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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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précisément pour son oeuvre qui allait devenir ma préférée : Parzifal.
    L’opéra du Maître me mena évidemment au grand Wolfram von Eschenbach et au thème de la quête du Graal. Enthousiaste, je décidai d’en faire le thème de mon doctorat. A force de recherches et de rencontres avec des spécialistes de la question, je réussis même à ouvrir de nouvelles pistes sur les relations entretenues par les troubadours du monde latin et nos Minnesängers germains. Le point de convergence entre ces deux univers que tout semblait opposer n’était autre que le glorieux peuple wisigoth qui occupait à l’époque le sud-ouest de la future France.
    Par la suite, j’ai fréquenté le milieu artiste de Berlin qui était alors la capitale intellectuelle de l’Europe. Je me consacrais à la littérature et au théâtre. Berlin riait, chantait et dansait à s’étourdir, mais la futile capitale ne voyait pas qu’autour d’elle l’Allemagne souffrait. Les communistes et les nazis essayaient de récolter les fruits de cette situation désespérée. Pour ma part, je me préoccupais peu de politique à l’époque. J’étais parti vivre en Suisse pour y gagner ma vie comme professeur de langue. Je me souviens y avoir été très malheureux. Ma vie était morne alors que j’étais impatient de réussir, de prouver au monde l’étendue de mon talent et de mes connaissances. Hélas, je ne recevais que des réponses négatives des journaux auxquels j’envoyais ma prose. Il fallait absolument que je bouge pour forcer le destin.
    Tout changea lorsque je me rendis à Paris. J’avais pris mes habitudes à la Closerie des Lilas, le bistrot où se donnaient rendez-vous à l’époque tous les intellectuels de passage à Paris. J’eus l’occasion d’y rencontrer Maurice Magre, le célèbre romancier toulousain qui me parlait avec passion des Cathares et surtout de leurs mystères qui restaient à ce jour inexpliqués.
    Grâce à Maurice Magre, j’eus la chance de rencontrer l’exquise comtesse de Pujol-Murat dans son château de Lalande. L’aristocrate me dit que des Wisigoths et des Cathares faisaient partie de sa propre famille. Un soir, alors que je dînais chez elle avec quelques amis, elle me confia descendre en droite ligne d’Esclarmonde de Foix qui fut une véritable héroïne du catharisme. La comtesse murmura qu’elle voyait souvent en songe son ancêtre errer sur les remparts de la forteresse de Montségur. Je nouai une authentique complicité avec la châtelaine chez qui je m’étais installé. Nous avions même aménagé une chambre noire afin de développer les clichés que je prenais pendant la journée. Un soir, elle me prit la main et me demanda de lui jurer de poursuivre l’oeuvre de sa vie en réhabilitant ses ancêtres. Je la regardai avec la droiture d’un chevalier prêtant serment et m’engageai à aller jusqu’au bout de ma quête.
    Ton dévoué,
    Otto Rahn

 
    13
    « Derrière les thermes. »
    Le rendez-vous que l’homme lui avait donné manquait de précision, mais il en fallait davantage pour décourager Le Bihan. Il finit rapidement son café pour ne pas être en retard. L’historien s’était fait une raison : ce matin, il ne prendrait pas le temps d’observer Mireille servant ses clients et feignant d’ignorer les injonctions de sa patronne. Pour renforcer le caractère confidentiel du rendez-vous (et peut-être aussi parce que le jeu lui plaisait), Le Bihan voulait donner l’impression de marcher sans savoir où il allait, un peu comme s’il errait nonchalamment à travers les rues de la petite cité. Cette précaution n’était certainement pas inutile. Depuis qu’une lettre avait été glissée entre les pages de son livre, l’historien avait l’impression d’être épié à tout moment. En se dirigeant vers les thermes, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il fallait déjà songer au retour. La semaine de vacances tirait à sa fin et, compte tenu des correspondances ferroviaires, il avait intérêt à partir tôt le lendemain s’il voulait être à l’heure au collège lundi.
    « Derrière les thermes » était décidément une indication très vague tant le bâtiment un peu pompeux s’étendait le long de la montagne. Il pouvait tout aussi bien entreprendre l’escalade de la paroi rocheuse pour aller à la rencontre de son rendez-vous. Le Bihan porta son regard vers le sommet et il se dit qu’il n’était définitivement pas fait pour la

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