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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Nord-Vietnam de s'asseoir à une table de conférence. Couve : « Sa décision a eu un grand retentissement, mais surtout aux États-Unis. Elle ne peut manquer de préluder à un changement dans leur politique.
    GdG. — Le retentissement est à l'intérieur de l'opinion, et c'était bien à elle que Johnson pensait d'abord. C'est un politicien. On s'est beaucoup occupé du retentissement de la décision dans ce qu'il est convenu d'appeler l'opinion. Les conséquences électorales, les réactions de la presse. Voilà ce que cette espèce de gens voient en pareille matière, voilà ce qui les préoccupe.
    « Personnellement j'y ai vu autre chose. J'y ai vu le commencement de la retraite. La " désescalade ", c'est le commencement de la retraite. Et c'est bien comme ça que ça a été senti dans le monde entier.
    « Il est vrai que ce qui paraît au-dehors, l'arrêt des bombardements, a été partiel et conditionnel. Et donc cela ne suffira certainement pas, vis-à-vis du Vietnam du Nord.
    « Mais enfin, c'est un pas vers la paix, dont on ne peut méconnaître l'importance, le prix qu'il a coûté. Je l'ai ressenti comme tel.
    « Tout compris, compte tenu des crispations qui paralysent, je considère ce que Johnson a fait comme un acte de raison, comme un geste de courage politique. »

    Ce même 3 avril, le Vietnam annonce qu'il accepte le principe de conversations immédiates et directes avec les États-Unis.

    Conseil du 8 mai 1968.
    Couve : « La diplomatie a saisi la chance que la décision de Johnson avait présentée. Des discussions souterraines ont eu lieu. Elles ont abouti, le 3 mai, à la décision d'une rencontre entre les deux adversaires, et que cette rencontre aura lieu à Paris. Elle doit s'ouvrir le 10 mai. Il faut lui offrir les facilités nécessaires. L'ancien hôtel Majestic convient pour ce genre de réunions. Tout le monde n'a pas été content de ce choix ; les Américains auraient préféré, semble-t-il, qu'on mette à la disposition des négociateurs un château dans les environs de Paris.
    GdG. — Nous n'avions pas demandé qu'ils viennent. Ils s'installeront là où nous leur proposerons de le faire. »
    Ainsi vont s'ouvrir à Paris le 10 mai, rive droite, ces conversations pour lesquelles de Gaulle s'est tant battu ; pendant que, rive gauche, des militants formés dans les « comités Vietnam de base » partent à l'assaut du « pouvoir gaulliste ».

VI
    « LE QUÉBEC, C'EST NOTRE DEVOIR DE NOUS EN MÊLER »
    Octobre 1961 - Juillet 1968

Chapitre 1
    « UN JOUR OU L'AUTRE, LE QUÉBEC SERA LIBRE »
    En fin juillet 1967, le monde entier apprendra que de Gaulle encourage l'émancipation du Québec. La vague de stupeur déferlera. Non seulement sur les nations anglo-saxonnes, puis sur l'Europe. Non seulement sur le tiers-monde, où l'on n'avait jamais entendu parler de ce pays-là. Non seulement sur l'opposition en France, qui n'aurait pas espéré pareille aubaine. Non seulement sur la presse parisienne et provinciale. Mais sur les parlementaires de la majorité. Sur les ministres du cabinet Pompidou eux-mêmes.
    Pourtant, ceux qui, parmi ces derniers, avaient appartenu aux gouvernements du précédent septennat, auraient dû éviter de s'étrangler. Avaient-ils eu des distractions, quand le Général recevait le Premier ministre du Québec en 1961, ou pendant les Conseils des ministres des années suivantes ? S'ils avaient été plus attentifs, peut-être auraient-ils vu venir le grain. Peut-être aussi, dans les semaines qui précédèrent la visite décisive, une préparation de l'opinion, par des « indiscrétions calculées », aurait-elle pu éviter le choc frontal de la vague.
    Parmi les pages d'histoire que Charles de Gaulle a écrites, voici l'une des plus mal connues et des plus mal comprises, et pourtant des plus révélatrices. On n'en a retenu qu'une exclamation, alors que celle-ci fut l'aboutissement d'une longue maturation. C'est un des plus audacieux défis qu'il ait lancés : on y retrouve l'opiniâtreté, l'ambiguïté, le mystère, la capacité de forcer la note pour produire un effet que plus de modération aurait manqué.

    « Vous êtes les Canadiens français »
    Élysée, Salon des Beauvais, 5 octobre 1961.
    Le Général prononce à la fin du dîner un toast époustouflant. Il s'adresse à Jean Lesage, Premier ministre de la province de Québec, reçu avec les égards que le protocole réserve aux chefs d'un État souverain 1 . Tout occupé en ce moment à défendre

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