Ce jour-là
fondateur du DEVGRU.
« Ils ont des jambes de gazelle, pas de taille, un buste surdéveloppé et une sorte de blocage mental qui leur interdit l’échec », avait dit très sérieusement Marcinko à Cuomo.
Nous aurions également présenté d’autres signes distinctifs, comme des mains calleuses à force de tirer au fusil, des cicatrices dues à des éclats de balles datant de missions précédentes, et un ego surdimensionné.
« Fondamentalement, ces types sont de grands égocentriques qui jouent une même partition musicale. Ils apprennent à dépendre les uns des autres. Quand ils s’ennuient, ils jouent entre eux pour s’entretenir. Sinon, ils se créent des ennuis », avait aussi déclaré Marcinko à ABC.
Nous étions morts de rire. Certes, il avait fondé le DEVGRU mais il était déconnecté de ce qu’il était devenu. Je ne connaissais pas un seul SEAL qui correspondait à ce profil. Nous avions largement dépassé le stade de l’égocentrisme. Pas un seul homme de la communauté des forces spéciales ne collait à ce profil. Il n’avait rien à voir avec notre éthique. Nous étions des joueurs dans une équipe qui essayaient de toujours faire la chose juste.
Mais nous n’étions pas réunis pour parler des fuites et des questions de sécurité.
« Gardez ça pour vous car personne n’est encore au courant, nous dit Jay. Vous allez rencontrer le président demain au Kentucky. »
Avec le battage qu’il y avait eu, nous nous y attendions.
« Nous voyagerons en civil mais nous remettrons notre uniforme pour la rencontre. »
Jay nous congédia. Nous étions libres pour le reste de la journée. Alors que je m’approchais de mon véhicule, mon téléphone bipa.
Un texto de ma sœur.
« On dit que tu vas rencontrer le président demain, avait-elle écrit. Ne te mets pas en short pour qu’on ne voie pas tes jambes de gazelle et que tout le monde devine que tu es un SEAL. »
Parlez-moi de sécurité opérationnelle !
Le lendemain, nous avons pris le C-130 le plus vétuste que j’aie jamais vu ; On l’avait repeint pour que ça ne se voie pas de l’extérieur. Mais à bord, tout était vieux, décoloré, usé.
Aucun de nous ne fut agréablement impressionné en découvrant la cabine. Nous avions l’habitude de voler sur des C-130 ou des C-17 beaucoup plus récents.
« Tu parles d’un statut de rock star ! » marmonna Charlie tandis qu’il pliait son mètre quatre-vingt-dix dans un siège de saut orange. J’ai bien peur que notre quart d’heure de gloire soit passé. »
Une plaque près de la porte, cependant, nous révéla le fin mot de l’histoire. L’avion était l’un des trois C-130E Combat Talon qui avaient participé à l’opération Eagle Claw, la mission ordonnée par le président Jimmy Carter pour tenter de délivrer les cinquante-trois Américains retenus prisonniers dans l’ambassade des États-Unis à Téhéran.
Un chef de bord avait découvert que l’appareil avait été mis en réserve et avait convaincu un général de l’Air Force de le faire rénover et de le remettre en service. Il y avait quelque chose de satisfaisant à prendre cet avion pour aller rencontrer le président au Kentucky. Il appartenait à l’Histoire et y entrait donc pour la seconde fois.
Depuis l’aéroport, nous avons emprunté des routes secondaires jusqu’au quartier général du 160 e régiment des opérations aériennes spéciales, là où Teddy et ses coéquipiers étaient basés. Après nous avoir rencontrés, le président devait s’adresser aux quelques milliers de soldats de la 101 e division aéroportée.
On nous a fait attendre dans une grande salle de conférence. Des assiettes de sandwichs raffinés, des chips, des cookies et des boissons sans alcool nous attendaient sur une table, contre le mur du fond.
« Nous faisons un bond sur l’échelle sociale, dis-je. C’est sacrément mieux que les nuggets de poulet froids. C’est gratuit, tu crois ? »
Sur l’une des tables proches de la porte, il y avait un cadre avec un drapeau. C’était l’un des drapeaux que nous avions avec nous pendant la mission. Les hommes du commando le signaient au dos, le but étant de l’offrir au président.
« Pourquoi je devrais le signer ? » ai-je demandé à Tom.
Comme d’habitude, c’était lui qui gérait la situation pendant que Jay et Mike rencontraient les huiles.
« Tous ceux qui ont fait partie de l’opération doivent le signer.
— Oui,
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