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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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pareille ; et Chirac lui a reproché de ne pas avoir eu « la manière » pour annoncer la fermeture, sans souci des salariés.
    Louis Schweitzer résiste à l’offensive tout en reconnaissant que, oui, il a voulu aller très vite, pour que le gouvernement ne l’empêche pas d’appliquer le plan de restructuration qu’il juge nécessaire pour moderniser Renault. Mais qu’il a, en revanche, prévenu Jean-Luc Dehaene 18 , le 21 février (la décision de fermeture a été annoncée officiellement à la fin du mois) : celui-ci devait en effet aller distribuer, le lendemain, des médailles du travail à l’usine de Vilvorde, et Schweitzer a préféré le tenir au courant de sa décision.
    Sur le fond, Schweitzer assure que mieux valait, pour toute l’entreprise Renault, ne pas laisser d’espoir aux ouvriers de Vilvorde : l’usine coûte si cher, le site est tellement onéreux qu’il aurait fallu sacrifier une autre installation de Renault, ce qui n’aurait pas changé les données du problème et l’aurait simplement déplacé. Je suis incapable de juger de ses raisons industrielles et financières. Je pense que si une autre solution avait été possible, il l’aurait probablement envisagée en priorité.
    18 mars
    Conférence de presse de Lionel Jospin. Il a choisi de parler uniquement, aujourd’hui, de la situation économique et sociale. Il dénonce un chômage qui atteint 12,7 % de la population active, un taux de prélèvement fiscal qui atteint un niveau record, la stagnation du pouvoir d’achat, un déficit public qui est bien au-delà des 3 % annoncés : « Ils ont cassé la reprise » – c’est sa première conclusion.
    Il plaide pour une nouvelle politique de croissance : « Notre problème, dit-il, n’est plus l’inflation ni l’équilibre de la balance commerciale. Notre problème, c’est le chômage et le déficit de croissance. »
    Il propose trois remèdes : la baisse des cotisations sociales, d’abord, et son remplacement par une cotisation différente, basée sur tous les revenus, ainsi qu’une refonte globale de la CSG existante ; secundo : la réduction du temps de travail, et le passage aux 35 heures ; enfin, il insiste pour la tenue d’une conférence sur les salaires, la réduction du temps de travail et l’emploi.
    Tandis qu’il développe l’un après l’autre ces trois points, je note qu’il a fait bien du chemin, depuis son entrée en campagne inattendue en 1995 : il utilise désormais le « je » à jet continu – « je veux », « je suis conscient », « j’entends », « j’attends », « je sais ». Ses progrès en personnalisation ont été très rapides.
    Un couplet sur la construction européenne et sur l’Europe sociale, et voici les questions. Le représentant du Financial Times demande à Jospin s’il prévoit, avec un déficit à 3,5 %, le report du passage à l’euro. Le premier secrétaire du PS temporise : la question se posera au gouvernement en avril 1998. « Ce que je crois sage, ajoute-t-il néanmoins, c’est que les critères de Maastricht soient respectés. Et je ne suis pas sur l’hypothèse d’un report. »
    « Ne demandez-vous pas trop aux chefs d’entreprise ? » insiste l’une d’entre nous. Réponse de Jospin : « C’est une question décisive. Il est de l’intérêt de toutes les entreprises de sortir de l’insuffisance de la croissance. »
    Il me semble, par-delà les années, entendre parler le candidat Chirac.
    1 er  avril
    Je ne sais pas si c’est la date qui met Jacques Baumel en verve pour évoquer quelques-uns des bons mots politiques d’Edgar Faure, lequel n’est malheureusement plus de ce monde pour continuer de nous faire rire avec ses formules. J’en retiens, une fois de plus, deux ou trois. Sur Jacques Chirac, par exemple, il disait : « Chirac est un roseau peint en fer. » Lorsqu’on lui disait que Chirac changeait souvent d’avis, Edgar Faure soupirait : « Ce n’est pas la girouette qui change d’avis, c’est le vent. »
    Autre mot, pas sur Chirac, cette fois : « Qu’est-ce qu’un électeur du Front national ? Un fidèle électeur du RPR qui a été cambriolé trois fois. »
    2 avril
    Conversation à bâtons rompus avec Philippe de Villiers. Je me rappelle à son sujet ce qu’Olivier Guichard m’en a dit un jour en plaisantant : « Villiers ? C’est le Front national à particule ! »
    C’est un mot d’esprit que Villiers

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