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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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prudent de garder des photos des hommes de votre vie, non ? Surtout quand ils ne sont pas très fréquentables ? Mais vous êtes comme ça, comme un voyageur qui collectionne » sur sa valise les étiquettes des hôtels où il est descendu. C’est votre tableau de chasse en somme ! Vous ne pensez pas qu’on serait mieux chez vous pour discuter ?
    Pour la première fois, Le Bihan eut les honneurs du petit appartement de Betty. Situé juste au-dessus du bar-tabac, le lieu semblait pourtant en être bien éloigné.
    L’aménagement du petit salon donnait l’impression d’être transporté dans le décor d’une cocotte parisienne ou, mieux encore, dans l’antre d’une meneuse de revues. Les fauteuils étaient recouverts d’un tissu rose vif et au plafond pendait un petit lustre dont les gouttelettes de faux cristal vibraient lorsque l’on foulait le plancher recouvert d’une copie de tapis d’Orient. Au mur, c’était tout l’âge d’or du music-hall qui reprenait vie. Mistinguett en spectacle au Casino de Paris. Les danses endiablées de Joséphine Baker avec sa ceinture en bananes. La Veuve Joyeuse avec Maurice Chevalier... Le Bihan observait la galerie de photos tandis que Betty lui servait un verre de Suze.
    — J’ai toujours rêvé de travailler dans une revue, lui dit-elle en posant les verres sur la petite table ronde qu’elle avait recouverte d’une nappe en dentelle. J’ai tout fait pour y arriver, mais je n’ai pas eu de chance. D’abord, mon père m’a empêchée de suivre mes cours de danse puis, quand j’ai quitté la maison pour voler de mes propres ailes, je suis rapidement tombée entre les pattes d’un salaud. Il prétendait être un agent réputé sur la place de Paris. Un agent ? Foutaises ! Un maquereau, oui !
    — Vous n’avez jamais dansé ?
    — Pas même une audition, répondit-elle avec nostalgie. J’étais même trop fauchée pour aller voir les spectacles. Ce salaud me prenait tout. Alors, un jour, j’ai décidé de quitter Paname et de tenter ma chance en province. Avec la ferme intention de ne plus me laisser berner par les mecs. C’était bien fini !
    L’évocation de ces souvenirs semblait pénible pour Betty, mais à présent qu’elle était lancée, elle tenait à raconter son histoire. Elle but d’un trait son verre de Suze.
    — Mais vous n’êtes pas venu pour écouter mes malheurs ! reprit-elle. Que voulez-vous savoir ?
    Pour la première fois, Le Bihan se surprit à ne pas la trouver antipathique. Il avait même presque envie de la plaindre, mais il était décidé à aller jusqu’au bout de sa démarche.
    — Je vais être direct. Quand vous affirmez ne pas avoir conservé de traces des quatre écus que vous avez recopiés dans la grotte, je ne vous crois pas. Comme vous l’avez dit vous-même, vous ne voulez plus être bernée ! Je vous crois plus maligne que cela.
    — Merci !
    — De rien, ce n’est pas nécessairement un compliment. En plus, il y a l’histoire de ce Richard Fritz. Un homme qui apparaît dans la région pendant la guerre et puis qui disparaît tout aussi rapidement. Et étrangement, vous possédez des objets qui lui ont appartenu.
    Betty se leva et quitta la pièce. Quelques instants s’écoulèrent avant qu’elle ne revienne avec une valise en vieux cuir brun qu’elle posa sur le canapé recouvert de tissu rose. Elle l’ouvrit et commença à en sortir des photos, un insigne de la SS, un cahier et un revolver qu’elle disposa méthodiquement sur un coussin de velours jaune.
    — Voilà tout ce qu’il reste de ce cher Fritz ! lança-t-elle sur un ton qui trahissait une certaine satisfaction. Encore un qui croyait me berner ! Eh bien, je ne lui ai pas laissé ce plaisir.
    L’historien réfléchit vite.
    — Vous l’avez... ?
    Le Bihan n’osa pas prononcer le dernier mot.
    — Tué ? s’exclama-t-elle. Oui, pardi ! Mais attention, en tout bien tout honneur. Il était plutôt beau gosse et j’avoue que je n’étais pas insensible à son charme. Au début, en fait les deux premiers jours, tout s’est bien passé. Par la suite, il a commencé à se montrer violent. Il m’accusait de lui cacher des secrets que m’aurait laissés Otto Rahn. Tiens, celui-là aussi il l’a bien berné !
    — Pourquoi ?
    — Je vous l’ai dit, répondit la blonde sur le même ton exaspéré que tient une institutrice à son élève qui ne suit pas attentivement ses explications. Le pauvre Rahn n’aimait

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