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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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(...) Leur critique totale, leur complet irrespect de toute autorité et leurs interventions constantes ont accusé les contradictions des diverses tendances de l'AFGEN 12 . »
    La fiche reproduit la « Grappignole », « chant de guerre des Polonais de Nanterre », dont la dérision vise surtout ceux qui sont les plus proches des étudiants : Grappin, mais aussi Touraine et Lefebvre...

    17-18 février 1968.
    Trois cent cinquante ultra-gauchistes de la JCR ont participé, à Berlin, aux journées internationales de « solidarité avec la révolution vietnamienne », les 17 et 18 février. Ils se sont mis à l'école de la SDS de « Rudi le Rouge ».
    Ils mettront bientôt en pratique les leçons apprises ; leur agressivité antipolicière est remarquée par la préfecture, ainsi que leurs techniques, inédites encore sur le pavé parisien : surveillance des dispositifs policiers par des estafettes à mobylette, action démultipliée par petits commandos, « pas sauté », etc. Cela leur vaudra des succès sur une police ici ou là dépassée.

    Pompidou : « Traiter les manifestants en douceur, au lieu de déchaîner des colères de bébé »
    Matignon, 21 février 1968.
    Des manifestations multiples sont annoncées pour clôturer les « journées anti-impérialistes » : les « Comités Vietnam de base », prochinois, veulent défiler sur les Champs-Elysées ; Fouchet leur refuse l'autorisation. En revanche, il autorise une manifestation de l'UNEF et de la JCR au Quartier latin, le préfet de police se faisant fort d'en discuter les modalités avec les organisateurs. Le défilé du Quartier latin est tranquille. Mais les maoïstes ont bravé l'interdiction. Refoulés des Champs-Élysées, ils se dirigent vers l'ambassadedu Vietnam, écartent comme fétu de paille les quelques gardiens en faction et, en un clin d'oeil, couvrent la façade de graffitis rouges, hissent le drapeau vietcong, avant de s'envoler quand la police arrive enfin en force.
    Pompidou me dit le surlendemain, 23 février 1968, en sortant d'un Conseil restreint à l'Élysée : « Il est fort quand même, ce Grimaud. Il administre la preuve qu'il est préférable de négocier avec des manifestants pour obtenir d'eux l'engagement qu'ils soient corrects, plutôt que d'interdire les manifestations et se retrouver avec des coups tordus que personne n'avait prévus. C'est ce qu'il faut faire : dédramatiser, temporiser, traiter les manifestants en douceur, au lieu de déchaîner des colères de bébé. Voilà un préfet de police comme je les aime. »

    Nanterre, samedi 24 février 1968.
    Il faut que je me rende compte sur place de ce qu'est ce Nanterre dont on parle tant.
    Mais si je préviens de ma venue, les autorités voudront m'attendre. Il s'ensuivra à coup sûr du chahut, peut-être des bagarres. L'incident Missoffe suffit. Je décide donc ce samedi après-midi d'y aller incognito.
    Arrivé sur les lieux, mon chauffeur, un Africain, accepte de laisser sa voiture et de m'accompagner. Nous nous promenons longuement à pied entre le restaurant, les résidences universitaires, la piscine, les amphithéâtres et les salles de cours. Les étudiants sont rares. Ils ne me reconnaissent pas.
    La construction de la bibliothèque n'est pas encore achevée. La mise en chantier du centre socioculturel, que j'avais annoncée en mai dernier à l'Assemblée, après accord de Michel Debré, n'est pas encore commencée, le contrôleur financier bloquant obstinément les crédits.
    Est-ce cet environnement qui pousse les étudiants à la révolte ? Est-ce le sentiment d'y être en quelque sorte abandonnés, livrés à eux-mêmes ? Est-ce que l'environnement des professeurs et des assistants est trop lointain ? Ou au contraire est-il trop proche ? Comment ne pas s'interroger sur le contraste entre le calme de la faculté de droit, sur le même campus, où professeurs et étudiants sont modérés, et l'agitation chronique des sciences humaines, et particulièrement de la sociologie, où enseignent quelques éminents professeurs de révolution ?
    Quel paradoxe encore, que glisse à la dérive une faculté où tant de maîtres étaient venus autour de Grappin, avec leur enthousiasme et leur prestige : Jean Bastié, François Bourricaud, Éric de Dampierre, Henri Lefebvre, Annie Kriegel, Robert Merle, René Rémond, Paul Ricoeur. Tous désireux d'innover dans cette université neuve.
    Amiens, samedi 16 mars 1968.
    Le colloque d'Amiens, comme l'an dernier le colloque de

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