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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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néanmoins qu’il est en train de me dire que cette gauche plurielle a meilleure allure, fait plus « moderne » que le bon vieux duo PS-PC. Lionel Jospin ne veut pas se laisser enfermer en tête à tête avec les communistes et Robert Hue tient à ménager son parti. Noyé dans la gauche plurielle, le Parti communiste est à la fois partenaire et indépendant. Cela convient apparemment à tout le monde.
    29 avril
    J’adore passer du temps à disséquer une situation ou une anecdote, voire un affrontement que je n’ai pas bien compris. Aujourd’hui, alors que tout le monde pense à autre chose, je reviens, avec Hervé de Charette, sur cette scène à laquelle je n’avais pas assisté : l’affrontement entre Giscard et Juppé au Parlement, l’année dernière 23 , à propos de la fixation du cours de l’euro. Juppé souhaitait évidemment que le débat tourne autour de son intervention. Mais Giscard a pris la parole après lui, tirant la couverture à soi en contestant nombre de points abordés par Juppé. Bref, son discours a dominé les débats. Il a été beaucoup plus applaudi que le Premier ministre.
    Hervé de Charette 24 est assis au banc du gouvernement. Quelques instants après que VGE a terminé son intervention, Jacques Chirac appelle le ministre des Affaires étrangères au téléphone, dans le bureau mis à la disposition des ministres à l’Assemblée : « Ça ne va pas du tout, lui dit Chirac. On ne peut pas laisser Giscard dire cela, ni sur ce ton ; il faut que vous lui répondiez. – N’y comptez pas, répond Charette. Voilà dix ans que je suis fidèle à Giscard, je ne luirépondrai pas aujourd’hui. » Chirac insiste. Charette ne cède pas : « Si vous voulez ma démission, je vous la donne et je comprendrais tout à fait que vous l’acceptiez. » Chirac finit par trouver la solution : « Très bien, convient-il. J’aurais agi de même avec Georges Pompidou. Dans ce cas, partez, demandez à Michel Barnier de répondre à votre place. – Laissez-moi dix minutes », demande Charette. Puis il rappelle l’Élysée au bout de ce laps de temps : « Il faudrait, dit-il, que vous me convoquiez vous-même pour que je puisse avoir une raison de m’en aller. – D’accord », dit Chirac, qui s’exécute. Pour panser les plaies de Juppé, il est prêt à tout.
     
    À propos de la dissolution, Hervé de Charette pense que Chirac l’a décidée au meilleur moment. On ne sait jamais, cependant, comment les choses peuvent tourner. Il imagine pour l’heure un premier tour ric-rac, et un second victorieux.
    30 avril
    Déjeuner à Matignon. Alain Juppé explique longuement qu’il n’est pas assuré de rester Premier ministre après les élections. Pourtant, réflexe humain, il démolit tous les prétendants à l’être à sa place. Philippe Séguin ? « Il ferait bien de ne pas trop descendre de son perchoir. »
    Balladur ? Juppé hausse les sourcils en accents circonflexes. Autrement dit : pourquoi lui ? François Bayrou ? Pas de réponse. Madelin ? Il l’imagine en donneur d’idées, partout, mais pas à Matignon. Pasqua ? C’est un « vieux schnock ». Reste Léotard. Il s’enthousiasme, mais avec un soupçon d’ironie : « Oui, Léotard, il est très bien. Vous savez qu’il m’a beaucoup surpris ? » Il le dit sur un ton qui ne trompe pas, comme s’il s’était attendu, il y a deux ans, à ce que Léotard se révèle être une nullité.
    « La campagne est certes morne, note-t-il, mais c’est toujours comme cela au début. »
    Il n’est pas le moins du monde inquiet sur l’avenir de la prochaine majorité : elle perdra quelques sièges, c’est sûr, puisque les élections précédentes, celles de 1993, avaient été un raz-de marée. Mais elle gagnera en cohésion et en efficacité. Elle sera plus chiraquienne, aussi.
    2 mai
    Aujourd’hui, Lionel Jospin rend public son programme à 16 h 30 au PLM Saint-Jacques. Drôle d’idée : le rideau, au fond de la salle, est vert, ce qui donne mauvaise mine à tous les assistants. Le slogan affiché est : « Changeons d’avenir. »
    Plusieurs engagements précis, dans ce programme prévu pour cinq ans : relance du pouvoir d’achat, création de 700 000 emplois jeunes, accès aux soins gratuits pour les plus pauvres, multiplication des logements sociaux, non-cumul des mandats. Auxquels s’ajoutent trois dispositions qui feront à coup sûr polémique avec la droite : semaine de

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