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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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bon sens, pour ces petits territoires qui n'ont pas de destin tout seuls. Elle implique l'assimilation par l'école et la prospérité par le tourisme. Partout, le grand levier est la question scolaire et la formation professionnelle.
    «En Nouvelle-Calédonie, la question est différente. Il faut imposer localement que l'on prenne son parti de considérer les Canaques comme égaux des autres — et comme des nôtres.
    « Wallis, je n'y suis jamais allé (il a l'air tout étonné de ce constat), je ne sais pas comment ça se passe, mais je m'en doute. Quant aux Nouvelles-Hébrides, que ça aboutisse au départ des Anglais, je n'y vois aucun inconvénient, mais il faudra jouer serré pour que nous restions. C'est une question d'habileté et de volonté. Il faut que nous appliquions à cette tâche nos meilleurs administrateurs. »
    Conseil du 25 mai 1966.
    Un projet de création d'un corps particulier de fonctionnaires en Polynésie prend le projet de départementalisation à contre-pied. Le Conseil d'État, gardien de l'unité de la fonction publique, s'est opposé à ce texte.
    Pompidou : « Le Conseil d'État est déraisonnable. Il ne veut pas reconnaître des réalités différentes qui imposent un corps de fonctionnaires différent. Ce n'est pas avant longtemps que l' identification sera totale entre la métropole et la Polynésie. À situation anormale, solution anormale...
    GdG (sèchement). — Il n'est pas question de normal ou d'anormal. La situation de la Polynésie est exceptionnelle, c'est un fait. Mais le but à atteindre, un jour ou l'autre, c'est la complète fusion des corps, la complète assimilation. On doit y arriver. Autant en Algérie, c'était une entreprise démesurée, autant, dans le Pacifique, c'est réalisable à terme. »
    Le voici d'accord avec le Conseil d'État. Et le voici partisan de « l'intégration », qu'il récusait hautement quand il s'agissait de dix millions d'Arabes, mais qui est « jouable » avec 80 000 Polynésiens et moins encore de Canaques.
    Et pourtant, c'est la réalité de l'exceptionnel qui l'emportera peu à peu.

    « Les Mélanésiens sont en réalité des relégués »
    Conseil du 15 septembre 1966.
    C'est le retour de la grande tournée dans l'océan Indien et le Pacifique. Le Général fait son point :
    GdG : « La Polynésie se transforme, parce qu'elle est désormais en communication avec le monde, en raison de l'installation du Centre d'essais, qui a provoqué un ébranlement. Le Centre est bien accepté. Mais la préoccupation porte sur l'avenir. Ce qui peut remplacer le Centre (il met déjà au présent cet après-demain éloigné de trois décennies), en dehors du tourisme, c'est une vocation océanographique qu'il appartient au gouvernement de faire naître et de diriger.
    « En Nouvelle-Calédonie, les réalités sont complexes. Il y a des différences évidentes entre les deux communautés. Les deux races ne se mélangent pas. Les Mélanésiens n'ont pas obtenu grand-chose et sont en réalité des relégués. Cela permet à certains de flatter un sentiment de frustration.
    (" Relégués " : le mot n'est pas choisi au hasard ; les " relégués ", c'étaient les Français de la métropole déportés en Nouvelle-Calédonie et qui, après avoir purgé leur peine, devaient rester dans la colonie. La marque d'exclusion subsiste, mais elle a changé d'ethnie.)
    « Il y a le nickel. Ce sont des ressources d'importance mondiale, mais exploitées selon des modes très différents. Par la société Le Nickel d'une part, qui exporte de plus en plus. Et par les concessionnaires multiples de gisements médiocres, d'autre part ; ils sont inquiets de leurs débouchés et sollicités par les Américains, qui voudraient mettre la main sur tout ce qui ne dépend pas de la société Le Nickel, en attendant de faire un jour échec à celle-ci, ou d'essayer de la racheter. Il y a donc une grande opération nationale à faire pour le nickel, en organisant les exploitants individuels pour qu'ils ne soient pas tentés de se vendre aux Américains.
    « Pour le reste, le progrès est évident dans tous les domaines et notamment pour les communications. Mais le gouverneur a besoin d'un hélicoptère pour pouvoir circuler... On pourrait augmenter systématiquement la colonie française, pour que la démographie ne bascule pas. Il ne faut pas que les Caldoches étouffent les Mélanésiens, mais il faut aussi empêcher l'inverse. »
    Conseil du 22 novembre 1967.
    Billotte présente

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