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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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restreint, j'ai fait devant l'Inspection générale un discours qui présentait pour la première fois publiquement mon objectif de « rénovation pédagogique ».
    Depuis l'été, je réunis en effet régulièrement dans mon bureau un « groupe de travail ». Dans la plus grande discrétion, nous avons affiné, éprouvé et complété les idées avec lesquelles j'étais arrivé rue de Grenelle. Nous avons travaillé à en faire un ensemble cohérent. Certaines portent sur les méthodes, d'autres touchent à l'organisation scolaire ou au service des enseignants. Nous aboutissons à un plan de rénovation qui comporte 27 points, d'inégale portée certes, mais dont le tout constitue un bouleversement 1 .
    Je suis convaincu que l'orientation a sa place dans cet ensemble, et qu'ainsi présentée la réforme peut recevoir le minimum de consentement nécessaire.

    « C'est toujours la pagaille »
    Élysée, jeudi 30 novembre 1967.
    Ce soir, de Gaulle reçoit toute l'Éducation nationale. Nous avons passé beaucoup de temps à composer un échantillon de la « base ». En plus des obligatoires — directeurs, recteurs et présidents —, j'ai tenu à ce que le Général puisse rencontrer des chefs d'établissement et des enseignants « ordinaires ». Le Général, auprès duquel je me tiens (et cette fois je n'ai pas manqué d'être à l'heure !), accueille chacun à la porte du Salon des Colonnes. La file est interminable, mais pour rien au monde le Général n'imaginerait de se soustraire à cette obligation du maître de maison. Une fois la main serrée, les invités se pressent dans le Salon. Nous avons prévu de constituer des groupes — facultés, grandes écoles, primaire, collèges, technique, etc. — afin que le Général puisse ensuite aller de l'un à l'autre, pour un contact qui soit le plus fructueux possible. Mais dès que commence sa tournée, notre subtil dispositif cède et il n'y a plus de général que la cohue! Chacun se presse pour dire son mot ou écouter celui d'un plus chanceux. L'Élysée a-t-il jamaisconnu désordre plus chaleureux ? Le Général, qui, lui, a mémorisé ses repères, accomplit le trajet prévu, et, aux endroits convenus, lance ses questions : « Alors, les maternelles, comment ça va ? » Et ceux qui se trouvent là sont bien en peine de lui répondre. Le Général en prend son parti et me glisse avec un sourire: « Alors, l'Éducation nationale, c'est toujours la pagaille. »

    « Vos prévisions, c'est le Plan »
    C'est avec une certaine confiance que je prépare la réunion du Conseil supérieur de l'Éducation nationale, qui doit examiner les projets de décret sur l'orientation. Je reçois, quelques jours avant, mes principaux interlocuteurs, à commencer par James Marangé. Il « salue le dialogue » qui s'engage avec la FEN. Hors de mon cabinet, les propos sont moins positifs, et la séance du Conseil supérieur n'est pas facile. J'y présente et défends la réforme. Des amendements sont adoptés.
    Faut-il les rejeter, au motif que cet organe ne donne que des avis ? Je crois que certaines questions posées méritent une réponse. Ainsi s'ouvre une période un peu floue, où j'essaie d'obtenir des modifications et où Matignon comme l'Élysée trouvent que je traîne inutilement les pieds.

    Conseil du 10 janvier 1968.
    Je fais le point de l'orientation pour mes collègues. Sans entrer dans les péripéties de leur élaboration, je donne l'esprit des textes. Je conclus:
    AP : « Les facteurs individuels — les aptitudes — et les facteurs collectifs — l'évolution des emplois — doivent être intégrés dans l'orientation.
    Jeanneney. — La difficulté, c'est la prévision de l'emploi, non seulement en termes d'effectifs, mais même en termes de qualifications. Il faut prévoir à cet égard une dizaine d'années à l'avance. Il ne sera pas facile de répondre aux questions de l' ONIOP 2 !
    GdG. — Mais enfin, il ne faut pas inventer tout toujours. Vos prévisions, elles existent: c'est le Plan. Ou alors, à quoi sert-il ?
    AP. — D'autant plus que, au stade actuel de la réforme, il s'agit plutôt d'orienter entre des niveaux d'études — cycle long ou court — que de s'orienter dans le maquis des spécialités professionnelles.
    Jeanneney. — Alors, s'il ne s'agit pas d'orientation professionnelle, il vaudrait mieux rayer "professionnelle" du sigle de l'ONIOP.
    AP. — C'est quand même une orientation professionnelle dans la mesure où on a le choix entre

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