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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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du genre tixiériste, Algérie française, rapatriés, antigaullistes, patrons, etc. Il sera dangereux s'il fait basculer les paysans de son côté. Il faut donc éviter tout ce qui pourrait accroître son crédit du côté de l'agriculture. » (Le Premier ministre laisse clairement entendre qu'il est prêt à tout pour donner satisfaction aux agriculteurs...)
    Le voici lancé maintenant sur Edgar Faure : « Il fait des indiscrétions dirigées pour montrer qu'il est humain, compréhensif, favorable à l'agriculture, en face de Debré qui ne veut rien comprendre. S'il obtient satisfaction, il dira : "Je l'ai emporté sur Debré." S'il n'obtient pas satisfaction, il dira : "C'est Debré qui ne veut rien entendre." Dans un cas comme dans l'autre, il sera gagnant. Mais il n'ira pas plus loin vers la rupture. Il est resté trop longtemps hors du pouvoir. Remarquez que, dans ses indiscrétions dirigées, il ne dit jamais rien, ni contre le Général, ni contre moi. Il me ménage. Il a raison.
    « D'autre part, ce n'est pas un matamore. Son tempérament le poussera toujours à éviter la rupture. Il n'avait pas voulu prendre l'Éducation nationale en 1962 parce qu'il avait peur de se mettre tropde monde à dos. Il ne prendra pas de position extrême pour l' agriculture. Ce qu'il souhaite, c'est que dans un an, quand le Marché commun agricole sera entré en vigueur, c' est-à-dire au mois de juillet 1968, il puisse se retourner vers un autre ministère plus important — mais lequel ? — et reprenne alors sa marche en avant. »

    « Je regrette qu'on fasse un peu plus d'inflation »
    Conseil du 24 janvier 1968.
    Debré : « Depuis l'automne, nous sommes dans une meilleure phase d'expansion. Il y a une certaine reprise des exportations et des investissements privés. Pourtant, le taux d'expansion de 1968 sera inférieur à celui que prévoyait le Plan : 3,5 ou 4 % au lieu de 5 %.
    « Pouvons-nous, en ce début 1968, utiliser des moyens budgétaires ou monétaires pour au moins nous approcher du taux de croissance de 5 %, tout en restant maîtres de la masse monétaire ? Je propose d'agir à la fois sur les investissements et sur la consommation. Anticipons la hausse des allocations familiales. Augmentons les crédits HLM. Réduisons l'impôt pour les revenus imposables les plus bas. Pour les investissements, déduisons la TVA, donnons des crédits plus faciles pour les régions défavorisées, accélérons les procédures d'emprunt pour la construction.
    « Le total des moyens nouveaux serait de trois milliards ; on ne peut pas faire moins pour que cela ait de l'effet. Si, en mai-juin, il fallait intervenir de nouveau, on verrait.
    GdG. — Ces propositions devront être formulées demain et après-demain. Je tiens à voir les choses dans le détail. On dira seulement, aujourd'hui, que le gouvernement s'est saisi d'un plan destiné à favoriser la reprise que l'on constate déjà.
    Jeanneney. — Il y a une capacité productive inemployée. Je me réjouis qu'on s'occupe de la mobiliser. Trois milliards, est-ce assez ? Cela ne fait même pas un point de PNB, 0,70 %. Le problème est que l'immobilité de notre main-d'oeuvre et la sclérose patronale risquent de nous faire très vite tomber dans l'inflation. Il est donc bien venu de se fixer rendez-vous en mai, pour voir si l'on peut sans risque accroître encore la relance.
    « Je m'interroge aussi sur la réduction de l'impôt sur le revenu. Le célibataire qui touche 3 700 francs par mois va bénéficier de la réduction, mais pas le ménage qui a des enfants et touche 4 600. Il vaudrait mieux dire que le seuil de déclenchement dépend de l'impôt et non du revenu.
    GdG (impressionné). — Nous retenons vos observations.
    Edgar Faure. — Les propositions de M. Debré sont techniquement très bonnes, mais, psychologiquement, elles n'atteindront pas leur objet. Il n'y a rien là de très frappant. Il faudrait du nouveau. Ce que propose M. Jeanneney est intéressant.
    Pompidou. — Sur l'ensemble, je dirais que c'est équilibré. Il fautprésenter ces mesures simplement. Pas de grandiloquence : après tout, ces trois milliards ne rendent même pas ce qui a été pompé pour le redressement de la Sécurité sociale.
    GdG. — L'ensemble est approuvé. Pour répondre à la conjoncture, le gouvernement prend des mesures conjoncturelles. Ces mesures n'empiètent pas sur les réformes qui sont à l'étude : politique familiale, réforme de l'impôt, politique du logement. Mais

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