Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997
12 juin 1991, les dirigeants de l’UDF et du RPR avaient fini par signer un accord : pas de candidature multiple dans ce qui est devenu, depuis le printemps 1993, la majorité. En 1994, Pasqua, toujours lui, a remis les primaires à l’ordre du jour. Il propose alors un projet de loi pour départager les candidats de la majorité. Le texte de loi comprend 19 articles. Ceux qui souhaitent l’ouverture d’une procédure de ce type doivent se faire connaître au ministère de l’Intérieur ; les électeurs de gauche ou de droite, même sans carte de parti, seraient invités à se rendre dans leurs bureaux de vote habituels pour voter pour le candidat de leur choix. La gauche est défavorable au projet. L’UDF également, car il paraît à VGE qu’il s’agit là d’une façon d’imposer Balladur. Chirac, pour sa part, a toujours été hostile à l’organisation de primaires. Il ne peut cependant le reconnaître publiquement, car il apparaîtrait comme mauvais joueur. La décision est prise, dans le camp Chirac, de ne pas s’y opposer, mais de traîner les pieds. Adoptée jusqu’au jour de la déclaration de candidature de Jacques Chirac, la tactique a fait ses preuves : les primaires ont été de facto enterrées.
51 - Jean-François Peumery, de La Voix du Nord , est accompagné de Catherine Roy, spécialiste des problèmes de santé dans le même journal.
52 - Jean-Michet Baylet, fils du directeur de La Dépêche du Midi , maire de Valence-d’Agen, ancien secrétaire d’État, a été président du MRG en 1983.
53 - Jean-François Hory est président du MRG depuis 1992.
54 - « Son obstination, pour Gilles Bresson dans Libération du 5 novembre, n’a d’égale à ce jour que le scepticisme qu’elle rencontre chez les Français. » Jérôme Jaffré fait remarquer dans Le Monde que Jacques Chirac est candidat « au moment où sa crédibilité présidentielle est la plus faible chez les Français ». Paul Guilbert, dans Le Figaro , parle plus prudemment de « pari sur la simplicité ».
55 - « Vous connaissez tous mon allergie aux épanchements, dit-il. Pourtant, aujourd’hui, j’ai envie de vous dire que l’émotion me serre le cœur. Dix-huit ans, que de combats menés en commun, gagnés ou perdus, mais toujours avec la même conviction de servir un idéal, l’idéal gaulliste ! »
1995
3 janvier
Plus les jours passent et plus le jeu se complique pour les socialistes d’où personne ne voit rien venir.
Emmanuelli candidat ? Il ne fait déjà pas l’unanimité au sein du PS, pourquoi la ferait-il chez les Français ? Et puis, il est convoqué par le juge à Saint-Brieuc, début mars, à propos du financement du PS : sans présumer de ce que la justice a ou n’a pas à lui reprocher, on voit mal le candidat en tournée s’arrêter chez le juge avant de tenir un meeting.
Alors, qui ? Mitterrand est logé à la même enseigne que nous tous : il ne sait pas. Lorsqu’il a présenté ses vœux aux Français, le 31 décembre, il leur a certes parlé du « rendez-vous essentiel que la France se donne à elle-même », mais il serait bien en peine de révéler le nom de celui qui relèvera le défi en avril prochain. C’est la sixième campagne présidentielle dont je suis les grandes manœuvres depuis que j’ai entamé ces cahiers, et je ne m’habitue pas à ce qu’on ne sache rien, qu’on n’ait même aucune idée du nom du « champion » qui portera les couleurs de la gauche.
Les candidats naturels du PS ? Tous sont, pour une raison ou une autre, hors d’état de se présenter.
Rocard aurait été tenté d’y aller après la défection de Delors ? Consulté, son lieutenant le plus proche, Guy Carcassonne, proteste : « Comment ça ? Il a été descendu par les autres dirigeants socialistes en mai dernier, le croyez-vous assez fou pour l’avoir oublié ? »
Pierre Mauroy, que j’ai rencontré cette semaine, tient à être réélu à la mairie de Lille. Cela exclut l’Élysée : il y a contradiction absolueentre la campagne qu’il devrait faire s’il était candidat à la magistrature suprême et celle dans laquelle il devrait se lancer quelques semaines plus tard dans le Nord. Candidat à l’Élysée, il devrait adopter une position très à gauche pour faire le plein des voix socialistes dès le premier tour. Candidat à la mairie de Lille, il est tenu à une position modérée. « À un an d’intervalle, m’explique-t-il, un changement
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