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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ministre. Vous le connaissez : il ne le laissera pas tomber. »
    Je change d’interlocuteur : dans la salle des Quatre-Colonnes, cette fois, Pierre Charon 43 , que je croise, me révèle que Sarkozy déjeunera demain avec Alain Juppé. Prélude à un remaniement ? Lui en est pratiquement certain.
    Jean-François Probst, qui m’a vue converser avec Charon, me prend immédiatement à part : « Pas de remaniement comme cela, pas tout de suite, avec Sarkozy, me dit-il. Celui-ci doit encore souffrir, rentrer par la petite porte, pas par la grande, pour faire oublier à Bernadette et à Claude Chirac son passage chez Balladur. »
    Il n’exclut cependant pas qu’un remaniement, incluant l’entrée de Nicolas Sarkozy au gouvernement, ait lieu, mais pas avant le printemps : Jean-Louis Debré reviendrait à la direction du RPR, Devedjian passerait à la Justice. Je demande quel ministère pour Sarkozy. « Les Finances, répond Probst, il en rêverait ! »
    13 novembre
    Déjeuner avec Pierre Mazeaud qui me parle des liens tout à fait privés, par collaboratrice interposée, entre le procureur d’Évry, Laurent Davenas, et le président du conseil général de l’Essonne, Xavier Dugoin. Intéressant, au moment où Davenas a précisément ouvertune enquête préliminaire sur le fameux rapport rédigé par Xavière Tiberi à la demande de Dugoin !
    Nous parlons d’Alain Juppé. « Il n’a aucun sens des réalités, m’explique-t-il, parce qu’il a toujours été le premier de la classe, depuis le primaire jusqu’à, plus tard, l’École normale supérieure, et enfin Matignon. Être le premier, il n’y a que cela qui compte pour lui. Il est sûr de ne jamais se tromper. C’est insupportable ! »
    Quel autre Premier ministre, alors, s’il partait ?
    « Je suis convaincu, me dit Mazeaud, qu’Alain Juppé a offert plusieurs fois sa démission à Jacques Chirac. Chirac ne l’a pas acceptée. Il pense qu’il n’a personne d’autre. Philippe Séguin ? Cela durerait huit jours, il flanquerait sa démission sur la table au bout d’une semaine. Interrogez le personnel du Palais-Bourbon : dans la vie quotidienne, Séguin est insupportable. Il est vrai que, sur le fond, sur l’Europe, il s’amadoue beaucoup, parce qu’il espère toujours aller à Matignon. Mais je n’y crois pas. »
    Nicolas Sarkozy ? Réponse de Mazeaud : « Le groupe RPR dans son ensemble ne lui reconnaît pas de légitimité. Ses propres amis, ajoute-t-il, faisant allusion aux autres ex-ministres balladuriens, seraient au surplus jaloux. »
    Raymond Barre ? Mazeaud n’y croit pas non plus : « Il n’acceptera pas Matignon. Il voudrait plutôt arrêter là sa vie politique. Sa santé n’est pas parfaite, savez-vous ? »
    Je lance le nom de François Bayrou. Curieusement, le gaulliste volontiers antieuropéen qu’est Mazeaud m’en fait grand compliment : « À l’avenir, oui, pourquoi pas ? Je hais les centristes, mais Bayrou est un stratège fin, malin, astucieux, contrairement à François Léotard qui ne vaut pas grand-chose. »
    Bon, Juppé est encore là pour longtemps.
    14 novembre
    Je suis allée aujourd’hui à l’UDF demander à François Léotard pourquoi il parlait si souvent de la nécessité d’une dissolution. Malgré son expérience malheureuse (pour lui) avec Éric Zemmour, qui vient de balancer dans Le Figaro des propos « off » que Léotard lui avait demandé de garder pour lui, il me parle de tout, sans restriction. Apparemment, tout ce qu’il dit ce soir peut être répété, et je ne m’enpriverai pas. Voici la teneur de la conversation qu’il a eue, lui aussi, avec Jacques Chirac, qui décidément ne cesse de solliciter les avis :
    « Je lui ai dit : il y a deux calendriers différents, le calendrier politique et celui de la monnaie unique. Les deux sont contradictoires. Celui de la monnaie unique nécessite la rigueur ; celui de l’élection de 1998 et de ce qui suivra plaiderait au contraire pour plus de souplesse. C’est pourquoi j’ai soutenu, dès avant l’été dernier, qu’il fallait dissoudre l’Assemblée nationale et déconnecter les élections législatives de l’instauration de la monnaie unique. Il ne l’a pas fait. Il pourrait à tout moment le faire, s’il voulait ; il en a encore le temps. »
    Il me reparle des « trois boutons » – réminiscence de son passage au ministère de la Défense et allusion au fameux bouton atomique. Il m’assure

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