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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ailleurs dans le monde, étaient fiers de porter un insigne marquant fortement leur appartenance à un groupe aussi puissant. Je lui ai dit – j’ajoute que je suis la seule à lui en avoir parlé en tête à tête – que les journalistes ne voulaient surtout pas avoir la sensation d’appartenir à un groupe, fût-il puissant, mais qu’ils étaient par nature individualistes.
    Il m’a écoutée et m’a dit qu’il ne céderait pas sur ce point. Puis, quelques heures plus tard, il m’a téléphoné en me disant que c’était une affaire mineure, et que mettrait l’insigne TF1 qui voudrait...
    Bon, je n’en finirai pas d’écrire sur TF1. Sur les réunions du mardi, à 8 heures pétantes, où tous les cadres sont là, techniciens, journalistes, programmateurs. Pas question d’arriver en retard : le premier qui l’a fait a été accueilli par un silence si désapprobateur qu’il n’a pas recommencé !
    Il y a là des gens qui se connaissent et ne s’aiment guère depuis vingt ans, et des gens qui ne se connaissent ni d’Ève ni d’Adam. J’y fais la connaissance de Pascale Breugnot, la flamboyante, la courageuse productrice de « Moi, je », la seule dont la voix puissante brocarde par moments les nouveaux chefs de TF1 ; Dominique Cantien, productrice, elle aussi ralliée au camp TF1, ne supporte pas Breugnot, qui le lui rend bien. Les uns viennent du camp Lagardère, ou du clan Bouygues, donc du privé ; les autres sortent à peine du service public et se croisent encore dans un système qui n’existe plus. D’où que nous venions, nous sommes tous et toutes là, donc, à 8 heures pétantes, à regarder nos nouveaux patrons avec un mélange d’incrédulité et de stupéfaction. D’estime, aussi, car les Bouygues savent faire marcher une boutique !
    Dès le départ, j’ai vu à quel point Christine Ockrent se faisait rogner les ailes par Le Lay, qui ne cherchait qu’à s’en débarrasser. J’ai le souvenir de cette réunion de début juillet – un mardi matin, justement – où elle a longuement parlé, avec justesse et courage, de l’inconvénient qu’il y aurait à ne penser qu’à l’audience de la chaîne. Que l’image de TF1 était ce qui devait primer. Elle parlait là des programmes, évidemment, car l’information, à aucun moment, n’a donné l’impression de changer ni de « perdre son âme », comme aurait dit Michel Noir. Je pensais qu’elle n’avait pas totalement raison, qu’il fallait d’abord que TF1 reste la Une, la première chaîne, ce qu’elle était redevenue sous Bourges. Que l’image, on la restaurerait le moment venu, sans difficulté. Bref, je ne l’ai soutenue que du bout des lèvres. Il m’a semblé, en ce jour de juillet, que Le Lay affûtait son grand couteau...
    Bon, mes vacances seront courtes, pour ne pas dire inexistantes !

    5 août 29
    Le Canard enchaîné le révèle aujourd’hui : le journal parle de la lettre adressée par Chirac à Saddam Hussein, le président irakien, sur des livraisons d’armes en provenance de France. Il est vrai que les Occidentaux en général et la France en particulier appuient l’Irak dans sa guerre contre l’Iran. Une guerre dont on ne sait pas comment elle se déroule et qui met en cause l’équilibre du Moyen-Orient. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que, face aux ayatollahs, Saddam Hussein apparaît aujourd’hui comme une sorte de rempart contre l’obscurantisme. Jacques Chirac ne lui a jamais été hostile : j’ai oublié en quelle occasion il avait parlé de « son ami » Saddam Hussein.
    Comme la France est liée par ailleurs par un accord avec l’Iran datant de 1974, on se doute que la pression exercée par les deux pays sur Paris ait pu atteindre, à la fin de 1986, son maximum. Mitterrand ne le découvre pas aujourd’hui : il est beaucoup plus méfiant envers Chirac, lui, que Chirac ne l’est vis-à-vis de lui. Je me demande même si, d’après ce que me dit Toubon, Chirac n’est pas convaincu que Mitterrand est un homme fini.
    Il reste que la publication de la lettre de Chirac dans Le Canard enchaîné a été la première anicroche grave, me dit-on au PS, en matière de politique étrangère, entre Chirac et Mitterrand. Chirac a accusé à mots couverts Mitterrand de l’avoir communiquée au journal. Il a même mis en cause à ce sujet Roland Dumas 30 . Échange de propos peu aimables du genre : « Je me demande qui a bien pu publier cette lettre », a

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