Ce jour-là
opération pendant toute leur carrière de SEAL. Après avoir réussi le BUD/S, je suis passé par la Team Five et suis arrivé au DEVGRU. Je n’ai ensuite été engagé que pour des opérations sur le terrain. En plus de dix ans chez les SEAL, je n’ai jamais connu autre chose que le rythme régulier d’un déploiement après l’autre. Pas de pause. Après avoir terminé mon temps comme chef d’équipe un peu plus tôt cette année, j’avais le choix entre quitter l’escadron, devenir instructeur à la Green Team, ou encore prendre un poste non opérationnel au commandement. Ces postes sont loin du champ de bataille et, pour être tout à fait honnête, auraient sans doute convenu au changement dont j’avais besoin. Mais je savais que la démangeaison de retourner au combat me prendrait rapidement. Comme tous ceux de notre unité, ma vie personnelle a subi les conséquences de cette série ininterrompue de déploiements. Il était temps qu’elle reprenne la priorité. J’avais beau détester l’idée de quitter le commandement, il était temps pour moi d’avancer et donc de mettre un terme à ma carrière de SEAL.
Avant de partir, j’ai rencontré l’officier qui nous avait accueillis à Virginia Beach après l’opération. Il était à présent le commandant très respecté du DEVGRU. Je savais qu’il comprenait parfaitement le stress que nous subissions. Nous nous sommes vus dans son bureau quelques jours avant que je donne officiellement ma démission.
Il me demanda ce qu’il pouvait faire pour me convaincre de rester. Je me suis senti honoré qu’il m’ait posé cette question. Mais je l’ai regardé dans les yeux et, humblement, j’ai secoué la tête.
« Il est temps pour moi de passer à autre chose », lui ai-je répondu.
Bien que ressentant une bonne dose de culpabilité, et l’impression de laisser à mes frères d’armes le soin de porter le fardeau, je me sentais en paix avec ma décision. Il y avait des nouveaux, fraîchement sortis de la Green Team, bien formés et prêts à combattre. J’étais simplement fatigué, j’étais prêt à démarrer une nouvelle vie.
Cela me faisait un effet bizarre de quitter Walt, Charlie, Steve et Tom. Nous sommes toujours amis, et ils sont encore tous les quatre au commandement. Pour ne pas mettre leur sécurité en danger, je ne dirai pas grand-chose de ce qu’ils font actuellement. Seulement qu’ils sacrifient toujours leur temps et leur vie pour le bien de ce pays.
Phil n’a pas gardé de séquelle de sa blessure au mollet. Il continue à faire ses blagues et compte toujours parmi mes meilleurs amis. Lui aussi a quitté la Navy. Il a pris sa retraite après sa blessure.
L’un de mes premiers projets, lorsque j’ai quitté les SEAL, a été d’écrire ce livre. Cela n’a pas été une décision facile. Personne, au commandement, ne goûtait la notoriété que nous avait value l’opération Ben Laden. Cela nous avait amusés, au début, pour rapidement nous inspirer les plus grandes craintes au fur et à mesure que les fuites se multipliaient. Nous nous étions toujours flattés d’être des professionnels discrets, mais plus je voyais ce qu’on écrivait sur la mission, plus j’avais envie de remettre les choses à leur place.
Jusqu’à aujourd’hui, les récits que l’on a faits de l’opération qui a tué Ben Laden sont faux. Même les rapports qui prétendent s’appuyer sur des informations venant des protagonistes sont incorrects. Il me semblait que quelqu’un devait raconter la véritable histoire. De mon point de vue, elle ne se réduit pas à la seule opération et concerne bien davantage les hommes qui ont accepté, en connaissance de cause, d’exposer leur vie, de sacrifier tout ce qu’ils avaient, pour faire le boulot. Leur histoire mérite d’être racontée et de l’être aussi précisément que possible.
Depuis le 1 er mai 2011, tout le monde, y compris le président Obama et l’amiral McRaven, a donné des interviews sur l’opération. Si mon commandant en chef accepte de parler, je ne vois pas de raison de ne pas en faire autant.
Bien entendu, l’opération est maintenant utilisée dans l’affrontement politique entre les deux candidats à la Maison-Blanche. Ce n’était certainement pas dans ce but que vingt-quatre hommes sont montés dans les hélicoptères ce soir-là. La politique, c’est une affaire qui concerne Washington et les politiciens qui, en toute sécurité, suivent
Weitere Kostenlose Bücher