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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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perturberaient les examens feront l'objet d'une procédure de flagrant délit et exclus définitivement de l'Université.
    Paris, samedi 6 avril 1968.
    Le secrétaire général de la police, Jacques Aubert, nous informe qu'un dossier constitué sur Cohn-Bendit à propos de l'affaire de la Cinémathèque 6 doit permettre de servir de fondement à une opération d'expulsion. Nous lui confirmons que nous n'y verrons naturellement aucune objection.
    Paris, vendredi 12 avril 1968.
    Pelletier, mon directeur de cabinet, rappelle Aubert pour savoir où l'on en est. On lui indique que la police a été amenée à négocier avec Cohn-Bendit pour obtenir que la manifestation, décidée pour protester devant l'ambassade d'Allemagne contre l'attentat de Dutschke 7 , se déroule dans le calme. Il est impossible d'expulser quelqu'un avec qui on négocie.
    Paris, jeudi 18 avril 1968.
    Domerg 8 se plaint auprès de Pelletier du laxisme de Grappin. Il souligne que si cette ligne de conduite se poursuit, on sera devant une situation irréversible. Pelletier lui répond que les mobiles des agitateurs dépassent de loin le cadre de l'université : en définitive, la fermeté, c'est l'envoi de 500 CRS à Nanterre ; la décision nous échappe.
    La fiche de police de ce jour annonce que l'UNEF appelle à manifester demain soir au Quartier latin. Elle se joint ainsi à l'initiativede la JCR de Krivine. On peut s'inquiéter de ce rapprochement entre l'UNEF et la JCR, c'est-à-dire les gauchistes les plus actifs et les plus proches des « enragés ».
    Au cours d'un meeting tenu à Nanterre, Cohn-Bendit a reproché au parti communiste français de « soutenir les étudiants et le Vietnam uniquement par de belles paroles », et a annoncé que la manifestation de demain au Quartier latin « sera marquée d'actes de violence ».
    L'Union des étudiants communistes prépare une autre manifestation pour le lundi 22 avril « contre l'agression américaine au Vietnam ».
    Il est d'ailleurs singulier que nous soyons prévenus par la préfecture de police de meetings qui se tiennent dans des bâtiments universitaires. Je prie Pelletier de demander au recteur et aux doyens de nous prévenir de meetings qui deviennent parfaitement inacceptables.
    Vendredi 19 avril 1968.
    C'est à la fois la rentrée universitaire, après les congés de Pâques, et la rentrée protestataire.
    Au Quartier latin, une manifestation spontanée rassemble de 1 500 à 2 000 militants conduits par Cohn-Bendit, Krivine et les animateurs des CAL — les Comités d'action lycéens. Sept drapeaux rouges en tête, trois drapeaux noirs en queue. Ils se promènent dans tout le Quartier latin, comme pour en prendre possession. Quelques projectiles sont lancés contre une voiture de la police. Le ministère de l'Intérieur n'en paraît pas ému.
    Seize professeurs de la faculté des lettres de Nanterre, ceux qu'on appelle les « faucons », signent une motion qui laisse planer la menace d'une grève si l'ordre n'est pas rétabli : ainsi la seule résistance envisagée ou envisageable, ce serait de rester chez soi ! Les faucons ne sont pas près de s'abattre sur leur proie.

    Sorbonne, dimanche 21 avril 1968.
    Assemblée générale extraordinaire de l'UNEF, tenue de 15 heures à minuit dans une annexe de la Sorbonne. C'est la grande explication entre deux tendances devenues inconciliables.
    Au terme d'une journée de violences, verbales ou non, seule l'intervention de la police a permis de séparer les adversaires. C'est sous sa protection que les délégués de l'UNEF ont quitté la salle à minuit, sans avoir pu achever leurs travaux.
    Le président de l'UNEF, Perraud, a donné sa démission pour « raisons de convenances personnelles ». En fait, parce que le bureau national le trouve trop mou. L'actuel vice-président, Sauvageot, auquel on ne fait pas le même reproche, le remplacera provisoirement jusqu'à la prochaine assemblée générale, prévue pour juin.
    Nanterre, lundi 22 avril 1968.
    La rentrée bat son plein ! Un examen partiel de sociologie se passe dans le désordre. Une fiche de la PP raconte : « Dans la première heure, les étudiants ont composé en communiquant entre eux et, vers 15 heures, le professeur a annoncé que l'examen se ferait avec le secours des polycopiés. Ces documents ont été acheminés jusqu'aux candidats par les soins des responsables de l'UNEF et chacun a pu ainsi poursuivre son travail avec le cours sous les yeux. »
    Grappin reprend son conseil

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