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Cathares

Cathares

Titel: Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Weber
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se ravisa. Il fit demi-tour et se dirigea d’où il venait, vers le flanc escarpé de la montagne surplombant la vallée.
    — Ça vous dit de m’accompagner dans la montagne ?
    D’un signe de tête, Le Bihan acquiesça. Les deux hommes marchèrent un bon moment sans que l’un ou l’autre prononce le moindre mot. Mais s’il se taisait, Le Bihan n’en réfléchissait pas moins. Il se souvenait des résistants qu’il avait rencontrés à Rouen et surtout il pensait à Joséphine. Alors qu’il suivait ce drôle de personnage, il réalisa que c’était pour elle qu’il s’était lancé dans cette nouvelle aventure. C’était en souvenir de son sourire et de ses rires qu’il avait tourné le dos à une vie trop rassurante, à des élèves pas spécialement doués, mais pas méchants non plus et à la présence rassurante des amis. Il se dit que, là où elle était, elle le regardait peut-être. Elle l’avait poussé à sortir de son train-train quotidien, il avait accompli des actes dont il ne se savait pas capable. Mais depuis sa mort, la vie simple avait repris son cours. À présent qu’il s’était engagé dans un nouveau combat, il espérait qu’il ne la décevrait pas.
    « Notre foi, elle, ne peut disparaître. »
    Après une bonne demi-heure de marche au soleil, les deux hommes arrivèrent dans un petit bosquet ombragé où deux blocs de pierre avaient été disposés de part et d’autre d’un foyer dont il ne restait que quelques cendres et du bois brûlé. Léon s’assit sur un des morceaux de pierre et lui dit :
    — Ne vous imaginez pas qu’il s’agit de bancs cathares ! Pierre-Roger de Mirepoix n’a jamais posé ses fesses ici. C’est moi qui me suis aménagé mon petit coin de paradis. C’est ici que je me retire quand j’en ai assez de répondre toujours aux mêmes questions.
    Le Bihan jeta un rapide coup d’oeil autour de lui et se dit que le terme de paradis était tout à fait adéquat pour désigner ce petit coin de montagne. Outre les deux bancs et le foyer, Léon avait aménagé un réservoir d’eau et même une sorte de hamac en cordes pour se reposer. Léon regardait Le Bihan observer avec intérêt chaque détail de son petit royaume et il en tirait un plaisir certain.
    — Nul ne connaît ces montagnes aussi bien que moi, poursuivit-il. C’est pour cela que les Boches et les collabos ne m’ont jamais attrapé ! Quant à c’te médaille, ils me l’ont donnée parce que j’ai réussi à zigouiller ce salopard de Karl von Graf que la SS nous avait envoyé pour mettre la région au pas. Une bonne petite charge et boum ! On était débarrassé du Chleu !
    Sans le savoir, Léon venait de tendre une sérieuse perche à Le Bihan pour qu’il pose enfin sa question.
    — Connaissez-vous cette femme ? lui dit-il en sortant la photo de Philippa et de ses parents.
    Léon n’hésita pas une seconde :
    — Pour sûr que je la connais, elle et ses chers parents. Je ne souhaite jamais le malheur des autres, mais je reconnais que je n’ai pas pleuré pour eux. Ils ont eu le sort qu’ils méritaient à la fin de la guerre.
    Vous voyez, je n’aime déjà pas les Boches, mais je supporte encore moins les Français qui leur mangent dans la main.
    — Elle vient d’être tuée.
    Léon ne répondit pas, mais son expression trahissait son trouble.
    — J’ai trouvé cet extrait de presse chez elle, ajouta Le Bihan en sortant cette fois le journal de sa poche. Avait-elle cherché à rentrer en contact avec vous ?
    Léon commença à faire craquer ses doigts. Jamais Le Bihan n’aurait pensé qu’un tel homme puisse être nerveux. Il chercha ses mots avant de lui répondre.
    — Vous voyez, répondit-il d’une voix beaucoup moins assurée qu’au début de la conversation, moi je pense que la revanche n’est pas un bon sentiment. Ce n’est pas une question de religion, mais je crois qu’elle fait encore plus de mal à celui qui l’exerce qu’à celui qui en est la victime. Vous me suivez ?
    — Oui, mais cette jeune femme ?
    — Oui, elle m’a contacté et j’ai refusé de l’aider. Je sais qu’ils sont nombreux dans la région à se cacher ou à vivre dans la honte. Qu’ils se débrouillent avec leur conscience, moi j’ai fait ma guerre. Et elle est finie aujourd’hui !
    Le ton de Léon avait retrouvé de l’assurance. Son bref accès de trouble était passé et Le Bihan se dit qu’il n’en fallait pas beaucoup pour qu’il l’envoie à

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