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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3
Autoren: Alain Peyrefitte
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mandat des hommes politiques qui ont assumé la paternité de ce projet.
    Pompidou. — Il sera important que l'on signale à l'opinion la portée de ces mesures apparemment techniques. Nous procédons à une libéralisation qui traduit notre redressement financier. Voilà ce qu'il faut expliquer. En revanche, le Marché commun comporte des dangers, c'est vrai, et il faut y penser. Mais il ne faut pas en parler à l'extérieur. »
    Le Général regarde froidement son Premier ministre, mais reste imperturbable. Je ne serais pas surpris qu'il trouve cette phrase caractéristique de la construction européenne dans ce qu'il lui trouve de désagréable : pensez-y toujours, n'en parlez jamais, faites-la sans en parler.

    « À l'étranger on constate le redressement de la France »
    Conseil du 11 janvier 1967.
    Est-ce l'approche des élections ? Debré, qui n'a ni projet de loi ni budget à présenter, nous dresse un panorama très complet et plutôt favorable de l'économie : « Cela dit, il y a des préoccupations : le bâtiment, l'accroissement du chômage 6 , des investissementsindustriels un peu inférieurs aux prévisions du Plan, c'est-à-dire une épargne qui fuit les valeurs mobilières, un commerce extérieur fragile.
    GdG. — Nous sommes, comme nos voisins, dans une période d'expansion modérée. Les résultats ne peuvent être mirobolants, mais ils sont convenables, en particulier pour ce qui est de la productivité et de l'investissement. Nous avons nos points noirs. C'est le budget, qu'il faut maîtriser sans cesse, et les déficits qui vont avec. Nous avons des lignes d'effort prioritaire : c'est la formation professionnelle et c'est le développement des exportations.
    AP. — Aux points noirs, il faut ajouter le déficit croissant de notre balance technologique.
    GdG (balayant cette observation mal venue, puisqu'il allait conclure de façon positive). — De toutes parts à l'étranger, on constate le redressement économique de la France, et il arrive qu'on y applaudisse, parce que tout le monde a besoin d'une France qui marche. Nous pouvons avoir confiance. On ne gouverne pas avec des mais. »
    Nous nous regardons à travers la table. Hier, Giscard a exprimé son « Oui, mais » à la politique du gouvernement 7 . La réponse du Général ne s'est pas fait attendre. Nul doute que le mot sortira d'ici. Il fera mouche...

    « On n'empêchera pas les administrations d'être des administrations, mais il faut que les ministres soient des ministres »
    Conseil du 15 février 1967.
    Chambrun 8 nous fait un tableau critique du commerce extérieur, dont il a la charge : « Au sein de l'administration, il existe deux écoles de pensée qui ne cessent de se disputer, l'école conjoncturelle et l'école structurelle. Du côté du patronat, une sorte d'allergie au commerce demeure. M. Villiers 9 ne connaissait pas les dirigeants des grands magasins. Même les commerçants se règlent sur le marché intérieur, ils sont passifs sur l'extérieur.Renault est le premier exportateur français, mais ce n'est certes pas par la vertu de son conseil d'administration, où ne siège personne qui ait la moindre idée du commerce extérieur. On ne mesure pas souvent l'incidence de telle ou telle mesure. On fait de la propagande pour la consommation de poisson, ça marche, et du coup les importations de poisson augmentent. Pour redresser la situation, les propositions sont multiples : créer un vrai service de l'expansion économique, agir sur la formation professionnelle, par exemple dans le domaine des langues, mobiliser l'ORTF qui se dérobe, développer des sociétés commerciales, etc.
    GdG. — Je vous remercie de cette communication très intéressante. (Pour le Général, une communication est très intéressante quand elle est à la fois critique et constructive, qu'il apprend des choses et qu'il sent un désir d'agir.) Messieurs ? »
    Des ministres impréparés avancent quelques suggestions improvisées. Le Général conclut.
    GdG : « Notre protectionnisme national d'autrefois cède la place à un protectionnisme du Marché commun. Ça ne vaut pas beaucoup mieux. Il faut s'organiser pour devenir exportateur.
    « Les administrations ont des écoles de pensée contradictoires ? On n'empêchera pas les administrations d'être des administrations, mais il faut que les ministres soient des ministres. Il y a du laisser-aller dans les administrations, dans les entreprises nationalisées. C'est une question de
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