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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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aujourd’hui distancé par le maire de Paris !
    Le Premier ministre encaisse mieux qu’on ne croyait, mais il paie sa non-expérience des campagnes politiques, le cafouillage de son gouvernement, tiraillé, comme il fallait s’y attendre, entre pro-chiraquiens et pro-balladuriens. Il paie aussi l’affaire des Hauts-de-Seine, l’extraordinaire histoire des écoutes téléphoniques et surtout celle, non élucidée, de la provocation de Schuller à l’égard du beau-père du juge Halphen.
    Du coup, Jacques Chirac se sent pousser des ailes. Son équipe, minuscule au demeurant, n’en croit pas encore ses yeux. Lui faitsemblant de n’avoir jamais douté, mais son chauffeur, Lhomond, que j’ai rencontré l’autre jour dans les couloirs du congrès extraordinaire du RPR, m’a dit en confidence que, périodiquement, lorsqu’ils étaient seuls dans la voiture, Chirac l’interrogeait : « Lhomond, ça va passer ? » Angoisse qu’il ne se permettait donc que devant lui.
    Depuis 1993, Chirac n’a pas reçu le soutien des milieux d’argent ; il n’a pas eu davantage celui de la technocratie qu’il a superbement ignorée, sinon raillée ; ni celui des économistes de la pensée unique ; ni celui du Siècle et autres clubs Vauban ou Jean Moulin. La franc-maçonnerie, peut-être, et encore...
    27 février
    Donc, on retiendra de cette semaine, les choses se confirmant, qu’elle a tout changé. Et tandis que Chirac se fait « rond », comme disait Philippe de Villiers, les deux Nicolas, Bazire et Sarkozy, montent au niveau supérieur de la polémique.
    Qu’est-ce qui aura coûté à Balladur, qu’est-ce qui l’aura coulé, s’il appert qu’il est coulé ?
    Je m’étonne moi-même : je démontre depuis des mois dans ce cahier que Chirac a eu tort de laisser sa place à Matignon à Balladur, que celui-ci a donc les plus grandes chances d’être élu ; et puis, aujourd’hui, parce que les sondages en sa faveur faiblissent, voici que je vais m’employer à tenter d’analyser les raisons de sa chute...
    D’abord, il y a la résistance de Chirac. Il passait, dans les milieux politiques, depuis 1988, pour s’effacer derrière l’avis de celui qui avait parlé en dernier, pour ne pas avoir de convictions, pour manquer de consistance, pour avoir perdu de son énergie et de son charisme. Pourtant, au moment où il était laissé pour mort sur le bord de la route, il a recouvré toutes ses forces pour lutter contre l’« ami de trente ans », partout présenté à tort ou à raison comme l’ayant trahi. Chirac est resté Chirac, même sans Balladur. On pourrait même soutenir que Chirac est redevenu Chirac sans ou à cause de Balladur.
    Et puis il y a eu la campagne et les combattants. Sur le terrain, Chirac est à l’évidence le plus à l’aise des deux. À la télévision, Balladur est meilleur. Mais c’est sur le terrain que les observateurs, peut-être à tort, jugent les candidats.
    Ceux qui combattent à leurs côtés sont des gros calibres. Du côté de Balladur, Nicolas Sarkozy est, à 40 ans, un des hommes politiquesles plus brillants de sa génération. Chirac l’avait d’ailleurs repéré dès l’âge de 20 ans. Il connaît le RPR, mais est trop jeune pour y avoir imprimé sa marque. Il n’est pas parvenu à détacher la formation gaulliste, en tout ou partie, de Jacques Chirac. De l’autre côté, trois poids lourds. Fort en thème, mais élu et bien élu, Alain Juppé a le premier appelé à la constitution de comités de soutien à Chirac. Philippe Séguin, après sa bouderie de novembre dernier, a rallié Chirac en janvier, en lançant dans la bataille son sens politique, son talent oratoire, ses idées sur la lutte contre le chômage et les inégalités. C’est un poids lourd comme il en existe peu. Alain Madelin, enfin, joue sa partition dans les petites et moyennes entreprises depuis l’automne. Il a au surplus grandement contribué à diviser l’UDF, à rabattre un certain nombre de ses membres dans le camp Chirac. Je parle là des lieutenants sans vraiment croire que, dans une élection présidentielle, leur rôle soit capital. Important, oui, essentiel, non.
    Et puis il y a aussi les « affaires ». Autant la libération des otages de l’Airbus avait porté la popularité de Balladur au pinacle, autant la fragilité de ses ministres l’a affaibli depuis trois mois : Alain Carignon, Gérard Longuet, Michel Roussin 9 coup sur coup, cela fait beaucoup ! Encore

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