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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vous pas qu'il faudrait un vice-recteur, dont toute la tâche serait de veiller à la vie quotidienne et au bon ordre de cet ensemble, chaque doyen étant rendu à sa tâche naturelle, c'est-à-dire la gestion des enseignements ?
    Grappin. — Quel soulagement ce serait pour moi ! J'y avais pensé moi-même, je ne demanderais que ça. »
    Les incidents se poursuivent à Nanterre, qui opposent maintenant les marginaux de tous bords — communistes, gauchistes, légalistes de la FNEF, fiers-à-bras d'Occident 19 . L'accumulation et l'imprévisibilité des menus incidents de cette guérilla suffisent à troubler la vie normale de la faculté et de la résidence.

    « Des mouvements subversifs, ces gamins, ces rigolos ? »
    Salon doré, 25 mars 1968.
    Le Général m'interroge. Je le sens, non pas inquiet, mais intrigué.
    GdG : « Pourquoi ces étudiants s'agitent-ils autant ? Qu'est-ce qui les fait courir ?
    AP. — Ce sont des marxistes qui considèrent que les communistes sont des révolutionnaires en peau de lapin. Eux, ils sont lesvrais. Ils veulent faire la révolution, et pas seulement en parler. Ils la veulent tout de suite, et pas aux calendes grecques.
    GdG. — Leurs manifs , faut-il les tolérer ou les interdire ?
    AP. — Tout dépend. Il me semble qu'il faut les interdire dans l'enceinte de l'université, qui doit rester neutre. Mais hors de l'université, à la Mutualité ou même dans la rue, on peut les tolérer, si l'on peut s'assurer avec les organisateurs que leurs cortèges ne dégénéreront pas. Mais ce n'est pas mon affaire, c'est celle de Fouchet et de Grimaud. Eux, ils sont plutôt pour la tolérance.
    GdG. — Et vous, que voulez-vous faire pratiquement ?
    AP. — Que puis-je faire ? Les autorités universitaires, le recteur et les doyens, répugnent à prendre les mesures de force — qu'ils n'auraient d'ailleurs pas les moyens d'appliquer — s'ils ne trouvent pas un consensus dans les conseils d'université. Or, les professeurs sont divisés, faucons et colombes. Le système de l'université libérale repose sur l'idée que chacun, professeur ou étudiant, respecte les règles, joue le jeu. Or, justement, ils ne respectent rien, ils provoquent l'autorité. L'Université ne dispose pas de défenses immunitaires pour se protéger de ces gens qui veulent la détruire.
    GdG. — Alors, que proposez-vous ?
    AP. — Il me semble que la police et la justice devraient pouvoir faire le nécessaire. Elles nous ont efficacement débarrassés de l'OAS ; pourquoi ne nous débarrasseraient-elles pas des gauchistes ? Elles ont les moyens de les accabler de perquisitions, de filatures, d'écoutes téléphoniques, de saisir leurs archives, bref de les pourchasser, de les paralyser, de leur faire peur. Ça n' est pas mon domaine, mais à quoi sert la Cour de sûreté de l'État, si ce n'est pas à éliminer les mouvements subversifs ? Or, ce sont des mouvements subversifs.
    GdG. — Vous croyez ? Ces gamins ? Ces rigolos ? Enfin, j'en parlerai au Premier ministre. »

    Nanterre, jeudi 28 mars 1968.
    Les professeurs excédés soutiennent la décision du doyen de fermer Nanterre jusqu'à lundi prochain, d'autant plus qu'est annoncée pour le 29 une grande « journée anti-impérialiste ».

    Nanterre, vendredi 29 mars 1968.
    Les gauchistes de Nanterre renoncent à forcer les portes fermées de la faculté, mais ils se transportent à Paris et, bien que le recteur Roche ait fait fermer les accès du grand amphithéâtre de la Sorbonne, ils y pénètrent à l'aide de fausses clés. Ils y tiennent séance, et annoncent que la grande journée du 29 est reportée au mardi 2 avril — toujours à Nanterre.
    Fermeture provisoire de Nanterre, transfert de l'agitation à la Sorbonne : étrange anticipation de la séquence du 3 mai, mais sur un mode mineur, dont nous nous accommodons.

    Pompidou : « Ça ne peut pas continuer comme ça ! »
    Déjeuner à Matignon, lundi 1 er avril 1968.
    Le Général, comme promis, a dû parler à Pompidou : mais la boucle se referme sur moi.
    Pompidou (irrité) : « Écoutez, j'ai été étudiant autrefois. J' ai défilé, j'ai manifesté, j'ai même fait le coup de poing. Mais jamais je n' ai vu de pareils désordres. Ça ne peut pas continuer comme ça ! Il n'est pas possible d'accepter que des commandos d'énergumènes interrompent un cours ou occupent un bâtiment universitaire pendant la nuit. »
    Je lui apprends ce dont nous sommes convenus, Fouchet et moi. Nous préparons les

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