Cathares
de s’en vouloir alors qu’il dégageait doucement le carreau de pierre. Il sortit ensuite une petite pelle de son sac et, tout de suite après, un pinceau. À dix centimètres sous terre, l’extrémité de sa pelle buta sur une petite boîte en fer. En quelques rapides coups de pinceau, il balaya la fine couche de terre et puis sortit la boîte de sa cachette. Il replaça ensuite la terre et enfin les deux morceaux de pierre brisés. Il rangea les outils et la boîte dans son sac et se dirigea vers la sortie. La porte cognait contre la chaise. Quelqu’un essayait d’entrer. L’historien se dit qu’il ne servait à rien d’inventer des excuses alambiquées, il valait mieux se faire discret. Il dégagea la porte et se dissimula vite dans le fond de la nef, juste à droite de l’entrée. Il vit alors la même petite vieille qui revenait dans l’église, tout en continuant à égrainer son chapelet. Le Bihan soupira et quand elle eut pris place sur son prie-Dieu favori, il sortit de l’église.
Bruges
Le voyage à Bruges fut plus riche en émotions. Le Bihan avait déjà eu beaucoup de peine à trouver un hôtel avec une chambre disponible. En cette saison, la Venise du Nord était prise d’assaut par les touristes. Il avait ensuite repéré la Sint-Jacobskerk dans laquelle il voulait mener ses recherches. Par manque de chance, l’église était fermée pour d’importants travaux et son accès était provisoirement interdit. Dès lors, l’historien jeta son dévolu sur la table d’un café situé juste en face de l’édifice. Tout en découvrant les charmes des bières d’abbaye, il ne perdait pas une miette du manège des ouvriers et des livreurs qui se relayaient dans l’église. Le Bihan remarqua que de nombreux sacs de sable avaient été portés à l’intérieur de l’édifice. Il se dit alors qu’il tenait son plan.
Il n’avait qu’à trouver un bleu de travail pour tenter le coup. La quête de l’uniforme adéquat se révéla ardue, mais il finit par le trouver dans une petite boutique située en périphérie de la vieille ville et tenue par un Flamand bougon. Le Bihan qui ne connaissait pas un traître mot de la langue eut fort à faire pour expliquer ce qu’il voulait. À force de gestes et de descriptions imagées, il finit par y réussir, mais il se demanda s’il n’avait pas payé son bleu de travail le prix d’un costume trois-pièces. Il ne lui restait plus ensuite qu’à prendre un sac de sable et à entrer dans l’édifice.
La suite des opérations se révéla beaucoup plus simple puisque l’église était en chantier. Le Bihan avait découvert dans un guide touristique qu’il existait une petite sculpture de saint Jacques dans la crypte et que celle-ci était considérée comme l’oeuvre la plus ancienne de l’édifice. Il en déduisit donc que Pierre Sabatier l’avait choisie pour dissimuler son trésor. Toujours chargé de son sac de sable qui lui évita des questions curieuses des autres ouvriers qui s’activaient dans la nef, Le Bihan descendit les marches situées sous le choeur et qui donnaient accès à la fameuse crypte. La petite statue de facture romane tranchait avec le style de l’église, fidèle à l’élan gothique propre à la Belgique et aux pays d’Europe du Nord. La suite se révéla tout aussi simple. Le mur était pavé de carreaux hexagonaux. L’un d’entre eux portait clairement le dessin d’une petite barque. Le Bihan sortit la petite pioche de son sac, mais cette fois, il réussit à desceller la pierre sans la briser. Juste derrière le carreau se trouvait la petite boîte de métal qui avait été dissimulée dans le mur. Il replaça le carrelage et sortit de l’église sans que personne se soit intéressé à son manège. Une fois dans la rue, il poussa un grand soupir de soulagement. Il ne lui restait plus qu’à préparer sa prochaine étape.
Crémone
C’est à Crémone que les choses se compliquèrent. Dans le train qui le menait à la petite ville, Le Bihan avait eu le temps de relire toute la littérature consacrée à l’histoire de la région. Après le Languedoc, l’Italie avait été le centre le plus important de la diffusion de l’hérésie cathare. Milan était d’ailleurs considérée comme le coeur du catharisme transalpin. Les Bons Hommes réussirent à prendre le contrôle de diverses cités telles Viterbe, Mantoue, Bologne ou Forli. Dans ces régions comme ailleurs, la réponse de l’Église officielle
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