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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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du 2 mars 1966.
    Pompidou décrit la mise en place des comités chargés d'éclairer l'exécution du Plan. Il y en aura trois : l'un sur le développement industriel, et le commissaire au Plan, Ortoli 2 , en est directement chargé ; un autre, que Simon Nora 3 préside, sur les entreprisespubliques ; le troisième — comité Lasry 4 — sur les coûts et le rendement des services publics : « Il y a déjà eu dans ce domaine des travaux considérables, mais on y trouve plus matière à de fort belles thèses, qu'idées de décisions pratiques. »
    Il y a un brin d'ironie dans son propos, comme s'il ne croyait qu'à moitié à cette machinerie de réflexion. Le Général a dû la ressentir, car il se charge d'y insuffler du volontarisme :
    GdG : « Pourquoi parle-t-on de ces comités ? Parce qu'on s'est aperçu, et d'abord quand on parle du budget, ou du Plan, que, au sommet, on n'est informé des réalités que d'une manière trop partielle, ou trop... démultipliée.
    « Sur les entreprises publiques, il y a sans aucun doute beaucoup de réformes à faire. Le comité devra nous informer en général, et moi-même en particulier, de ce qui ne va pas. Quant au budget, la préparation ne met en cause que 7 à 8 % de la dépense publique, comme s'il n'y avait rien à reprendre dans les 92 % qui restent ! Naturellement, il y a quelque chose à reprendre dans le reste. Or on ne fait jamais rien de tel. La preuve que les économies peuvent se faire, c'est que tout à coup, au dernier moment de la préparation, ou même en cours d'exécution, on décide des réductions aveugles et forfaitaires. Et ça marche tout de même. On ne cherche pas ces économies, voilà le vrai. Il faut chercher systématiquement.
    « Vous avez donné les noms des rapporteurs et des membres des comités. Je n'ai pas d'objection. Mais ce sont des gens très "managés", comme on dit. Il en faut, mais vous devriez trouver aussi des hommes d'imagination, des hommes qui s'agitent, et qui ne risquent rien à demander des réformes. »

    « Nous ne pouvons pas nous en remettre à l'abnégation de messieurs les PDG et de leur famille ! »
    Conseil du 9 mars 1966.
    Debré expose sa préoccupation vis-à-vis des investissements étrangers, facilités par la liberté des mouvements de capitaux : « Il y a des secteurs où les capitaux étrangers sont les bienvenus, les chantiers navals par exemple. D'autres, les secteurs stratégiquement sensibles, où ils sont dangereux. Il faut aussi prendre en considération le fait que si nous n'acceptons pas que les industriels s'installent chez nous, ils s'installent de l'autre côté de la frontière. En conséquence, je propose la création d'un comité interministériel, que je présiderais. Il s'occuperait de proposer une stratégie au gouvernement, sachant qu'il est difficile de concevoir une réglementation dans ce domaine.
    GdG. — Naturellement, il faut savoir ce qui se passe, c'est la moindre des choses. Mais il faut aussi une politique. Ça passe par une réglementation. Vous ne l'éviterez pas, tant l'enjeu est important.

    « Le but n'est pas de tarir les sources de capitaux étrangers, mais d'empêcher l'industrie française de tomber entre des mains étrangères, pour ce qui est de leur gestion. Il faut empêcher des directions étrangères de s'emparer de nos industries. C'est déjà le cas, par exemple, pour les industries alimentaires.
    « Nous ne pouvons pas nous en remettre à l'abnégation ou au patriotisme de messieurs les PDG et de leur famille, n'est-ce pas ? Il est trop commode pour les capitaux étrangers de les acheter, de payer en bons dollars les fils et les gendres...
    Debré. — ...et les épouses...
    GdG. — Voilà pourquoi vous aurez besoin d'une réglementation. Elle devra d'ailleurs s'étendre à l'ensemble du Marché commun. Nous aurons à l'exiger. C'est une affaire importante. Votre comité n'est qu'un louable petit commencement. »
    Il a bien vu le double obstacle qu'élève devant lui la logique du traité de Rome. Habilement, il ne parle pas en termes de capitaux, mais de gestion. Il ne repousse pas les investissements en capital, mais les prises de commandement. Et il sait bien qu'une réglementation en ce sens n'aura sa pleine efficacité que si elle est partagée par tous les partenaires du Marché commun.
    Mais comment distinguer le capital qui investit, du capital qui veut commander ? Comment dissocier la propriété et la gestion ? Ces distinctions jésuitiques montrent

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