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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ministres.
    Fouchet. — Mais le 1 er mai, mon général, vous recevez le muguet.
    GdG. —Ah oui, le muguet... (Rires.) C'est très important, mais quelle que soit l'importance de cette cérémonie, elle ne me paraît pas incompatible avec le Conseil des ministres. On s'arrangera seulement pour que les deux manifestations ne se déroulent pas au même moment, mais se succèdent. Notre journée du 1 er mai sera marquée par le Conseil et par le muguet. »
    Ainsi devait s'ouvrir ce terrible mois de mai, avec des fleurs — si au Conseil suivant, une autre incompatibilité n'était apparue.
    Conseil du 24 avril 1968.
    GdG : « À propos du 1 er mai, il paraît que réunir le Conseil ferait mauvais effet. Nous ferions fi de la fête du Travail. On ne fait pas fi d'une fête religieuse en ne respectant pas le dimanche. Mais enfin... Le prochain Conseil est fixé au 30 avril après-midi. »
    La fête du Travail sera donc chômée par le gouvernement, qui entre ainsi dans ce mois de mai avec un peu d'hésitation, sous des auspices incertains.

    « Freiner la mauvaise croissance des dépenses de fonctionnement »
    Conseil du mardi 30 avril 1968.
    Le budget de 1969 se prépare. C'est la dernière communication de Michel Debré avant que les accords de Matignon ne bouleversent tout.
    Debré : « Si nous voulons respecter l'objectif de croissance de 5 %, nous ne pouvons pas prévoir un budget parfaitement équilibré. Il faut se résoudre à un déficit, le problème est de bien le calculer. Je crois qu'on peut accepter 4 à 5 milliards.
    GdG. — Ce n'est pas brillant, mais c'est acceptable. Je regrette que le budget doive comprendre un déficit. La conjoncture nous y oblige, c'est-à-dire la nécessité de la croissance et la réduction occasionnelle des ressources. Raison de plus pour s'attaquer à l'augmentation massive de nos dépenses de fonctionnement. Il faut freiner cette mauvaise croissance. »
    Faire des économies sur les « services votés » que l'on reconduit d'un budget à l'autre sans examen critique, ç' avait été une idée de Debré. Elle n'a guère avancé. Le Général la rappelle, comme un espoir qui compense sa déception de devoir admettre un déséquilibre budgétaire, si petit soit-il.
    Au même Conseil, Pompidou nous avertit : « Il va y avoir un débat sur la motion de censure 2 et il ne sera pas facile. Je souhaite que tous les ministres économiques et sociaux, MM. Jeanneney, Faure, Ortoli, Guichard, Marcellin, Chirac, préparent avec le plus grand soin leur intervention, qu'ils puissent défendre notre bilan et contre-attaquer sur les perspectives d'avenir. »
    Ainsi le 30 avril, veille de mai, le gouvernement et l'opposition sont d'accord sur un point : le centre de leur débat est sur l'économique et le social. C'est un débat... académique, dont l'issue politique ne fait de doute ni pour l'un ni pour l'autre.
    1 Le Premier ministre a répondu dans L'Express aux propos tenus par Valéry Giscard d'Estaing sur « l'exercice solitaire du pouvoir ».
    2 Une nouvelle motion de censure a été déposée par la FGDS, pour le 13 mai 1968, sur la politique économique et sociale.

V
    « LA FRANCE EST DANS UNE SITUATION EXCEPTIONNELLE, CAR ELLE NE DÉPEND DE PERSONNE »
    Avril 1967 - Mai 1968

Chapitre 1
    « JE NE VEUX PAS D'UNE ZONE ATLANTIQUE »
    Conseil du 26 avril 1967.
    Adenauer est mort, à 91 ans. Le Général s'est rendu à ses funérailles.
    GdG : « Nous n'étions pas allé saluer Adenauer pour faire de la politique, mais nous avons eu des conversations. Le Chancelier Kiesinger semble ressentir péniblement la pression des États-Unis, mais nul ne sait jusqu'où ira sa résistance aux prétentions américaines. Le Président Johnson lui avait annoncé sans ménagement le retrait de la moitié de l'aviation américaine d'Allemagne, tout en lui demandant de plus en plus d'argent ! M. Wilson donne le sentiment d'être prêt à prendre position sur le Marché commun, sous forme de déclaration d'intention, ou de candidature. Je l'ai engagé à ne pas se presser. J'ai dû être compris. Je ne suis pas sûr d'être suivi.
    « Le cortège de grands personnages du monde entier autour du Chancelier défunt avait une signification évidente. J' ai essayé de la mettre en relief auprès du Chancelier Kiesinger, pour l'encourager dans sa résistance aux pressions américaines. »
    C'est sa réponse, pour nous seulement, au geste que Lübke 1 a forcé, en mettant la main de De Gaulle dans celle de

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