage de l’espoir ». Il dit dans une assez jolie phrase que « le futur est à nouveau ouvert... car, à travers toutes les échéances qui viennent, se profile le grand futur de notre pays et de notre société... ».
    Martine Aubry prend longuement la parole après lui. Le fait qu’elle soit la fille du prochain éventuel candidat de la gauche lui confère un statut particulier. Elle déborde notamment, et de plusieurs grosses minutes, le temps de parole imparti à tous les orateurs du congrès, sans prêter attention aux signes que lui adresse le président de séance. Elle est l’événement de Liévin, elle le sait et en profite. Tous les photographes affluent vers la tribune. Elle sait faire vibrer le congrès en parlant de la mise en accusation d’Henri Emmanuelli, qui tombe mal en effet. Elle s’en solidarise avec adresse et affection.
    Après elle, vient Lionel Jospin, qui, lui, respecte son temps de parole en étant, il est vrai, beaucoup moins gêné par les flashes des photographes. Il est concis, sans esbroufe ni fioritures. Il se prononce sans ambiguïté pour la candidature de Jacques Delors, « parce qu’elleredonne de l’espoir, parce qu’elle réveille les aspirations des socialistes ».
    Après lui, Poperen, plus réservé sur Delors. Et d’autres encore, pour et contre. À vrai dire, c’est un congrès pour rien : un congrès d’attente.
    29 novembre
    J’interroge à l’antenne Charles Pasqua. Il arrive au dernier moment, genre boute-en-train, escorté, comme c’est souvent le cas en ce moment, de William Abitbol et de Jean-Marie de Morand, tous deux membres de son cabinet, auxquels se sont joints quelques flics. Il pointe ses deux doigts dans le dos du présentateur, comme un pistolet, avant d’aller s’asseoir devant son micro.
    Après l’émission, nous poursuivons la conversation. Il commence par parler des primaires, sans vraiment y croire : « Les gens qui foutront en l’air les primaires, dit-il, le paieront cher. »
    Selon lui, VGE s’est déjà résolu à une victoire de Delors. Séguin aussi, ce qui lui permettrait de prendre le contrôle du RPR.
    « Chirac a eu beaucoup de chances, continue-t-il, mais il n’a pas su les saisir. Il a commis bien des erreurs. La première : ne pas avoir abandonné la présidence du RPR en 1988, après sa défaite. Il aurait dû capitaliser les 46 % des voix obtenues par lui au second tour, au lieu de se lamenter sur les 20 % du premier. Et il aurait acquis une autre dimension. Sur l’Europe, ensuite : s’il s’était prononcé contre le traité de Maastricht, il serait aujourd’hui président de la République. Après les élections législatives de 1993, qu’il a gagnées, il aurait dû aller à Matignon. Mais non, il s’est débrouillé pour condamner Mitterrand d’une façon brutale, entre les deux tours, et Mitterrand ne lui a pas proposé Matignon. »
    Quelle que soit son analyse, il reste que Balladur, dans ce cas, serait lui aussi responsable de l’éventuel échec de la majorité. Pasqua écarte cet argument d’un geste : « Si Balladur était derrière Chirac, Chirac serait de

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