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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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GATT, la crise monétaire ne font que le renforcer. Il y a un esprit et une logique du Marché commun. C'est une entreprise concrète, une bataille permanente, mais la France y joue un rôle éminent, comme l'Allemagne, avec laquelle, grâce à cette communauté d'entreprise, elles s'éloignent toutes deux à grands pas de la tragédie où elles s'entre-tuaient.
    1 Président de la République fédérale allemande.
    2 Syndicaliste de la CFTC.
    3 En 1870, la « dépêche d'Ems » fut à l'origine de la guerre franco-prussienne.

Chapitre 2
    « LA CANDIDATURE ANGLAISE ? L'ENTRÉE PURE ET SIMPLE N'EST NI PURE NI SIMPLE »
    Conseil du 1 er février 1967.
    C'est avant même les élections législatives de mars 1967, que tout un chacun annonce perdues pour de Gaulle, que s'amorce une nouvelle tentative du cabinet britannique. Couve relate la visite à Paris du Premier ministre travailliste, Wilson, et de Brown, secrétaire d'État au Foreign Office. « Dès la première conversation, les Anglais nous ont affirmé que leur premier souci était l'indépendance. Ils attachent un grand prix à l'indépendance technologique et soulignent que leur apport à l'Europe serait de ce point de vue décisif, face à l'Amérique. Il faut bien constater que M. Wilson a complètement changé sa position depuis sa dernière visite. Mais cette évolution est-elle à son terme ? Wilson et Brown écartent l'idée d'une simple association, qu'ils paraissent considérer comme réservée aux pays sous-développés, et donc insultante. Ils prétendent en outre qu'il n'y aurait pas à tout changer dans le Marché commun pour qu'ils y entrent. Cela dit, ils soulignent que la politique agricole de la Communauté ne peut leur être appliquée telle quelle. Nous ne les avons pas contredits. Ils s'emploient à démontrer que leur situation financière est saine, et qu'ils ne feraient pas courir de risques au Marché commun ; ce sur quoi nous avons fait des observations. Au total, il n'y a pas eu de conclusion. Il n'est pas sûr encore qu'ils poseront vraiment leur candidature.

    « Ils tourneraient le Marché commun à leur façon »
    Pompidou. — L'évolution est en effet frappante. Les Anglais semblent prendre conscience des difficultés pratiques qui se poseraient, dans le domaine agricole surtout. M. Wilson a pris grand soin de ne pas apparaître en demandeur. Peut-être sont-ils moins déterminés qu'ils ne veulent bien le dire.
    GdG. — Le ministre de l'Agriculture peut-il préciser la dimension des changements à attendre, si la Grande-Bretagne entrait dans le Marché commun ?
    Edgar Faure. — La question centrale est celle des prix agricoles. Nous ne pourrions pas laisser les produits circuler librement, tant que les niveaux de prix ne seraient pas comparables au nôtre.
    GdG. — Donc, cela retarderait la libre circulation des produits agricoles ?
    Edgar Faure. — Pas forcément. On pourrait progresser entre les Six. Et appliquer aux Anglais les règlements agricoles progressivement, par tranches.
    GdG (interrogeant Debré du regard). — Et comment se présente la question monétaire ?
    Debré. — Il n'y a pas de Marché commun concevable avec les Anglais dans le système monétaire actuel. Ils ne peuvent répondre de la situation de la livre au-delà de novembre. On risque de les voir demander à la fois leur entrée dans le Marché commun et l'aménagement de leur dette. »
    Le Général estime que ces deux avis d'experts, sollicités par surprise, ont suffisamment éclairé les ministres. Il se réserve de conclure.
    GdG : « J'ai retiré de ces conversations des impressions mêlées. Sans doute les Anglais montrent-ils des dispositions nouvelles et sympathiques. Mais dès que l'on entre dans le sujet, dès que l'on parle de l'agriculture, dès que l'on parle de la livre sterling, on constate que les Anglais, s'ils forçaient la porte du Marché commun, en bouleverseraient la donne. Ils en deviendraient, pour mille raisons, l'élément dominant, et le tourneraient à leur façon.

    « Faut-il remettre en chantier l'ensemble de la construction ? »
    « Sans doute, l'Angleterre se prêterait-elle à des arrangements pour la période transitoire, mais ce serait en vue d'accéder à la position dominante. Ce serait, non pas pour s'adapter au Marché commun tel qu'il est, mais bien pour se mettre en situation de le transformer et d'y occuper la première place en jouant sur les deux tableaux de leur appartenance au Marché commun, d'une

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