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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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fermement.
    AP. — Fermeté, je ne demande que ça, c'est plutôt dans mon tempérament, mais fermeté par quels moyens ? Avec quel bras séculier ? Nous sommes dans une situation que personne ne peut gérer. Le maintien de l'ordre et la police des facultés appartiennent au doyen. La preuve a été faite à Nanterre même, fin janvier, que si on faisait appel à la police, les étudiants, "enragés" ou pas, se rassemblaient pour la bouter hors du campus. De toute façon, le conseil des professeurs y est hostile, et Grappin ne veut rien faire contre ses collègues. Qui peut empêcher les "enragés" d'envahir les amphis ? Le doyen, son assesseur et leur petit personnel en sont totalement incapables. Des appariteurs musclés ? Les Finances ne veulent pas en entendre parler, en tout cas pas avant la rentrée.
    Pompidou. — Écoutez, je ne peux pas entrer dans les détails... Je vous signale seulement un élément nouveau qui devrait vous permettre de secouer l'aboulie générale. Les communistes, qui sont nos adversaires partout, deviennent cette fois nos alliés ! C'est un changement considérable. Il faut en profiter.
    AP. — Ce que j'espère, c'est qu'au prix de deux ou trois jours de suspension de cours de-ci de-là, comme il y a un mois, nous pourrons atteindre le mois de juin. Et alors, tout est paré pour "nettoyer la casbah" de la résidence universitaire, pour ne pas maintenir à Nanterre les "enragés" qui se seront fait remarquer, ou les étudiants qui auront été collés ou ne se seront pas présentés aux examens.

    Pompidou. — Tâchez d'agir vite. La volte-face des communistes est une occasion à ne pas rater.
    AP. — Justement, nous allons vers une épreuve de force. Huit "enragés" parmi les plus excités vont recevoir demain, ou au plus tard après-demain, une lettre recommandée qui leur a été adressée hier, les inculpant et les convoquant devant la commission disciplinaire à la Sorbonne le 6 mai, avec jugement définitif par le conseil de l'Université le 10 mai.
    Pompidou. — Avez-vous pris vos précautions ? Les universitaires ne vont pas se dégonfler ?
    AP. — Mais oui, je reçois personnellement un par un les principaux membres de la commission disciplinaire, à commencer par le rapporteur, Flacelière 1 . Le 10 mai, ces " enragés " devraient être exclus de l'université et en conséquence, dès le 11 mai, Cohn-Bendit expulsé, selon le pacte conclu avec Fouchet. Ce qu'on peut craindre, évidemment, c'est qu'ils suscitent un tumulte avant de se laisser condamner.

    Pompidou : « Quand les communistes sont avec nous, nous n'avons rien à craindre »
    Pompidou. — Justement, ne reculez pas ! J'ai des informations très précises, vous voyez ce que je veux dire, sur l'attitude des communistes à leur égard. Ils ne pardonnent pas à Cohn-Bendit d'avoir empêché Juquin de parler et de l'avoir chassé de l' amphithéâtre de Nanterre, ni d'avoir traité Laurent Schwartz de " salaud" parce qu'il est favorable à la sélection. Les " enragés " ont commis là deux fautes majeures. Le PC est décidé à les matraquer. Regardez de près L'Huma de demain matin. Alors, c'est le moment d'être ferme. Quand les communistes sont avec nous, nous n'avons rien à craindre.
    AP. — Je ne demande pas mieux, mais je vous rappelle que j'ai demandé maintes fois à l'Intérieur d'expulser Cohn-Bendit. Vous avez vous-même consenti à le libérer, alors qu'il y avait, à mon avis, dix motifs plutôt qu'un pour le placer en garde à vue.
    Pompidou (agacé). — Vous n'êtes pas ministre de l'Intérieur ni de la Justice. Vous êtes ministre de l'Education nationale. Ne cherchez pas à prendre vos collègues à revers. Ni Fouchet, ni Grimaud, ni à plus forte raison Joxe n'estimaient possible d'arrêter Cohn-Bendit ; ils considéraient que son arrestation exacerberait les troubles au lieu de les calmer. Il faut donc que les universitaires prennent leurs responsabilités, ce dont ils ont horreur. C'est à vous de les mettre au pied du mur.
    AP. — Flacelière m'a promis de faire une réquisition "foudroyante" contre Cohn-Bendit et ses acolytes. Mais il ne peut pas me garantir le vote de ses collègues. Je fais ce que je peux, mais je peux très peu. Je suis convaincu que nous ne nous débarrasserons pas de ces trublions tant qu'on n'y mettra pas les moyens de souveraineté, y compris la Cour de sûreté. Les professeurs ne sont pas faits pour ce travail. »
    Pompidou, visiblement mécontent, conclut : «

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