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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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nous mettons rapidement d'accord sur le processus annoncé à l'Assemblée avant-hier et que le trio de meneurs a bloqué hier. Il faut que ceux-ci renoncent à leur menace d' « occuper la Sorbonne jour et nuit ». Les « trois préalables » posés peuvent être levés, si les conditions que nous prévoyons ensemble sont acceptées : contrôle des cartes d'étudiants pour les entrées à la Sorbonne, stationnement d'un car de gardiens de la paix dans la rue pour éviter l'irruption d'un commando, et maintien, pendant quarante-huit heures, d'un minimum de forces de l'ordre, jusqu'au retour au calme.
    Ils sont à peine repartis, vers 20 heures, que Joxe m'annonce au téléphone qu'il vient de charger M e Sarda, son ami de longue date, gaulliste de gauche, avocat de l'UNEF et du SNESup ainsi que de Cohn-Bendit, de négocier un accord. « Il a l'aval du "château". » Je le préviens que j'ai confié une mission de bons offices aux deux dirigeants de la FEN. Il renâcle : « On ne peut pas mener deux négociations en parallèle !
    AP — Deux précautions valent mieux qu'une. Les chances d'aboutir ne sont pas grandes ! Les trois leaders sont plus enragés l'un que l'autre. Il vaut mieux courir ces deux chances à la fois. »

    Joxe : « Nous coordonnerons les pourparlers »
    Joxe se rend à mes raisons, mais en compensation, me prend en otage : il me demande de le rejoindre, de manière que nous nous trouvions côte à côte, si l'un de nos pêcheurs ramène son poisson : « Le plus simple est que vous veniez ici et nous coordonnerons les pourparlers. » Je me rends aussitôt place Vendôme.
    Nous arrêtons un scénario. J'appelle Roche pour lui demander de recevoir une délégation du SNESup et de l'UNEF qui lui sera amenée par M e Sarda. Il suffira qu'elle confirme son accord sur nos trois concessions et nos contreparties, et qu'elle l'annonce à la sortie. Le commissaire de police du V e arrondissement est chargé d'aller chercher cette délégation autour de la Sorbonne et de la conduire jusqu'au recteur en franchissant le service d'ordre. Nous rédigeons la déclaration que devraient faire les représentants de l'UNEF et du SNESup après leur rencontre avec le recteur : « Devant l'affirmation de notre désir de voir les cours reprendre normalement à la Sorbonne et notre promesse de ne pas l'occuper, nous avons obtenu l'assurance que le ministère public ne fera pasd'objection à la demande de mise en liberté provisoire par les avocats des quatre manifestants incarcérés. »
    Cependant, Sarda nous informe que, par l'entremise de Michel Rocard, secrétaire général du PSU, des interventions ont été faites auprès de l'UNEF et du SNESup pour leur faire retirer leur menace d'occupation permanente de la Sorbonne, remplacée par un meeting « expiatoire », dans la cour de la Sorbonne. M e Sarda estime que les révolutionnaires cherchent une porte de sortie : « Ces messieurs sont très pressés. L'opération se ferait ce soir, au cours de la manifestation. Sauvageot retirerait publiquement la menace "d'occupation jour et nuit". En réponse, la police s'effacerait et laisserait les étudiants tenir meeting dans la Sorbonne. Ils s'engagent à sonner la fin de la récréation au bout de deux heures au maximum. » Nous ne disons pas non. Mais ce scénario aussi restera sans suite.
    À 22 heures 05, Geismar parle sur RTL : il refuse de négocier avec le recteur ; il attend des réponses. Le journaliste lui dit qu'il n'en aura pas s'il ne va pas les chercher. Geismar répond qu'il ne veut pas négocier « sous la pression des CRS ». Il affiche la position dure de celui qui ne veut de négociations qu'après la capitulation de l'adversaire. Il ne traversera pas le cordon de police pour aller parler au recteur ; c'est au recteur de le traverser. Et quand Chalin, le recteur-adjoint, propose, non sans courage, de le traverser justement, pour aller lui parler là où il se trouve, Geismar s'arrange pour faire échouer cette initiative en exigeant comme préalable public, sur l'antenne et en direct, ce qui ne pouvait être que le résultat d'une négociation discrète.

    Joxe : « Ça, ce n'est pas votre affaire »
    De son côté, Cohn-Bendit lance le mot d'ordre : « Nous occupons le Quartier latin, mais sans attaquer les forces de l'ordre. » Il fait cette proclamation juché sur l'une des premières barricades. Dès lors, celles-ci se multiplient.
    Ce n'est pas maintenant que les gauchistes vont diminuer leurs

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