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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ouvrir les négociations. Willy Brandt a pesé pour que l'affrontement soit évité. L'adhésion « reste à l'ordre du jour », mais les négociations n'auront pas lieu.
    Couve : « On avait promis des drames ; on a fini dans le désaccord, mais pas dans la crise que voulait la Grande-Bretagne. L'atmosphère a même été amicale et détendue, tout le contraire de ce qu'ont laissé entendre à l'extérieur des déclarations de bravoure.
    GdG. — M. Couve de Murville a mené l'affaire avec précision, adresse et fermeté. Le fait est inévitablement accompli. La parole est maintenant aux Anglais. On va voir s'ils vont faire l'effort nécessaire pour pouvoir présenter leur candidature. J'en doute. Je crains même que leur situation générale n'aille en se dégradant encore. En tout cas, tant que le parti travailliste restera au pouvoir. Ils ne sortiront du marasme que lorsqu'un gouvernement conservateur tout neuf prendra les rênes. Quant à nos partenaires du Marché commun, c'est à eux de choisir. Veulent-ils l'Europe ? Nous sommes disponibles pour la resserrer. »
    1 Parole prophétique.

Chapitre 3
    « LES ISRAÉLIENS N'ONT RIEN À NOUS DEMANDER ET NOUS N'AVONS RIEN À LEUR DONNER »
    Le printemps 1967 s'achève au Proche-Orient dans la guerre des Six Jours. Au printemps 1966, déjà, Malraux, de retour d'Egypte, où il est allé préparer l'exposition Toutankhamon, avait ramené l'impression d'une fournaise. Ce fut du grand Malraux, que de Gaulle, aussi fasciné que le dernier venu de ses secrétaires d'État, écoutait intensément.

    Conseil du 13 avril 1966.
    Malraux : « L'Égypte découvre que son passé n'est pas seulement Saladin, mais Ramsès. Les Romains ont détruit la Gaule avant de la reconstruire, mais la France ne serait pas ce qu'elle est si elle n'avait pas été gauloise avant d'être romaine. Les Égyptiens aussi se découvrent enfants de leur passé. Ils se découvrent pharaoniques, et grâce à la caution de Paris.
    « J'ai vu Nasser. Il ne croit plus au tiers-monde. Est-ce que le tiers-monde existe encore, quand on peut bombarder impunément le Vietnam tous les matins ? Le tiers-monde, c'est l'inefficacité. La Ligue arabe est morte. Comment existerait-elle ? Elle n'a pas d'ennemi commun. Pas même Israël.
    « Israël a un budget de guerre dément, qui fait de lui le satellite inéluctable de ceux qui l'aident. Israël est une plaie au flanc de l'Égypte.

    « Nasser a peur de Guy Mollet ? »
    « L'Égypte ? Nasser la voit talonnée par sa démographie. Comment mettre dans la tête des paysannes que les pilules existent, et dans la tête des paysans que les tracteurs existent ? Nasser avait cru qu'il ferait l'Egypte sur un parti. Il n'a pas su faire le parti et sa seule structure, c'est l'armée. Mais s'il faut employer l'armée à faire des exercices contre Israël, elle ne peut pas en même temps être le levain dans la pâte. Il m'a dit : "J'ai fait un pays, je n'ai pas fait un État."
    « Nasser n'a pas pu réussir un relèvement du niveau de vie. Quant à la culture... Dans un village près d'Assouan, j'ai vu une magnifique maison de la culture, mais rien dedans, de pauvres photos. On a construit une maison de la culture, mais pas ce qu'il faudrait pour qu'elle existe.
    « Pour l'Égypte de Nasser, la France, c'est deux choses : la Révolution française, et la fascination de votre personne et de votre destin.
    « Pourquoi la Révolution française, et pas la Révolution russe ? Parce que les problèmes de l'Égypte sont ceux de 1788 en France, non ceux de 1916 en Russie.
    GdG. — Vous voulez dire que leur prolétariat n'est pas industriel ?
    Malraux (coupé dans son élan, approuve d'un grognement et devient plus pratique). — Nasser tiendrait beaucoup à vous recevoir en Egypte et à venir en France. Il m'a dit : "Des parlementaires français en visite au Caire m'ont assuré que je serais bien reçu. Par le général de Gaulle, j'en suis certain. Mais par les autres ? "
    GdG. — Les autres ? Qui est-ce donc ? Il a peur de Guy Mollet 1 ? »

    « Les Israéliens vont-ils rompre le blocus par la force ? »
    Conseil du 24 mai 1967.
    Une crise qui risque fort de conduire à la guerre est en train de se nouer. « Cela a commencé, rappelle Couve, par des incidents entre la Syrie et Israël. La Syrie a invoqué la protection de la Russie, qui l'en a assurée. Là-dessus, Nasser a cherché à remettre en cause la libre circulation dans le golfe d'Akaba, c'est-à-dire en fait

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