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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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part, au monde anglo-saxon, d'autre part.
    « Voilà l'angle sous lequel nos partenaires et nous devons envisager le problème. Il ne peut pas être résolu, à beaucoup près, par la seule signature de l'Angleterre. La question est en réalité la suivante : faut-il que l'Angleterre reste à l'écart du Marché commun, moyennant une association mutuelle ? Ou faut-il remettre en chantier l'ensemble de la construction ?
    Debré. — Même une association peut présenter des dangers. Avant d'en lancer l'idée, il faudrait en mesurer toutes les implications.
    GdG. — L'essentiel est de ne pas se laisser entraîner, comme nous l'avons fait en 1962, dans une interminable négociation de détail. Mais aussi de faire comprendre qu'il n'y a pas de solution facile, et que l'entrée pure et simple n'est ni pure ni simple. »
    Conseil du 3 mai 1967.
    Finalement, le cabinet Wilson a décidé de franchir le pas. Il a attendu le résultat de nos élections législatives : même si de Gaulle est toujours à son poste, la minceur de sa majorité parlementaire peut faire espérer qu'il se montrera plus arrangeant. C'est le moment de forcer la porte. Wilson l'a annoncé aux Communes hier.
    Couve : « Le Premier ministre a écrit au général de Gaulle pour le prévenir de cette démarche. Le Général lui a répondu aussitôt. C'est une grande affaire qui commence. Les discussions avec nos partenaires commenceront à Rome.
    GdG. — Il n'y a pas encore de démarche formelle, et le gouvernement n'a donc pas de décision à prendre. Mais s'il y a dès à présent des observations, je vous invite à les présenter. »

    Malraux : « Est-ce l' Angleterre qui entre dans le Marché commun, ou le Marché commun qui entre dans l'Angleterre ? »
    Voici donc un tour de table qui commence, à l'improviste. À Malraux de se lancer le premier.
    Malraux : « Ou bien il n'y a, du côté de l'Angleterre, que des apparences de changement. Ou bien il y a des changements profonds. Dans ce cas, lesquels ? Ou, pour dire les choses autrement, est-ce l'Angleterre qui entre dans le Marché commun, ou est-ce le Marché commun qui entre dans l'Angleterre, c'est-à-dire dans les États-Unis ?
    Debré. — Il faut que l'Angleterre prenne position sur l'essentiel. Un, la livre sterling. Ils veulent faire de Londres la place financière de l'Europe ; ils cherchent un soutien pour leur zone. Deux, les relations avec le Commonwealth. Cela dit, s'il y a échec de la négociation, il y aura des contrecoups politiques.
    Edgar Faure. — Il est difficile de déceler les intentions réelles de la Grande-Bretagne. La question agricole est ardue, mais non pas insoluble. La question monétaire est réelle : une communauté économique appelle une solidarité monétaire 1 ; avec la livre sterling, ça peut poser problème. La question politique est sérieuse. Il y a des arguments contre. Comme disait Georges Bidault, "l'Angleterre n'est jamais indépendante des États-Unis plus de quinze jours". Il y a plusieurs arguments pour : les Anglais nous aideraient à mettre fin au mythe de la supranationalité ; nous pourrions les aider à s'affranchir des États-Unis ; il y a un préjugé favorable de l'opinion. En 1963, il était nécessaire de rompre la chaîne. Aujourd'hui, il faut user d'arguments plus pragmatiques.
    Michelet. — On peut redouter une manoeuvre des Anglais contre le général de Gaulle. Pour la déjouer, il y aura beaucoup de précautions tactiques à prendre, à cause de l'opinion, qui est favorable aux Anglais.
    Schumann. — Sur le fond, l'entrée de l'Angleterre est incompatible avec la politique agricole commune. Il n'y a pas d'autre voie que l'association. Sur la tactique, il ne faut pas que la France s'isole. »
    Billotte, Joxe, Marcellin, Messmer, moi-même, nous réfugions tous dans la solution de l'association. Jeanneney parle à contre-courant.
    Jeanneney : « Je souhaite que l'Angleterre vienne rompre le tête-à-tête franco-allemand, et que l'espace économique européen s'élargisse. L'absence du parti communiste serait une bonne contagion. Notre position de principe devrait donc être favorable. Nous n'avons pas à nous déclarer au départ pour l'association, mais à montrer et regretter que les difficultés viennent de la Grande-Bretagne. On pourrait s'adapter, et essayer de ne pas bouleverser le mode de vie des Anglais.

    « Ce n'est pas à nous de dire aux Anglais leurs difficultés »
    GdG. — Le mode de vie des Anglais, il sera

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