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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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à nous le dire, et s'il faut une loi sur les dons d'organes, on en fera une. »
    Le Général n'a pas un mot pour admirer la prouesse technique ; il ne se laisse pas emporter par l'enthousiasme médical. Il n'est pas loin d'éprouver le sentiment de gêne de Christian Fouchet. Et comme pour la poste restante à l'usage des adolescents, son premier réflexe est protecteur. On ne guillotine pas une femme : elle a quelque chose de sacré. La dépouille d'un mort, aussi, a quelque chose de sacré. Mais enfin, si c'est pour communiquer de la vie... Ainsi, à petites touches, le Général réagit aux évolutions, tantôt pour y résister, tantôt pour y pousser.
    En tout cas, fixer des règles qui touchent à des éléments si subtils et qui peuvent évoluer, cela ne revient pas au seul gouvernement et à ses fonctionnaires, mais au peuple et à ses élus.
    1 Amendement voté en 1960 qui disposait qu'une loi serait nécessaire pour introduire la publicité de marques à la télévision.

Chapitre 6
    « IL Y A UNE ÉBULLITION POLITIQUE »
    Salon doré, 1 er septembre 1967.
    AP : « L'émotion soulevée par votre voyage au Québec commence à se calmer. Comment jugez-vous, avec le recul, cette hystérie de critiques ?
    GdG. — Elle prouve, s'il en était besoin, que la presse soi-disant française suit aveuglément la presse anglo-américaine. Personne n'a songé à suivre la presse québécoise, qui exultait.
    « Les politichiens français, nous savons à quoi nous en tenir. Nous n'en attendions pas mieux. Sauf de Giscard, qui aurait pu se dispenser de son communiqué. »
    Du Mexique, Giscard, à la mi-août, a envoyé une déclaration blâmant « l'exercice solitaire du pouvoir ».
    En janvier 1966, il n'a pu admettre qu'on lui retire le ministère des Finances, où il s'était si bien imposé qu'il finissait par en apparaître comme le propriétaire. Pourtant, Pompidou lui a offert le nouveau grand ministère de l'Équipement, qui était à sa taille, c'est-à-dire fort important. Il l'a refusé. Mais Giscard ne peut rendre le Général responsable de cette décision. Pompidou l'a prise seul, estimant ne pouvoir tenir son rôle de chef du gouvernement si le ministre des Finances mène sa politique à sa guise.
    Sans doute Giscard pense-t-il que le Général a tiré le premier, avec son « On ne gouverne pas avec des mais », ridiculisant une attitude critique qui se voulait courtoise. Giscard a attendu que le Général soit fragilisé pour lui assener ce coup. Le Général ressent cela comme une agression de la part de celui qui a été l'un de ses principaux ministres, et surtout dans un moment où le scandale international est tel que les figures de la majorité auraient dû au moins garder le silence.
    En juillet 1968, l'UDR obtenant à elle seule la majorité absolue à l'Assemblée, l'éviction de Giscard de la commission des Finances fut la réponse du berger à la bergère. La rupture était consommée.
    Le Général en paiera le prix lors du référendum...

    Pompidou : « Giscard scierait la branche sur laquelle il veut grimper »
    Matignon, samedi 23 septembre 1967.
    Pompidou est détendu. Avant que nous parlions boutique, il évoque deux personnages qui ne laissent pas de déranger ses perspectives.
    Pompidou : « Giscard d'Estaing est un faux frère, mais il n'ira pas jusqu'à la rupture car il scierait la branche sur laquelle il veut grimper. C' est le mot que j'avais employé dans mon interview dans L'Express 1 , puis j'ai rayé et j'ai mis "monter" à la place, car "grimper", ça fait quand même un peu trop "singe". Il veut essayer à tout instant de nous déborder.
    « Remarquez, Giscard ne devrait rien pouvoir faire pendant les années qui viennent, puisqu'il veut se présenter à la fois comme l'homme qui a maintenu la stabilité, et donc l'héritier naturel du gaullisme, et comme l'homme du dialogue et donc porteur des espérances de l'opposition, en tout cas de ceux qui ne se sentent pas proches de nous.
    « Au fond, il n'est pas dangereux, mais à condition de l'avoir à l' oeil et de ne pas se laisser faire par lui.
    « Pas question de confier à un proche de Giscard une enquête sur les bourses agricoles, car il s'arrangerait pour faire savoir au monde paysan que le problème des bourses agricoles a été réglé par lui. Or, pour l'élection présidentielle, il peut être dangereux justement s'il arrive à capter la faveur des paysans. Il ne suffira pas qu'il ait pour lui les clients de Lecanuet

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