Ce jour-là
de lancer une opération terrestre pour récupérer Phillips.
L’équipe envoyée sur l’USS Bainbridge était constituée d’un groupe d’assaut, de tireurs d’élite et de quelques membres du DEVGRU. Les SEAL installèrent un poste de surveillance sur le pont arrière du destroyer et les snipers prirent des tours de garde pendant que les négociations continuaient. Patiemment, nous attendions que la situation évolue.
Le dimanche, nous avons soudain appris que Phillips était sain et sauf à bord de l’USS Bainbridge. L’équipe revint et je tombai sur Gary, de la promo avant la mienne au BUD/S. Il avait fait la Green Team quelques années après moi. Il avait commencé sa carrière aux SEAL comme pilote de sous-marin de poche. Il était d’ailleurs comique d’imaginer ce grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix-huit se plier en quatre pour se couler dans son engin. Il avait reçu une Silver Star lors de son dernier engagement. Il avait descendu cinq talibans qui tentaient de prendre sa formation à revers pendant une mission à Kandahar. Sur l’USS Bainbridge, Gary avait été chargé d’interroger le pirate Wal-i-Musi, maintenant captif.
Nous nous sommes serré la main.
« Hé vieux, bon sang, tu m’expliques le scoop ?, lui demandai-je.
— On a chopé le dernier quand il a passé la tête et on les a cramés tous les trois », dit Gary.
Gary m’expliqua qu’il était chargé de convaincre le pirate blessé de demander à ses copains de se rendre. Gary avait commencé à manœuvrer Musi en se montrant aimable.
« Hé, mon pote, un peu de crème glacée, ça te dirait ? Et un Coca bien frais ? »
Musi et Gary avaient sympathisé. Gary était allé sur le pont avec lui, pour que ses camarades puissent le voir boire son Coca et manger sa glace. Les pirates ayant jeté leurs moyens de communication à la mer, ils devaient hurler pour négocier.
« J’entends pas ce qu’ils disent, dit Gary. Demande-leur de tirer sur la corde pour se rapprocher. »
Musi accepta, les pirates tirèrent sur la corde et le bateau de sauvetage se rapprocha insensiblement de l’USS Bainbridge. La mer commençait à se creuser et, privé de moteur, le bateau de sauvetage était secoué dans tous les sens. À la tombée de la nuit, Gary et ses coéquipiers en profitèrent pour réduire encore l’écart avec le bateau. Il faisait nuit noire et les pirates ne se rendaient compte de rien. De la plage arrière, Gary et ses coéquipiers inspectèrent le bateau de sauvetage. Des rayons infrarouges visibles uniquement avec des lunettes de vision nocturne dansèrent sur la coque du petit bateau.
L’un des pirates s’asseyait toujours sur le rouf pour monter la garde ; l’éliminer serait facile. On distinguait un deuxième pirate à travers une vitre. Installé à la barre, il essayait de diriger l’embarcation et lui aussi était une cible facile. Mais le troisième restait invisible, et il leur fallait descendre les trois en même temps. Le seul moyen d’y arriver en assurant la sécurité de Phillips était d’obliger le troisième pirate à s’exposer. Finalement, après des heures d’attente, dans la soirée du dimanche, la tête et les épaules du troisième pirate émergèrent de l’écoutille arrière. Les snipers n’attendaient que ça. Leurs ordres étaient clairs : agir uniquement si la vie de Phillips était en danger. La tension était à son comble et, craignant pour la sécurité de Phillips, mes camarades ont tiré. En deux secondes, les trois pirates se sont écroulés.
Après le dernier coup de feu des SEAL, l’équipe de la plage arrière entendit le bruit parfaitement identifiable d’une rafale d’AK-47. Ce fut un choc pour eux. L’enjeu était énorme. Washington demandait constamment des mises à jour et des drones leur fournissaient des images actualisées du bateau de sauvetage. Le commandant du DEVGRU et le commandant de notre escadron étaient à bord de l’USS Boxer.
Craignant le pire et ignorant si Phillips était mort ou vif, deux snipers proches de la corde de remorquage s’accrochèrent à elle pour se glisser jusqu’au petit bateau. Il n’y avait pas un instant à perdre. Agrippés à la remorque qui frôlait l’eau, il ne leur fallut que quelques minutes. Armés de leur seul pistolet, ils montèrent sur le bateau de sauvetage et s’engagèrent dans la partie couverte. Il n’y avait qu’une seule ouverture pour y pénétrer, ce qui faisait d’eux
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