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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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L’explosion a été meurtrière : deux morts, une centaine de blessés plus ou moins atteints. Et puis, surtout, l’angoisse, une fois de plus, pour des milliers de gens. La piste islamiste, pour autant qu’on puisse le savoir aujourd’hui, est privilégiée. Il semblerait que l’explosif, la manière d’opérer amènent à cette conclusion. La question qui se pose est : pourquoi, pourquoi la France est-elle frappée au moment où ses relations avec les pays arabes sont au beau fixe ? En 1995, les attentats avaient frappé Paris sous des formes différentes, dans le métro ou dans des poubelles, dans les quartiers chics et les quartiers pauvres, de juillet à novembre, jusqu’à ce que l’un des responsables du GIA, Abou Farès, soit arrêté à Londres. Pourquoi donc, un an plus tard, cette explosion dont tout montre qu’elle a été méticuleusement préparée, sans doute par d’autres terroristes ?
    Sans attendre la grande émission télévisée qu’il a annoncée depuis quelques jours et qui est programmée pour le 12 décembre, Chirac s’est exprimé le soir même à la télévision, en direct depuis le palais de l’Élysée : « Détermination », « lutte par tous les moyens contre le terrorisme », confiance « dans la nation tout entière », assurance que « rien ne sera négligé pour assurer la défense des Français » – rien n’y manque.
    Ce qui m’étonne le plus, dans ces cas-là, c’est qu’au lendemain de l’explosion, c’est-à-dire aujourd’hui, les mêmes gens ont repris la même ligne comme si de rien n’était, avec un courage dont ils n’avaient pas même conscience, semble-t-il.
    12 décembre
    J’ai déjeuné aujourd’hui avec Bernard Pons, quelques heures avant l’émission, annoncée et attendue, de Jacques Chirac sur TF1. Il est pessimiste sur le front social : la SNCF va mal, l’agitation reprend. Bernard Thibault, le responsable de la CGT-SNCF, a été mis en minorité lorsqu’il a plaidé devant ses troupes en faveur de la création d’un établissement public régional. Coup classique : aujourd’hui, il fait de la surenchère. Les syndicats réclament donc plus de lignes de chemin de fer, plus d’emplois, plus d’État. Le clash est certain. Le TGV-Est, nécessaire pour faire de Strasbourg une capitale européenne, sera construit, mais cela ne modifiera en rien le climat social. Au passage, il me dit qu’Helmut Kohl, l’autre jour, au cours de la dernière rencontre franco-allemande de Nuremberg, a lancé, agacé : « J’espère que c’est la dernière fois que nous parlons du TGV-Est en séance plénière. »
    Paris ne va pas bien non plus : « Non seulement, me dit Pons, Xavière Tiberi a été mise en examen, mais le prestige de Paris est en chute libre. Quelle idée a donc eu Tiberi d’interdire l’accès des banlieusards au périphérique ! C’est une énorme erreur, dont on a vu ce qu’elle donnait. Même chose sur les pistes cyclables, qui sont une concession absurde aux écolos ! »
    Ces propos reflètent de manière évidente l’envie qui est la sienne de succéder à Tiberi à la mairie de la capitale. Il s’y prépare, il le cache à peine. Il a déjà un projet pour les quais de la Seine qu’il voudrait rendre aux Parisiens en déplaçant les cimenteries en amont et en aval de Paris, et en développant des lieux d’accueil. Il n’a jamais été, dit-il, ni de près ni de loin mêlé à la conduite des affaires de l’Hôtel de Ville, et compte bien en profiter. Mais quand ? Quand Chirac lui donnera son feu vert.
    12 décembre
    La longue émission vient de se terminer 46 . Je suis restée perplexe devant mon poste éteint. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu’il ne parle pas souvent, les Français, la presse attendaient beaucoup decette intervention de Jacques Chirac après des mois d’interrogations, et de mises en cause de l’action gouvernementale par une partie de la majorité. L’émission, présentée par Guillaume Durand, avait été précédée depuis des jours de reportages, d’articles sur le nom des journalistes qui auraient l’insigne honneur d’interroger le chef de l’État, dont Chirac souhaitait qu’ils ne soient pas trop connus, sans être tout à fait des inconnus : il voulait avoir devant lui des têtes qu’il ne connaissait pas.
    La roue de la fortune tourne depuis quelques semaines et, finalement, ce sont Marine Jacquemin, Michel Field, qu’on ne présente

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