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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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en main : il obtient de sa quinzaine de « faucons » qu'ils retirent leur motion. Point d'ultimatum, donc, et point de menace d'une absurde grève symbolique.
    22-25 avril 1968.
    Au Quartier latin, Occident saccage le siège de l'UNEF le 21, les locaux du Comité Vietnam national le 22 et lance une grenade dans les bureaux de l'UNEF le 24.
    Le 23, les gauchistes répliquent en saccageant les locaux de la FNEF et récidivent le 25. Un étudiant, adhérent de la FNEF, Hubert de Kervenoaël, est molesté, blessé et volé. Il porte plainte contre Cohn-Bendit, qui serait le chef du commando.
    Tantôt à Paris, tantôt à Nanterre, celui-ci est devenu une vedette : ses colères parsemées de facéties enfièvrent les amphithéâtres et provoquent les fous rires. Comme les professeurs sont ternes et ennuyeux en comparaison !

    Paris, mardi 23 avril 1968.
    La note de la préfecture de police de ce jour revient sur l'assemblée générale de l'UNEF. Elle remarque drôlement : « Le 17 mars pour une réunion à Colombes, le bureau national de l'UNEF avait dû recourir aux bons offices des communistes orthodoxes pour mettre en échec les entreprises des militants du CLER 9 . Paradoxalement, ce furent ces mêmes militants du CLER qui, le 21 avril, assurèrent le service d'ordre de l'assemblée générale. Ce renversement permet de mesurer les progrès, en quelques semaines, des éléments révolutionnaires au sein de l'UNEF, dont ils détiennent pratiquement la maîtrise. » Cette situation inquiète le rédacteur de la note, qui paraît souhaiter une reprise en mains par le PC.

    Nanterre, même jour.
    Le comité d'organisation du « Mouvement du 22 mars » écrit au doyen Grappin :
    « Monsieur le Doyen, le Mouvement du 22 mars a décidé de tenir le vendredi 26 avril un meeting général. En conséquence, iloccupe à partir de 14 h l' amphithéâtre B1, seul capable de contenir tous ses membres. Nous vous prions donc de veiller à assurer la libre disposition de cet amphithéâtre. »

    Ainsi, Cohn-Bendit envoie ses ordres au doyen, il choisit ses amphithéâtres : le doyen Grappin n'aura qu'à s'exécuter.

    Nanterre, vendredi 26 avril 1968.
    Dans l'après-midi, à Nanterre, Cohn-Bendit empêche la tenue d'une conférence du député communiste Juquin — dans un amphithéâtre où 150 étudiants se sont réunis, mais où les communistes orthodoxes sont minoritaires. Cohn-Bendit a accueilli Juquin qui lui a serré la main : « Quel événement, un communiste qui serre la main d'un homme de gauche. » Juquin a répondu : « Je ne serre pas la main d'un homme de gauche, mais d'un étudiant. » Il n'a pas pu parler et a dû quitter les lieux, blanc de rage, en disant aux journalistes : « Je reviendrai, je vous l'assure. »
    En revanche, Cohn-Bendit laisse se dérouler, dans l'amphi surnommé Che Guevara, une conférence de Laurent Schwartz. Celui-ci a débuté ainsi : « Camarades, les révolutions commencent toujours grâce aux étudiants. » Ensuite Cohn-Bendit l'a traité de « salaud » en raison de sa prise de position en faveur de la sélection dans les facultés.
    Laurent Schwartz confie à une journaliste de France-Soir, Nicole Duhot : « Je n'y comprends rien ; je me demande ce que veulent ces étudiants. »
    Le savent-ils eux-mêmes ? Claude Gambiez du Figaro nous rapporte des propos de Cohn-Bendit : « De nombreuses divergences éclatent de toute part. Les manifestations vont aller en régressant, à cause des examens, parce que les étudiants ont peur d'être recalés. » Cohn-Bendit doute de réussir à boycotter les examens.

    Mais voici un appui qui vient des enseignants. La section SNESup-Sciences humaines de Nanterre vote une motion de ralliement à « l'université critique » à l'allemande :
    « Le mouvement étudiant exprime une crise réelle et générale de nos sociétés. L'Université actuelle se caractérise comme une Université de classe. (...) La pratique critique universitaire est inséparable d'une pratique critique sociale généralisée. Elle doit s'articuler sur tous les autres aspects de la lutte révolutionnaire de classe, donc en premier lieu sur les luttes ouvrières. »

    Vendredi 26 avril 1968.
    À Nanterre, le Mouvement du 22 mars diffuse un Bulletin n° 5494 bis (sic) fort explicite sur l'idéologie et les arrière-penséesdes « enragés ». Après vingt pages qui exaltent les luttes anti-impérialistes, les luttes dans les pays de l'Est, la culture créative, l'université

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