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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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moment où les conseils de révision disparaissent de la vie militaire, nous introduisons lesconseils de révision dans la vie scolaire. Même dans les conseils de révision, la porte reste ouverte. Comme les maires assistent au conseil de révision, les parents choisis doivent être des sortes de témoins.
    GdG. — Mais alors pourquoi faudrait-il les prendre dans les associations ? Elles ne seront là que pour nous embêter.
    AP. — Il y a deux grandes associations: l'une, majoritaire, qui effectivement ne cherche qu'à nous embêter, l'autre, minoritaire, qui nous est favorable, et si nous mettons deux parents, il pourrait y avoir un représentant de chaque association, ce qui serait une façon de mettre l'association minoritaire au niveau de la majoritaire. D'ailleurs nous ne sommes pas obligés de faire appel à des associations.

    « "Épanouissement ", c'est grandiloquent »
    GdG. — Une remarque encore. Votre histoire d'"épanouissement" à l'article 1. C'est bien grandiloquent. Pourquoi ne mettez-vous pas "développement" ?
    AP. — Je me permets d'insister. La présentation de ces textes est très importante. La notion d'épanouissement est capitale. Le mot rassurera sur notre état d'esprit positif. En outre, je crois profondément qu'il n'est pas inexact, car un enfant ne peut s'épanouir que dans un milieu conforme à ses aptitudes.
    GdG (sans me répondre). — Et puis, il faut que le décret précise les organismes, la composition du conseil d'orientation et les principes sur le statut des orienteurs. Le choix des orienteurs, leur qualité, c'est essentiel.
    Pompidou. — Il faudra vraiment faire attention à la présentation du texte. Les gens sont hostiles à l'affectation dans des établissements dont ils ne voudraient pas. Ainsi, en Auvergne, ils ne sont pas contents du transfert de leurs élèves dans un CEG même assez proche, car le CEG, c'est l'internat, et ils préféreraient que leurs gamins restent jusqu'à 16 ans à l'école primaire du village.
    GdG. — Je ne sais pas ce qui se passe en Auvergne, mais en Haute-Marne, ils acceptent bien que leurs gosses soient ramassés et transportés à Chaumont! »
    Le Conseil s'achève sur une nouvelle discussion à propos des associations de parents d'élèves.
    Pompidou: « Ce ne sont pas des parents de mauvais élèves, mais des professionnels de la représentation des parents d'élèves.
    GdG. — C'est comme l'UNEF. Toutes ces associations, c'est vous qui les faites en les reconnaissant.
    AP. — On m'accuse plutôt de les défaire en ce moment-ci, parce que je viens de signer une circulaire interdisant aux associations de parents d'élèves d'avoir leur siège dans des établissements, ce quileur permettait d'avoir toutes sortes d'avantages, notamment de pouvoir timbrer leur courrier gratuitement, etc.
    GdG. — Comment est-ce possible ? C'est un abus scandaleux. Comment pouvez-vous tolérer des choses pareilles? Les syndicats ne vous suffisent pas. Il faut maintenant que ce soient les parents qui noyautent l'administration !
    AP. — Justement, je ne les tolère pas. Mais ça ne se passe pas tout seul. À chaque jour suffit sa peine. »
    À la sortie, Donnedieu de Vabres, Tricot et moi, nous nous interrogeons sur l' « épanouissement ». Le Général a-t-il tranché pour ou contre? Je propose que l'on supprime le substantif, mais que l'on mette le verbe: « permettre aux élèves d'épanouir leur personnalité... »
    C'est développement qui finira par être inscrit sur la table du décret. Le Général avait raison: épanouissement était grandiloquent, et développement, plus sobre. Mais épanouissement était comme un mot de code qui aurait désarmé quelques oppositions. Peut-être est-ce parce qu'il le savait que le Général fut si attentif à éviter la « grandiloquence ».
    1 Voir Le Mal français, p. 367, où je décris le choc ressenti lors d'un séjour à Eton en 1947.
    2 Association animée par un trio : Marcel Bataillon, administrateur honoraire du Collège de France, le docteur André Berge, médecin et psychologue, François Walter, conseiller-maître à la Cour des comptes.
    3 Jean Capelle, né en 1909, recteur de 1949 à 1957, directeur de l'INSA de Lyon de 1957 à 1961, directeur général de l'organisation scolaire de 1961 à 1964, et alors professeur à la faculté des sciences de Nancy.

Chapitre 4
    POMPIDOU : « JE SUIS SURPRIS QU'IL N'Y AIT PAS PLUS DE DRAMES »
    Le 12 octobre 1967, deux jours avant le Conseil

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