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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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seulement un conflit militaire, il s’agissait avant tout d’un affrontement spirituel. L’archevêque de Narbonne et l’évêque d’Albi en prirent l’autorité spirituelle et galvanisèrent leurs troupes en les encourageant à pourfendre les hérétiques. Les assiégeants étaient supérieurs en nombre, mais pas assez nombreux pour encercler la forteresse de Montségur. Cette faiblesse relative des assaillants permit aux habitants du pog de continuer à entretenir des contacts avec l’extérieur. L’armée catholique était loin d’imaginer que le siège allait durer aussi longtemps.
    Le Bihan fut étonné d’apprendre que l’on avait découvert de très nombreux traits d’arbalètes sur la pente sud-ouest de la montagne. Leur nombre suffisait à révéler la violence du combat qui avait opposé les deux camps. Les assiégés tinrent bon jusqu’à l’hiver en priant chaque jour pour que la rigueur du climat décourage les assaillants. Ces derniers ne comptaient pourtant pas abandonner. Ils avaient certes échoué dans leur tentative d’attaque frontale, mais il leur restait à utiliser l’arme la plus redoutable : la ruse. Ils avaient passé des journées entières à examiner le relief de la montagne jusqu’à en inventorier chaque défaut, chaque faiblesse. Ils finirent par trouver le point faible du castel. À l’est, le sommet accessible de la montagne s’inclinait sur environ six cents mètres jusqu’à un gros rocher plat. Celui-ci apparaissait comme le point le plus bas du pog, mais il surplombait une falaise de quatre-vingts mètres de hauteur. Autant dire que l’accès n’en était pas aisé, d’autant plus que les Cathares avaient élevé sur cet à-plat rocheux une tour tenue par des hommes en armes.
    Quelques jours avant Noël, Hugues des Arcis décida de passer à l’action. Il confia à une bande de solides gaillards la mission d’escalader la falaise rocheuse de nuit. L’entreprise était périlleuse, mais ceux-ci réussirent à accéder à la tour tant convoitée. La suite des opérations se révéla beaucoup plus facile. En jouant sur l’effet de surprise, ils passèrent les défenseurs par le fil de leur épée et établirent une nouvelle position pour les troupes royales. Le Bihan interrompit un instant sa lecture. L’image de cette centaine d’hommes assiégés par des soldats très bien équipés et déterminés à en découdre lui donna froid dans le dos.
    Un nouveau chapitre racontait les événements qui suivirent du côté des Cathares. Bertrand Marty, qui était devenu la plus haute autorité, réussit à faire sortir les richesses de l’église afin qu’elles échappent aux soldats catholiques. Au mois de février, il était devenu impossible pour les Cathares de maintenir le moindre contact avec l’extérieur de Montségur. La situation du castrum était bel et bien devenue désespérée. Le 2 mars 1244, Pierre-Roger de Mirepoix décida de négocier afin d’obtenir la vie sauve pour la population laïque. La nuit précédant la reddition de la forteresse, quatre Parfaits parvinrent néanmoins à s’échapper sans avoir été repérés par les assiégeants.
    Dix mois s’étaient écoulés depuis le début du siège. Les Cathares n’avaient rien abdiqué de leur volonté et encore moins de leur foi, mais ils étaient à bout de souffle. Le 16 mars 1244, les Catholiques étaient devenus maîtres de la forteresse hérétique. L’heure de la revanche avait sonné. Ils étaient d’autant moins disposés à faire preuve de pitié que les hérétiques refusaient obstinément d’abjurer leur foi jugée scélérate. Les croisés dressèrent des bûchers dans la cour de la forteresse et y jetèrent des dizaines de condamnés. Au total, plus de deux cents Parfaits et Parfaites périrent sur le bûcher.
    « Notre foi, elle, ne peut disparaître. »
    Le Bihan regarda autour de lui en se demandant comment un lieu serein en apparence avait pu être le théâtre d’une aussi terrible tragédie. Il songea à ces hommes qui étaient allés au bout de leur foi en accueillant leur mort comme une libération. Il se demanda si, par-delà les siècles, les pierres conservaient l’écho des folies humaines. Il réfléchit aux conséquences d’une pareille épopée jusqu’à son époque. Les hommes qui habitaient la région avaient été marqués par ce drame, comme une blessure qui ne pourrait jamais se refermer. Quelques détails lui revinrent en mémoire : les

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