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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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en fait prochinois.
    « Le parti communiste hésite encore à suivre ou à précéder. On peut noter par exemple que le maire communiste de Nanterre a indiqué au doyen Grappin que le PC n'était pour rien dans les manifestations d'il y a deux semaines. Mais il paraît évident que si les choses devaient prendre de l'ampleur, le PC éviterait de se laisser déborder sur sa gauche.
    « Face à cette situation, et s'agissant de la liberté de circulation, il est malsain de prolonger une situation où le fait et le règlement s'accordent si peu. On a compté une fois les filles qui sortaient le matin d'un pavillon de garçons où elles n'avaient pas le droit d'entrer le soir : 132 ! Il vaut donc mieux se rapprocher de la réalité. Un nouveau règlement intérieur serait fondé sur une double distinction : garçons et filles, majeurs et mineurs. En aucun cas les garçons n'auraient le droit de visite chez les filles même majeures, les visites des filles majeures chez les garçons majeurs seraient seules autorisées. Tout le monde devrait être rentré chez soi à minuit.Quant aux mineurs et mineures, les parents seraient appelés à prendre leurs responsabilités en demandant, s'ils le veulent, le statut de majeur pour leur fils ou leur fille.
    « Pour l'avenir, l'expérience prouve que l'isolement des campus est facteur de macération et d'agitation, à défaut de pouvoir en faire des campus du type anglo-saxon où les professeurs vivent parmi leurs élèves. Il est bien préférable que les résidences universitaires soient intégrées dans un milieu urbain.
    « Enfin, après m'être entretenu avec le ministre de l'Intérieur, j'ai adressé hier aux recteurs des instructions précises sur les conditions d'appel éventuel aux forces de l'ordre.
    GdG. — Vos résidences, de toute façon, c'est l'anarchie. Ce mouvement d'agitation tient à la faiblesse des responsables. Tout le monde se couche. Personne n'a le courage de résister. Et le règlement n'est pas respecté. Vous proposez une solution, bien, mais elle ne sera pas mieux respectée. Si vous prenez des mesures, attendez la fin du mouvement, sinon rien ne sera appliqué.
    Fouchet. — L'agitation ne se circonscrit pas aux résidences. Nous voyons apparaître chez les jeunes des mouvements organisés et brutaux, mais insaisissables. Cette brutalité est un fait nouveau. Le parti communiste se sent débordé sur sa gauche. Avec lui, on peut se mettre d'accord pour l'ordre. Mais avec eux ?
    Pompidou. — Il y a un peu de confusion et il faut distinguer. Il y a les problèmes particuliers des jeunes. Les campus agglomèrent les jeunes hors des villes. Si on fait des campus, la liberté sexuelle est inévitable. C'est la liberté des moeurs, comme chez les Scandinaves. Il faut que le ministre de l'Éducation nationale fasse une politique de campus, ou alors, il faut mélanger les étudiants à la vie de la ville.
    AP. — La politique des campus, elle est faite, hélas ! Tout ce qu'on a construit dans les années récentes, ce sont des campus. Il y en a déjà 23...
    Pompidou. — Il y a un climat de contestation, de violence ; c'est le fait de la jeunesse d'aujourd'hui. Et il y a un mouvement d'extrême gauche, trotskiste. On le retrouve à l'étranger. Il y a des moyens et des organisations. Elles agissent de façon concertée et simultanée. Contre ce mouvement, il ne faut hésiter en aucun cas à y aller fermement. »

    Nanterre, mercredi 14 février 1968.
    Selon la police, la jonction s'est opérée entre militants de l'UNEF et militants de la FRUF, sur un objectif commun : « obtention des libertés syndicales et politiques ». Une manifestation en ce sens est prévue demain, dans le « hall B », à midi, heure de sortie des examens partiels, ce qui assure un large public : il pourrait y avoir un millier d'étudiants.
    La préfecture, curieusement, semble renvoyer à l'administration la responsabilité des désordres éventuels : « La moindre faussemanoeuvre pourrait déclencher la violence et donner du poids aux incitations des extrémistes. » Ces incitations sont pourtant bien inquiétantes : « Les étudiants du CLER 9 prônent une irruption massive des protestataires jusque dans le bureau du doyen. »
    Le soir du 14, sur instructions du directeur de la résidence, « les responsables des loges ont laissé faire : une centaine de militants ont fait sauter les portes des deux pavillons de filles et sont entrés en force. Ils y sont restés jusqu'à 22

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