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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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certainement affecté. Leur alimentation changera, et elle leur coûtera plus cher. Il y a beaucoup de difficultés, mais au départ nous voyons cette demande avec sympathie. Et d'ailleurs, ce n'est pas à nous de dire aux Anglais leurs difficultés. Laissons-les les exposer tout seuls.
    Pompidou. — L'idée que la Grande-Bretagne fait partie du continent européen gagne du terrain outre-Manche. Tant mieux. Mais quant à nous, nous avons seulement à considérer les avantages et les inconvénients, pour nous et pour le Marché commun, de l'adhésion anglaise.
    « Derrière l'adhésion anglaise, il y a d'autres adhésions à prévoir inévitablement. Or, un Marché commun à douze ou quinze ne pourrait fonctionner qu'au prix d'un renforcement de la Commission. Comme nous n'en voulons pas, on assisterait nécessairement à la déliquescence de la Communauté, et du Marché commun agricole. Ce n'est vraiment pas le but recherché.
    « Le bon sens consiste à constater que l'Angleterre est en Europe sans y être encore tout à fait. Il faudrait donc trouver un moyen terme. Mais il vaut mieux ne pas employer le terme d'association, qui a pris dans la pratique un tour péjoratif. Et il vaudrait mieux que l'idée soit lancée par d'autres que par nous.
    GdG. — Comment concilier les Anglais comme ils sont et la Communauté comme elle est ? Un jour peut-être, les Anglais en seront venus au point d'entrer dans le Marché commun. Mais visiblement,ils n'en sont pas là. Cela vaut pour l'agriculture, pour le mouvement des capitaux, pour la question monétaire. Ce sont là des difficultés concrètes et insurmontables dans le Marché commun tel qu'il est. Il est concevable d'entreprendre quelque chose de nouveau, qui tienne compte de ce que sont les Anglais. Il est vrai qu'il y a un mouvement des Anglais vers l'Europe. Il est vrai que cela peut les conduire à prendre sur eux, à se transformer. En attendant, on ne voit pas pourquoi on ne s'entendrait pas sur un accord de bon sens économique, grâce à des abaissements de tarifs. Il n'est pas sûr que les Anglais n'y voient pas leur avantage.
    « Quant à la politique, elle a été à l'origine de l'entreprise européenne. Il s'agissait de confondre d'abord les intérêts économiques, puis de réunir les intérêts politiques. Peut-être en viendra-t-on là. Il y a, du fait de l'envahissement américain de plus en plus ressenti, un petit vent nouveau qui souffle dans ce sens. Mais justement, de ce point de vue, l'Angleterre a une position spéciale ; elle est liée à l'au-delà des mers, elle est attelée aux Américains. Elle n'est pas dans la même position politique que les Six.
    « Peut-être évoluera-t-elle ? Il est souhaitable que le jour vienne où l'Angleterre pourra prendre sa place en Europe. Mais ce jour n'est pas encore venu. En l'attendant, le bon sens est l'association, quelque nom qu'on lui donne. Nous n'avons pas à renoncer du jour au lendemain à ce que nous avons bâti avec nos cinq partenaires, si laborieusement. Attendons la démarche anglaise et l'accueil des autres. Nous verrons alors ce que nous avons à faire. »

    « Je souhaite que vous puissiez chacun faire vos observations »
    Conseil du 10 mai 1967.
    À la fin du Conseil, le Général nous surprend encore : « Vous n'avez pu tous vous exprimer lors du dernier Conseil, à propos de l'Angleterre et de l'Europe. Je souhaite que vous puissiez chacun faire vos observations. »
    C'est Gorse qui le premier saisit l'occasion.
    Gorse : « Il s'agit de savoir si les Anglais ont évolué depuis 1963, et si, nous-mêmes, nous avons évolué. La tactique et l'information sont donc capitales. Déjà, on nous impute d'avance la responsabilité de l'échec. Il y aurait donc quelque inconvénient à lancer prématurément l'idée de l'association. »
    Missoffe et Ortoli font écho à Gorse, Ortoli ajoutant que « l'association n'est peut-être pas une si bonne sortie de secours : elle peut comporter des avantages très importants pour la Grande-Bretagne, mais des inconvénients très sérieux pour nous.
    Guéna. — Au fond, nous continuons de nous interroger sur une double arrière-pensée. Kennedy avait souhaité l'entrée de laGrande-Bretagne dans le Marché commun pour qu'elle y surveille la France et l'Allemagne ; les Anglais voulaient entrer dans le Marché commun pour le diluer en une zone de libre-échange. Ces arrière-pensées ont-elles disparu ?
    Guichard. — L'entrée de l'Angleterre aurait des

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