Ce jour-là
des cibles faciles, même pour un pirate blessé.
Une fois à l’intérieur du bateau de sauvetage, ils s’assurèrent méthodiquement que les trois pirates étaient bien morts en leur tirant une dernière balle. Toute menace était écartée de ce côté. Ils trouvèrent Phillips attaché dans un coin ; il n’avait pas une égratignure. Le bateau gonflable de l’USS Bainbridge s’approcha, avec un groupe de SEAL à bord. Au bruit des coups de feu, ils montèrent à leur tour sur le bateau de sauvetage. Et ils s’occupèrent de transférer Phillips sur l’USS Bainbridge.
À bord du destroyer, alors que la dernière balle n’avait pas été tirée, Gary balança à Musi une grande claque qui l’envoya rouler sur le pont.
« Toi, tu vas aller en prison. Tes potes sont morts. Nous avons notre homme. Tu ne me sers plus à rien maintenant. »
Menotté, un capuchon sur la tête, on emmena Musi.
Gary retrouva Phillips sur la plage arrière. Le capitaine du Maersk Alabama était dans un état de confusion et de désorientation marqué.
« Pourquoi avez-vous été obligés de faire ça, les gars ? » demanda-t-il.
Il souffrait d’un début de syndrome de Stockholm et, encore choqué par la fusillade, il ne comprenait pas ce qui venait de se passer ni pourquoi.
L’examen médical de Phillips montra qu’il était en assez bonne condition. Il appela chez lui et un hélicoptère le transporta jusqu’à l’USS Boxer, d’où il regagna son domicile, dans le Vermont.
Nous avons passé encore quelques jours sur l’USS Boxer à attendre les ordres avant de rejoindre la côte et rentrer aux États-Unis en avion. Cela faisait du bien d’avoir sauvé une vie. Et c’était génial de mener une opération ailleurs qu’en Afghanistan ou en Irak. Tant pis si je n’avais pas fait partie des tireurs. J’étais heureux d’avoir participé à une opération différente. Côté négatif, nous avions eu un aperçu de la lourdeur de l’administration à Washington. Nous étions prêts depuis des jours quand ils nous ont finalement donné leur feu vert. Mais l’opération « Capitaine Phillips » avait révélé de quoi nous étions capables. Washington savait désormais qu’ils pouvaient nous appeler pour les missions délicates.
7
L A LONGUE GUERRE
J’avais mal aux jambes et les poumons en feu. Je gravissais une pente en courant.
Été 2009. Nous étions à deux mille cinq cents mètres d’altitude, dans les montagnes du centre de l’Afghanistan, à deux heures au sud de Kaboul. Après le sauvetage de Phillips, nous avions repris l’entraînement à Virginia Beach, avant de retourner en Afghanistan.
Le rayon infrarouge du drone traquait les mouvements de huit talibans qui venaient de s’enfuir à notre arrivée sur le périmètre cible. Notre équipe s’était lancée à leur poursuite dès que la rampe avait touché le sol.
« Ennemis en vue d’Alpha Team », dit sobrement Phil à la radio.
Les talibans avaient pris la direction d’une ligne de crête à trois cents mètres au nord. Nous étions chargés de les arrêter, pendant que l’autre partie de la troupe prenait le hameau. Phil et le reste de l’équipe n’étaient pas loin derrière nous. C’était notre première mission pour ce déploiement, et nous n’étions pas encore habitués à l’altitude. Je me suis assuré que mes camarades suivaient, et j’ai épaulé mon fusil. À cent cinquante mètres, les talibans se mettaient en position défensive. J’avais le plus grand mal à stabiliser mon laser ; j’avais couru cinq cents mètres avec tout mon barda, mais j’ai réussi à viser l’homme qui portait une mitrailleuse PKM. J’ai tiré plusieurs rafales. L’homme est tombé. Mes coéquipiers sont arrivés, ont tiré également. Ils ont abattu deux hommes de plus. Le reste des talibans a dégringolé de l’autre côté de la ligne de crête et a disparu de notre vue, abandonnant les morts.
« Cinq points chauds au nord. Se dirigent vers différentes maisons. » C’était le pilote du drone qui parlait dans ma radio. Le rayon du drone balayait l’autre côté de la crête.
Phil fit un signe de tête, et l’équipe repartit dans une course épuisante pour les rattraper.
Nous avons ralenti en atteignant la crête, pour ne pas tomber dans une embuscade montée à la hâte. Il y avait trois cadavres à terre, celui de l’homme à la mitrailleuse et un autre avec un fusil lance-roquettes. Nous avions eu de la
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