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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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avantages pour notre industrie. Ils ont une industrie très concentrée et qui fait beaucoup de recherche. Nous pourrions préparer leur entrée par des accords de coopération technique et scientifique. Cette entrée nous équilibrerait vers l'Ouest, elle pourrait être un puissant stimulant à l'industrialisation de l'Ouest.
    Fouchet. — L'Europe des Six a-t-elle intérêt à absorber un pays doté d'une puissance financière telle qu'il drainera la substance du Marché commun ? »
    Bourges, Boulin, Dumas plaident pour le wait and see : ne pas donner l'impression que la Grande-Bretagne est éconduite a priori.
    Bettencourt : « De conversations avec l'ambassadeur du Royaume-Uni et avec d'autres Anglais, je tire la conviction que pour eux, l'entrée de la Grande-Bretagne va de soi. C'est dire que nous aurons des problèmes face à l'opinion. La position que nous aurons à prendre sera lourde à porter, parce que, aux yeux de nos partenaires, elle sera décisive.
    Chirac. — La solution peut être l'association, à condition de l'entourer de suffisamment de précautions. Il faut saisir l'opinion française de la contradiction entre l'adhésion de la Grande-Bretagne et le développement de l'Europe.

    « En définitive, on en passera par où la France le voudra. Ce n'est pas une situation désagréable »
    GdG. — Je vous remercie, messieurs. Notons tout d'abord que, pour le moment, il n'y a pas de décisions diplomatiques à prendre.
    « Mais quand le moment de la décision viendra, tout dépendra de la France. Alors, sur quoi nous décider ?
    « Le mouvement qui porte l'Angleterre à regarder l'Europe d'un oeil nouveau n'a rien pour nous que de satisfaisant. Nous avons longtemps souffert de l'insularité du Royaume-Uni. S'il se tourne vers l'Europe, nous n'avons pas à le repousser.
    « Mais le Marché commun est encore inachevé. Ce qui a été déjà construit l'a été à grand-peine. Cela repose sur un équilibre d'intérêts laborieusement accordés. Il faut comprendre et faire entendre que l'entrée de l'Angleterre, accompagnée de son cortège, ferait naître autre chose que le Marché commun. Il appartient aux Six de dire s'ils en sont d'accord, s'ils veulent faire cette autre chose avec les Anglais.
    « S'ils n'en sont pas d'accord, on peut attendre que l'Angleterre fasse de son côté, pour elle-même, ce qui sera nécessaire pour semettre un jour sur le même pied que les Six, et fasse alors, dans un avenir dont l'époque reste encore incertaine, son entrée dans le Marché commun.
    « En attendant, l'association est un dispositif prévu dans le traité de Rome. Mais il ne faut pas se laisser faire sur ce terrain-là non plus. Ce n'est encore qu'une hypothèse d'école.
    « En définitive, on en passera par où la France le voudra. Ce n'est pas une situation désagréable.
    Pompidou. — La présentation qui sera faite de notre décision est très importante.
    GdG. — Oui. Il ne faut pas se refuser à étudier le problème, étant entendu que le problème, c'est de faire tout autre chose que le Marché commun tel qu'il est.
    Pompidou. — Il ne serait pas mauvais que M. Gorse, avec le concours des spécialistes, montre que l'adhésion de la Grande-Bretagne porterait atteinte à de nombreux intérêts français catégoriels. »
    Ainsi se termine, sur une consigne plutôt négative, un tour de table étalé sur deux Conseils. A l'égard de l'Angleterre, la méfiance domine largement. Mais c'est comme si l'on se méfiait aussi du Général. Le refus de 1963 a laissé des traces. Les ministres n'osent pas le dire, mais ils ne cachent pas en privé — presque tous — que le Général a été alors trop brutal.
    Le Général n'écoute que partiellement les conseils de prudence de ses ministres. Le 16 mai 1967, dans sa conférence de presse, il développe longuement les points d'achoppement. Certes, il termine en s'écriant : « De quel coeur la France accueillerait cette historique conversion ! » Mais on a compris que, pour lui, une conversion ne saurait être l'effet ni d'une illumination subite, ni de vagues désirs, ni d'une bonne volonté paresseuse. Au moins avait-il écarté toute idée d'un veto.

    « Il y aurait des réactions à l'Est »
    Conseil du 12 juillet 1967.
    Le 30 mai, à Rome, pour commémorer le dixième anniversaire du traité, les chefs d'État et de gouvernement se sont réunis. De Gaulle a fait écarter une proposition néerlandaise, selon laquelle la prise en considération de la

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