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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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titre du livre de Capelle, L'école de demain reste à faire, lui apparaît comme une insulte personnelle.

    « Tout ça n'a que trop traîné, beaucoup trop »
    Conseil restreint du mardi 14 novembre 1967.
    Mon scénario n'a pas fonctionné. La mise au point des textes créant les outils administratifs (l'office national, les services académiques, les centres d'information et d'orientation, les professeurs-conseillers) a mis plus de temps que je ne pensais.
    La pression est vive, au-dessus et au-dessous de moi, pour que les principes de l'orientation elle-même soient fixés sans plus attendre. Et de fait, les consultations nécessaires, des syndicats, des associations de parents, du Conseil supérieur de l'Éducation nationale, du Conseil d'État, réclament que l'on puisse décrire la coquille, mais aussi ce qu'il y aura dedans.
    Nous voici donc réunis autour du Général, avec un projet de texte sur la table.
    GdG : « Il faut en sortir. Tout ça n'a que trop traîné, beaucoup trop. On a pris des décisions, mais il n'y a pas eu de mise en forme jusqu'à présent. Va-t-on maintenant y arriver ? L'orientation est indispensable. D'ailleurs, elle entre dans l'esprit des gens. Il faut l'y faire entrer davantage encore en créant des faits irréversibles.
    AP. — Cette orientation qu'il faut faire, il ne faut pas la faire n'importe comment. Il faut prendre de grandes précautions. C'est explosif. Elle va à l'encontre de deux tendances puissantes :
    « 1. Un désir généralisé d'aller vers l'enseignement long, de préférence classique, considéré comme ouvrant les portes de la réussite. Le technique apparaît comme une voie inférieure. Il s'agit d'un contexte sociologique difficile à modifier.
    « 2. D'autre part, le sentiment profond que la décision sur l'avenir d'un enfant est une liberté fondamentale, un droit sacré des familles ; cela apparaît au public comme le rôle des familles de faire un pari sur l'enfant. Qu'une commission administrative se réserve ce pari, ce sera considéré par l'opinion comme une intolérable intrusion autocratique et technocratique.
    GdG. — Si vous voulez que tout le monde soit d'accord, vous n'y arriverez jamais. On ne progresse que par des faits accomplis auxquels les gens finissent par s'adapter. Il ne faut pas avoir peur, ni biaiser. Il faut y aller fermement, et tout le monde finira pas se faire à ces nécessités.
    AP. — Le dernier texte que vous avez signé à cet égard, celui du 6 janvier 1959, affirme un principe contraire, à l'article 10: "La famille reste libre de sa décision. " En outre, ce type d'orientation n'a été adopté nulle part et n'a, nulle part, fait ses preuves. En Russie, il y a un système de concours, mais pas de commission...

    « Nous prenons des décisions quand il y a problème »
    GdG (me coupant vivement). — Si, si, cela existe ailleurs. En Russie, c'est un système de concours beaucoup plus contraignant et beaucoup plus impératif puisqu'il n'y a pas de recours possible. Le système russe est incomparablement plus dur que celui que nous voulons instaurer. L'orientation, telle que nous souhaitons la mettre en place, est au contraire un long travail de réflexion sur la personnalité de l'enfant ; elle est plus libérale, plus coopérative. Si vous voulez mettre le système soviétique à la place du système souple que nous envisageons, vous verrez que ce sera beaucoup plus dur.
    « Nous avons vécu des siècles avec un système d'enseignement où on met à la porte ceux qui ne suivent pas. Et tout le monde s'en accommodait.
    « Mais les conditions ont profondément changé depuis 1959. Lesystème qui avait été alors mis en place a échoué. Il faut donc en mettre un autre en place. Si on ne fait rien, on est submergé. En outre, les progrès que nous avons faits au point de vue de l'implantation des établissements scolaires, les réformes de l'enseignement et l'évolution de la société conduisent aujourd'hui à une réponse nouvelle. (Sous-entendu ne me mettez pas en contradiction avec moi-même, c'est l'époque qui évolue.)
    AP. — La préparation de ce conseil a donné lieu, notamment dans les tout derniers jours, à un rapprochement des points de vue. Il ne reste plus guère que deux points importants à mettre bien au clair :
    « 1°) Le conseil d'orientation doit-il donner un avis ou prendre une décision? Je crois pour ma part inutile de qualifier de décision la délibération du conseil de l'orientation quand

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