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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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demande anglaise serait décidée sur-le-champ. C'est au Conseil des ministres des Affaires étrangères de traiter cette question.
    Ils ont commencé d'en parler à Bruxelles le 11 juillet. Couve rend compte le lendemain : « J'ai développé notre position. Nos partenaires ont dit dans l'ensemble que les problèmes existaient, mais que, pour les identifier, il fallait engager les discussions. Les Allemands se sont montrés fort modérés. Selon la procédure dutraité, nous avons demandé à la Commission un rapport et nous en attendrons le résultat.
    GdG. — Nous insistons sur le fond de l'affaire : il faudrait renoncer au Marché commun tel qu'il est. La réaction des États-Unis est facile à prévoir : elle consisterait justement, grâce aux Anglais, à transformer le Marché commun en zone de libre-échange, qui serait en fait conduite par les États-Unis. Est-ce que les Russes regarderont cela sans bouger ? Par contrecoup, il y aurait sans doute des réactions à l'Est, une crispation qui n'irait pas dans le sens de la détente. »
    Le Général charge la barque... L'argumentation est paradoxale, et la presse le relève aussitôt : si l'on pense que l'entrée de l'Angleterre affaiblit la Communauté, comment cette Communauté affaiblie pourrait-elle faire peur aux Soviétiques ? Mais de Gaulle devine que, la nature ayant horreur du vide, cette zone de libre-échange serait une zone de libre parcours pour les intérêts américains — et c'est cela qui déstabiliserait une détente fondée, en Europe, sur l'émergence d'une Europe autodéterminée.

    « Cela craquera pour la livre et pour l'Angleterre »
    Conseil du 25 octobre 1967.
    Couve : « Les premières discussions approfondies ont été assez confuses. Nos partenaires sont désorientés par la façon dont nous avons posé le problème : non pas un oui ou un non aux négociations, mais un débat sur l'état de l'Angleterre. Nous avons pu exposer clairement et tranquillement notre point de vue, sans que la discussion prenne jamais un tour dramatique.
    GdG. — Tout dépend des Anglais. Il est évident qu'actuellement, la négociation ne peut pas s'ouvrir. Vous avez été très efficace. La France est la seule qui ait une position réelle. Les autres ont des souhaits, des velléités, et on ne peut rien construire sur des souhaits ou des velléités. »
    « Tout dépend des Anglais. » Le 10 mai, il nous avait dit : « Tout dépendra de la France. » Il s'est rendu compte qu'il était dangereux de porter seul le poids de la décision. Les Anglais ont pris l'initiative. C'est à eux de montrer jusqu'où ils sont prêts à aller.

    Conseil du 15 novembre 1967.
    La candidature anglaise est trahie par la livre sterling.
    Debré : « La livre est dans une position très difficile. La Banque d'Angleterre ne peut plus emprunter. Les Anglais demandent le secours des banques centrales. Nous avons accepté : il ne fallait pas se singulariser. Mais nous avons posé une condition : l'Angleterre devra nous rembourser dans les quarante-huit heures si elle exerce encore son droit de tirage sur le FMI.
    GdG. — On ne peut pas maintenir un système monétaire international fondé sur des déficits. Cela craquera pour la livre et pour l'Angleterre. »

    Au Conseil qui suit, le 22 novembre 1967, la livre a craqué. Debré commente : « Je crois plutôt à l'échec qu'au succès de leur dévaluation. La Grande-Bretagne paie les frais de la politique américaine. Dans quelques mois, la hausse des prix aura annulé la moitié des effets de la dévaluation. Quant au franc, notre situation est bonne. Notre dette est infime. Nous avons des réserves. Vous avez décidé, mon général, de ne pas dévaluer.
    GdG. — Tout le monde l'a décidé ; c'est évident, vous l'avez décidé ! (Rires.)
    Debré. — La presse anglaise vous accuse d'avoir provoqué la chute de la livre.
    GdG. — Tout vaut mieux que d'être plaint. »
    De Gaulle a la satisfaction concise. Il doit parler le 27 novembre, dans une conférence de presse annoncée de longue date. Il y reprend encore une fois l'argumentation du 16 mai, avec la preuve de la dévaluation britannique entre les mains.

    « Le fait est inévitablement accompli »
    Conseil du 20 décembre 1967.
    La veille, à Bruxelles, l'adhésion britannique a été une seconde fois renvoyée sine die. Les Cinq ont admis la thèse française selon laquelle il fallait l'unanimité, non seulement pour accepter une nouvelle adhésion, mais aussi pour

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