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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ressenti un véritable progrès vers nous de la politique allemande, dans la conception de la Communauté et dans les rapports avec l'Est. »
    La longanimité du Général à l'égard de l'Allemagne paraît, ces temps-ci, à l'épreuve des pires incidents. Il sait gré à Kiesinger d'avoir su manoeuvrer contre les pressions anglaises et américaines. Et il ne tient aucun compte d'un mot de trop, sur une estrade, de Willy Brandt, qui avait peut-être bu une chope de trop.

    « Le Marché commun, c'est un tarif extérieur commun »
    Conseil du 6 mars 1968.
    Couve : « Le Conseil ministériel du 29 février s'est surtout occupé des négociations du GATT. Nous entrons dans la discussion des arrangements, et je pense que l'Angleterre va accepter d'y entrer aussi...
    GdG. — Si les Anglais entrent, les complications vont commencer !
    Couve. — Pour le GATT, Brandt va préparer un mémorandum. La République fédérale pousse vigoureusement à la réduction des droits. Elle serait intéressée par une zone de libre-échange complète. Mais la Commission sera de notre côté, parce que nous sommes plus dans l'esprit du Marché commun.
    GdG. — Nous n'acceptons pas ce glissement vers une zone de libre-échange, que le GATT transforme inévitablement en une zone atlantique. Nous ne voulons pas d'une zone atlantique ! Le Marché commun, c'était et ça doit rester une communauté dont les membres abaissent leurs droits de douanes mutuellement, mais qui s'entourent ensemble d'un tarif extérieur commun. Le Marché commun, c'est un tarif extérieur commun. Les Américains veulent faire entrer le Marché commun dans une vaste zone où ils exerceront sans difficulté leur hégémonie économique, comme ils exercent leur hégémonie militaire et politique dans l'OTAN. »

    « Les Américains ne pensent qu'à se protéger »
    Conseil du 17 avril 1968.
    Debré : « Non sans mal, nous avions réussi à trouver une position commune des Six sur la révision de l'accord du GATT. Il y aurait une légère accélération de la diminution des droits, mais en contrepartie les États-Unis s'engageraient à ne pas décider de nouvelles mesures protectionnistes. Nous avons été très fermes. L'Allemagne, assez souple. La Hollande, qui ne voulait pas parler de conditions, s'est résignée. Tout cela pour rien : les Etats-Unis ont refusé et ils vont prendre des mesures protectionnistes.
    GdG. — Je ne pensais pas que les Six se mettraient d'accord, et pourtant ils l'ont fait. Mais ça n'a servi à rien. Comme prévu, les Américains ne pensent qu'à se protéger. C'était inscrit sur le mur. »

    « Vous avez bien présidé »
    Conseil du 24 avril 1968.
    Couve rapporte sa dernière conversation avec Willy Brandt : « Nous avons parlé des difficultés de la négociation agricole. J'ai marqué qu'il fallait en finir avant le 1 er juin. Il invoque la lourdeur de la charge financière que tout cela représente pour l'Allemagne.
    GdG (sombre). — Si c'est ainsi, nous ne désarmerons pas le 1 er juillet. »
    (Pas de prix agricoles fixés le 1 er juin — pas de désarmement douanier le 1 er juillet sur les produits industriels. Donnant, donnant, et bloquant, bloquant.)
    Conseil du 8 mai 1968.
    Trois jours de réunion des ministres de l'Agriculture, à Luxembourg.
    Edgar Faure : « L'attitude de la Commission a compliqué les choses. Mansholt ne voulait pas revenir sur ses propositions. J'ai dû prendre les responsabilités d'un Président européen. J'ai fini par faire accepter l'idée qu'on pourrait avant le 1 er juin trouver un accord sur les principes, et que la rédaction détaillée se ferait dans le reste du mois. La Commission veut freiner la production laitière. On pourrait admettre une légère réduction par rapport à 1966. Je veux bien en prendre la responsabilité vis-à-vis de nos agriculteurs. J'ai été applaudi à leur congrès, je veux dire celui de la FNSEA. Je ne peux pas cacher qu'ils m'accordent un certain crédit. Dans les années à venir, nous devrons faire une politique de non-hausse des prix, et si possible de légère réduction. J'ai proposé un système qui laisserait à la charge des États une partie des stocks antérieurs.
    GdG. — Merci. Vous avez bien présidé. »
    Ainsi, de compromis en compromis, la Communauté économique européenne est ce « calvaire » dont on ne cesse de gravir la pente. Mais l'attachement du Général à cet édifice ne se dément pas. La candidature anglaise, les négociations du

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